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NEWSLETTER

4 mars 2013

Sciences Po | Ceri - CNRS  
     
 

Édito

  La Palestine dans les limbes ?  
     
 

Par Laurent Bonnefoy, chargé de recherche (CNRS) au CERI

L’enlisement du « processus de paix » depuis maintenant plus d’une décennie ainsi que les « Printemps arabes » ont indéniablement relégué le conflit israélo-palestinien au second plan des préoccupations concrètes de la communauté internationale. La visite de Barack Obama en Israël et dans les Territoires palestiniens fin mars 2013, sa première depuis son élection, n’y change rien.

Certains, le gouvernement israélien en tête, ne verront dans cette évolution que justice, pensant qu’enfin l’importance accordée à ce vieux conflit reflète à la fois ses « enjeux réels » sur le plan stratégique (comparé au dossier nucléaire iranien en particulier) et le degré limité de violence effective par rapport à certaines guerres cachées, dans la région des Grands Lacs par exemple. D’autres, l’Autorité palestinienne en particulier, continuent de penser que la solution au conflit passe par l’engagement des grandes puissances.

Pourtant, le conflit du Proche-Orient en Europe, en Amérique comme dans le monde arabe reste l’objet d’un nombre incalculable d’articles de presse, de rapports d’ONG et de déclarations plus ou moins engagées de diplomates. Cette médiatisation, parfois uniquement mécanique, donne lieu à des pics réguliers – tel celui de novembre 2012 au cours de la brève offensive militaire israélienne à Gaza. Elle a dans le même temps une certaine tendance à ne donner à voir que les « péripéties » d’une situation dont les éléments structurels apparaissent comme souvent négligés. Or comprendre la structure contemporaine du conflit exige d’approcher avec lucidité ce qui constitue la « réalité » de la Palestine près de vingt ans après la signature des accords d’Oslo.

La Palestine souffre de n’être plus sur le terrain qu’une fiction institutionnelle savamment entretenue par les bailleurs de fond internationaux, par Israël, par l’Autorité palestinienne (AP) jalouse de ses micro-prérogatives mais aussi par les différents partis palestiniens, dont aucun et surtout pas le Fatah, parti de Mahmoud Abbas, ne veut être accusé d’être le premier à abandonner la partie. La division profonde entre le Fatah et le Hamas qui s’incarne dans le dédoublement depuis 2006 de la Palestine entre la Cisjordanie et Gaza, limite encore davantage les prérogatives de l’AP et place Gaza, soumise au blocus israélien, dans un isolement particulier que seule la révolution égyptienne de 2011 est parvenue à atténuer. Dès lors, Gaza semble comme détachée de la Palestine.

De cette fiction institutionnelle où chacun dit croire et œuvrer en faveur de la « solution à deux Etats », les Palestiniens sont les premières victimes. Le grignotage par la colonisation israélienne et ses à-côtés (mur de séparation, camps militaires, routes de contournement, barrages, réseaux d’eau séparés, etc.) de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est s’avère aujourd’hui être la principale donnée structurelle qui a transformé la Palestine. Malgré tout, la communauté internationale, Union européenne, ONU et monde arabe en tête, agit comme si sa condamnation quasi-unanime des projets de colonisation israéliens suffisait à annuler les effets de ces derniers sur le terrain et l’anéantissement de la promesse signée à Oslo.

Le rêve d’un dénouement « heureux » est réactivé épisodiquement. Un rapport de la Banque mondiale sur la maturité des institutions économiques palestiniennes, une entrée à l’UNESCO puis un vote favorable de l’assemblée de l’ONU à la reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat observateur entretiennent le mythe de deux Etats, donnent du baume au cœur à une population palestinienne qui en a bien besoin, offrent un sursis à l’AP (placée dans une situation évidemment inconfortable car soumise à des attentes et pressions contradictoires) mais participent in fine à la supercherie. Le recours épisodique à la violence armée par les organisations palestiniennes, via par exemple les rockets du Hamas qui en novembre 2012 ont pour la première fois atteint les banlieues de Tel-Aviv et Jérusalem, sert lui-même à entretenir le mythe, si ce n’est le folklore, d’une résistance active à laquelle pourtant la population ne croit plus pleinement, sans pour autant la condamner. Brisés par la répression qui a eu cours depuis des décennies (songeons que 40% de la population masculine adulte palestinienne a connu la prison en Israël), et contraints par la volonté de préserver les acquis matériels et l’illusion d’un boom économique en Cisjordanie mais aussi à Gaza, les Palestiniens apparaissent massivement désillusionnés.

Une telle situation peut durer longtemps et il est devenu évident que le gouvernement israélien joue la montre selon la logique du fait accompli. Les 600 000 colons se sont installés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est pour rester et fragmentent à l’extrême le territoire. Dans ce cadre, la Palestine ne fait que subir. Le gouvernement du Hamas à Gaza, tout isolé qu’il est et exclu du « processus de paix », évolue dans une dimension propre. Pour reprendre la main, l’AP pourrait être amenée à prendre une décision paradoxale : se saborder pour mieux exister. L’idée de « rendre les clefs » d’une structure fantoche pour placer Israël devant ses responsabilités et le laisser assumer pleinement le coût économique mais aussi symbolique de l’occupation fait son chemin. La menace a été évoquée par Mahmoud Abbas fin décembre 2012, telle un joker auquel lui-même ne pouvait croire. Pourtant, peut-être cette idée mérite-t-elle aujourd’hui d’être prise au sérieux… y compris par les Palestiniens.

 
 

 

VIENT DE PARAÎTRE

         
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Revue Critique Internationale, n°58, janvier-mars 2013

Dossier Thema, "Le patriotisme", sous la responsabilité de Kathy Rousselet, Anne Le Huérou et Myriam Désert.

 
         
   

Le regard des sciences sociales sur les crimes de masse

Débat entre Jacques Sémelin et Hamit Bozarslan, dans la série de webcasts Au Fil des Mots du CERI, mars 2013

 
         
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Olivier Dabène, Frédéric Louault, Atlas du Brésil. Promesses et défis d'une puissance émergente

Paris, Autrement, 2013, 96 p.

 
         
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Alain Dieckhoff (dir.), Routledge Handbook of Modern Israel

Abingdon, Routledge, 2013, 356 p.

 
         
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Jacques Sémelin, Persécutions et entraides dans la France occupée. Comment 75% des juifs ont échappé à la mort

Paris, Le Seuil/Les Arènes, 2013, 912 p.

 
         
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Catherine Wihtol de Wenden, Les nouvelles migrations. Lieux, hommes, politiques

Paris, Ellipses, 2013, 200 p.

 
         
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Thierry Chopin et Michel Foucher (dir.), L’état de l’Union 2013. Rapport Schuman sur l’Europe

Paris, Lignes de Repères, 2013

 

COUP D'ŒIL

  Séminaire "Nouvelles théories de l’intégration européenne, 2012-2013"  
     
 

Placé sous la direction de Christian Lequesne assisté de Samuel Faure, le séminaire doctoral "Nouvelles théories de l’intégration européenne" est un séminaire doctoral de lectures. Il poursuit le séminaire Théories de l’intégration européenne dispensé en 2011-2012.
Sur le modèle des séminaires doctoraux nord-américains, il a pour objet la lecture des ouvrages, publiés récemment, qui structurent les controverses scientifiques dans le champ des études européennes. Dans une perspective pluraliste, il s’agit de discuter d’ouvrages variés et complémentaires.
Conçu pour les doctorants, le séminaire est ouvert aux post-doctorants et aux chercheurs au sein et au-delà de Sciences Po. L’année dernière, il a ainsi accueilli des collègues de l’EHESS, de l’Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, de Sciences Po Bordeaux, de l’Université Libre de Bruxelles, de l’Université des Nations-Unies de Bruges et de l’Université de Stockholm.
Ce séminaire vise à forger, chez les participants qui se sont spécialisés en relations internationales et plus précisément en études européennes, une solide connaissance de la littérature en s’appropriant les différents courants théoriques du domaine, c’est-à-dire les différentes manières de construire un objet d’étude, un cadre théorique et de l’opérationnaliser. L’acquisition d’un volume suffisant de connaissances est une étape indispensable pour que les participants soient à même, in fine, de proposer un cadre théorique cohérent et une méthodologie adaptée à leur recherche.

Le programme détaillé et le calendrier des séances sont disponibles sur le site du CERI.

BRÈVES

  Laurent Gayer rejoint le CERI  
     
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Laurent Gayer a rejoint le CERI le 1er mars 2013 en tant que chargé de recherche (CR1) du CNRS. Docteur en science politique, mention relations internationales (2004), il est spécialiste du sous-continent indien, en particulier des conflits intérieurs de l’Inde et du Pakistan. Après avoir rejoint le Centre universitaire de recherches sur l’action publique et le politique (CURAPP, Amiens) en 2008, il a été mis à disposition du Centre de sciences humaines (CSH) de New Delhi de 2009 à 2012. Il a notamment co-dirigé (avec Christophe Jaffrelot), Armed Militias of South Asia. Fundamentalists, Maoists, and Separatists et Muslims of Indian Cities. Trajectories of Marginalisation (Hurst/Columbia University Press, 2009; 2012). Il finalise actuellement un ouvrage sur les conflits armés et le « désordre ordonné » qui font la marque de Karachi, principal centre urbain et poumon économique et financier du Pakistan, à paraître chez Hurst et Oxford University Press dans le courant de l’été 2013. Au CERI, Laurent Gayer poursuivra ses recherches sur la violence politique et criminelle en Inde et au Pakistan, tout en développant un nouvel axe de recherche autour des rapports entre poésie et politique parmi les populations ourdouphones du Pakistan.

  Deisy Ventura, première lauréate du CAF-CERI/Sciences Po Visiting Fellowship  
     
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Deisy Ventura, née en 1967 à Santa Maria (Brésil), est professeur de droit international à l’Institut de Relations internationales (IRI) de l’Université de São Paulo (USP) depuis 2008. Elle coordonne le projet Droit et Santé Globale, avec le soutien du Conseil national de la recherche et du développement (CNPq/BR). Docteur en droit de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où elle a également obtenu un DEA en droit communautaire et européen, elle est titulaire d’un master en intégration latino-américaine et d’une licence en droit de l’Université Fédérale de Santa Maria.
Elle a été chercheur invitée à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève (IHEID), dans le cadre du Global South Scholar-In-Residence Programme (2010-2011) ; Chaire Simon Bolívar à l’Institut de hautes études de l’Amérique Latine (IHEAL) de l’Université de Paris 3-Sorbonne Nouvelle (2007) et professeur invitée au campus euro-latino-américain de Sciences Po à Poitiers. Elle a été membre du service juridique du Secrétariat du Marché commun du Sud (MERCOSUR), à Montevideo, Uruguay (2003-2006).
Deisy Ventura sera accueillie au CERI au mois de mai 2013.

  Christophe Jaffrelot, Global Scholar à Princeton  
     
 

Christophe Jaffrelot, directeur de recherche (CNRS) au CERI a été choisi à l'unanimité du comité de sélection pour être, au cours des trois années universitaires à venir, l'un des Global Scholars de l'université de Princeton. Il sera affecté au Institute for International and Regional Studies de la Woodrow Wilson School, où il a déjà enseigné en 2010 et 2011. Il effectuera ses séjours d’enseignement et de recherche six semaines par an, au semestre d’automne.

  Soutenances de thèses  
     
 

- Kristina Balalovska, "Les voix multiples de la 'diaspora macédonienne' : politiques et pratiques des identités (trans)nationales, des (re)constructions nationales et de la (re)mise en ordre de l'Etat", sous la direction de Didier Bigo (15 mars 2013).

- Matthieu Cimino, "L’invention d’une dispute territoriale :les fermes de Chebaa dans les relations entre Israël/Palestine, le Liban et la Syrie (1920-2010)", sous la direction de Jean-Pierre Filui et Henry Laurens (22 mars 2013).

  Plusieurs titres de la collection Les Etudes du CERI disponibles en anglais  
     
 

Pour renforcer la visibilité internationale de la collection Les Etudes du CERI, plusieurs titres rédigés initialement en français sont désormais disponibles en anglais :
-  “Algeria: the Illusion of Oil Wealth”, de Luis Martinez (n° 168 bis, septembre 2010) ;
-  “The Reform of Israeli Checkpoints: Outsourcing, Commodification and Redeployment of the State”, de Shira Havkin (n° 174 bis, mai 2011) ;
-  “The State and the Maoist Challenge in India”, de Christophe Jaffrelot (n° 175 bis, septembre 2011) ;
- “The Technocratic Trajectory and Political Instability of Mauritania”, de Boris Samuel, n° 178 bis, octobre 2011) ;
- “Can Latin American Oil Companies Free themselves from the Legacy of Nationalization”, d’Isabelle Rousseau (n° 183 bis, janvier 2012).
La prochaine Etude traduite en anglais, “The Politics of Employment Policy Reform in the Gulf States”, de Laurence Louër, (n° 185 bis), sera mise en ligne en mai 2013.
La traduction a été rendue possible grâce à une subvention de la Délégation aux Affaires Stratégiques (DAS) du Ministère de la Défense.

ÉVÉNEMENTS

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Presentation and discussion of the World Energy Outlook 2012

Séminaire de recherche.
22 mars 2013, 10h-12h. En coopération avec EDF R&D

 
 

 
 

The Development of Social Movements and Collective Actions in Post-Mao China - Its Patterns and Logics

Séminaire de recherche.
22 mars 2013, 12h30-14h30

 
 

 
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La politique d'immigration au Japon : asile et participation politique des étrangers

Séminaire de recherche.
22 mars 2013, 17h-19h.

 
 

 
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Transnational migration

Séminaire de recherche.
26 mars 2013, 17h-19h.

 
 

 
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Can Russia Modernise?

Débat.
27 mars 2013, 12h30-14h00

 
 

+ d'infos

 
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Le Kosovo : relations avec la Serbie et intégration européenne

Débat.
27 mars 2013, 17h00-19h00

 
 

 
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L’économie chinoise, une économie hybride

Débat.
27 mars 2013, 17h30-19h00

 
 

 
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Professionnels politiques et "art" de diriger un parti. Cas de la Turquie

Séminaire de recherche.
28 mars 2013, 17h30-19h00

 
 

 

PUBLICATIONS

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