Si vous ne visualisez pas correctement la Newsletter, cliquez ici

 
     
 

NEWSLETTER

13 avril 2016

Sciences Po | Ceri - CNRS  
     
 

Édito

  Les sciences sociales après les attentats  
     
 

Par Alain Dieckhoff, directeur du CERI

Les attentats qui ont endeuillé la France, et plus récemment Bruxelles, par-delà la sidération qu’ils ont produite, mettent la communauté scientifique au défi : celui de comprendre avec toute la rigueur et la profondeur nécessaires cette éruption de violence qui est à l’œuvre au cœur même de nos sociétés démocratiques. Disposons-nous, pour effectuer cet indispensable effort de compréhension, de ressources intellectuelles à la fois suffisantes et adéquates ? C’est à répondre à cette question que s’est attaché Alain Fuchs, président de l’Alliance nationale des sciences humaines et sociales (Athena) – et par ailleurs président du CNRS – dans le récent rapport "Recherches sur les radicalisations" remis au Secrétaire d’État chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Thierry Mandon*.

De la lecture de ce rapport on peut tirer une série de conclusions.

La première est que la recherche française peut aligner un bel ensemble de chercheurs qui travaillent sur les différentes thématiques liées, à des degrés divers, aux tragiques événements des quinze derniers mois (radicalisation violente, terrorisme, études sur l’Islam contemporain et le Moyen-Orient, laïcité, intégration...). Pour ce qui concerne le Moyen-Orient, les chercheurs de notre laboratoire sont d’ailleurs évoqués en bonne place dans le rapport, preuve s’il en était besoin que la recherche sur le terrain à laquelle le CERI a toujours accordé une place centrale est indispensable pour développer une connaissance "située" des réalités politiques et sociales.

La deuxième conclusion est qu’il convient de développer une approche résolument interdisciplinaire pour saisir dans toutes ses facettes les ressorts de cette violence djihadiste.

L’idéologie, la religion, le contexte social et politique, la personnalité, et bien d’autres facteurs, comptent à l’évidence dans cette dérive violente. Politistes, sociologues, anthropologues, psychologues, voire spécialistes de la communication et autres, offrent des éléments d’explication mais l’explication globale ne peut émaner que d’une coopération vertueuse qui dépasse les frontières disciplinaires. Le développement de programmes de recherche collaborative apparaît donc comme une impérieuse nécessité.

La troisième conclusion est qu’il est indispensable de renforcer des objets de recherche insuffisamment abordés (propagande, sécurité, comportement, etc.), afin de développer des approches innovantes qui empruntent des chemins moins balisés. Il serait entre autres précieux de travailler à nouveaux frais sur l’idéologisation de la religion – ce qu’on a appelé un temps le fondamentalisme – qui joue un rôle non négligeable dans les phénomènes actuels. Sur cette question, les chercheurs du CERI ont des choses à dire, individuellement comme collectivement.

Enfin, il est certainement nécessaire d’améliorer les interactions entre le monde de la recherche et celui des décideurs politiques, ces deux mondes fonctionnant encore trop souvent en parallèle. Il ne s’agit évidemment pas de rendre la recherche dépendante d’attentes politiques quelconques ; il s’agit simplement de faire en sorte que les résultats des recherches, avec leurs capacités d’explication et d’analyse, soient plus aisément transférés vers les décideurs (et le public de façon plus large) afin de constituer de véritables outils d’aide à la décision et à l’action. Dans cet esprit, le rapport Athena propose la création d’une interface opérationnelle (Athena-transfert) ainsi que d’un conseiller référent, ayant la responsabilité de coordonner la mise en œuvre des résultats de la recherche. J’ajouterais que les sujets internationaux abordés par nos chercheurs ont offert au CERI une longue habitude de dialogue avec certaines administrations publiques qu’il serait aisé de consolider encore.

Les attentats de 2015-2016 en France et en Belgique n’ont pas été un épiphénomène. Ils obligent les chercheurs en sciences sociales à approfondir certaines pistes de recherche, à en emprunter d’autres, à croiser les approches, à multiplier les coopérations internationales avec toujours le souci de mieux comprendre ce monde en mutation et ses turbulences.

______________________________

* http://www.allianceathena.fr/sites/default/files/Rapport_Radicalisation_ATHENA.pdf

 
 

 

VIENT DE PARAÎTRE

         
  photo  

Jean-Luc Domenach, Les fils de princes. Une génération au pouvoir en Chine

Fayard, collection "Les grandes études internationales", 2016, 266 p.

 
         
  photo  

Luis Martinez et Rasmus Alenius Boserup (dir.), Algeria Modern. From Opacity to Complexity

Hurst, collection "Comparative Politics and International Studies", 2016, 192 p.

Interview avec les auteurs de ce 40e ouvrage paru dans la collection.

 
         
  photo  

Fariba Adelkhah, Guerre, reconstruction de l’Etat et invention de la tradition en Afghanistan

Avec la collaboration de Madhi Mehraeen et Ibrahim Tavalla, collection Les Etudes du CERI, n° 221 (mars 2016), disponible en ligne.

 
         
  photo  

Nadège Ragaru, La spoliation des biens juifs en Bulgarie pendant la seconde guerre mondiale : un état des lieux historiographique

Collection Questions de Recherche, n° 48 (mars 2016), disponible en ligne.
 
         
  photo  

Bertand Badie, Nous ne sommes plus seuls au monde. Un autre regard sur l'« ordre international »

La Découverte, collection "Cahiers libres", 2016, 252 p.

 
         
  photo  

Hélène Combes, Sergio Tamayo, Michael Voegtli (dir.), Pensar y mirar la protesta,

México, Ediciones de la UAM, 2016.
 
         
  photo  

Charlotte Epstein, Thomas Lindemann (dir.), La reconnaissance. Lectures hégéliennes

Raisons politiques, 2016/1 (N° 61)

 
         
  photo  

Jacques Semelin, Je veux croire au soleil

Editions des Arènes, 2016, 271 p.

 
         
  photo  

Mathias Delori, La réconciliation franco-allemande par la jeunesse. La généalogie, l'événement, l'histoire (1871-2015)

Peter Lang, collection "Géopolitique et résolution des conflits", 2016, 280 p.
 

COUP D'ŒIL

  Succès des chercheurs du CERI dans le cadre du Programme Alliance  
     
 

Les chercheurs du CERI se sont distingués en remportant 7 sur les 12 projets de recherche soutenus pour la période 2016-2017 par le Programme Alliance qui regroupe l'Université Columbia de New York, Sciences Po, l'Ecole Potytechnique et l'Université Paris 1 : Media as Inquiry, de Riva Kastoryano et Frances Negron-Muntaner ; Data and Methods for Modeling Migration Associated with Climate Change, de François Gemenne et Richard Seager ; Africa Global Seminar: Citizenship and Social Movement, de Richard Banégas et Mamadou Diouf ; Forms of Pluralism and Democratic Constitutionalism, d'Astrid von Busekist et Jean Cohen ; Negociating Pluralism in Shared Religious Sites: A Comparative Study of Coexistence in the Eastern Mediterranean and India, de Christophe Jaffrelot et Karen Barkey ; Citizenship and Religion in the Global South, de Richard Banégas, Etienne Smith et Mamadou Diouf ; Conservatism in India, de Christophe Jaffrelot, Sudipta Kaviraj et Malvika Maheshwari.

  Les nouveaux chercheurs associés  
     
 

Le CERI associe à ses travaux des collègues rattachés à d'autres établissements universitaires ou de recherche, en France ou à l'étranger. Pour la période 2016-2018, viennent ainsi d'être associés David Camroux, professorial fellow à l'Université Nationale du Vietnam (Hanoi), Mathias Delori, chargé de recherche au Centre Emile Durkheim (Bordeaux), Marieke Louis, maître de conférences à Sciences Po Grenoble, Frédéric Martel, chercheur à l’Université de Zurich, Sylvie Ollitrault, directrice de recherche au CRAPE (Rennes), Antoine Pécoud, professeur à l’Université Paris 13, Georges Prévélakis, professeur à l’Université Paris 1, Boris Samuel, chercheur à l’Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat, et Sharon Weil, chercheuse au CERAH, The Graduate Institute de Genève.

BRÈVES

  Légion d'Honneur  
     
 

Alain Dieckhoff, directeur du CERI, directeur de recherche au CNRS, et Riva Kastoryano, directrice de recherche au CNRS, ont été nommés chevaliers dans l'ordre national de la Légion d'honneur lors de la promotion de Pâques 2016.

  Séminaire sur la gouvernance économique mondiale  
     
 

Les 14-16 avril se tient à l'Institut Européen de Florence le séminaire "International economic governance and market regulation" organisé par Jérôme Sgard, Eric Brosseau et Jean-Michel Glachant. Il réunit les contributeurs à l'ouvrage collectif sur le même thème dont la parution est prévue chez Oxford University Press.

ÉVÉNEMENTS

  photo

Insurrection et transition politique au Burkina Faso : "plus rien ne sera comme avant !?"

Débat.
15 avril 2016, 11h-13h

 
 

+ d'infos

 
  photo

L’économie italienne est-elle repartie avec Matteo Renzi ?

Débat.
18 avril 2016, 17h30-19h

 
 

 
  photo

L’encyclique « Laudato Si’ » : Evénement Gaïa-politique de portée universelle?

Séminaire de recherche.
19 avril 2016, 17h-19h

 
 

+ d'infos

 
  photo

Sounds and Voices on the International Stage : Understanding Musical Diplomacies

Colloque.
20-21 avril 2016. Concert de clotûre le 21 avril à 18h30 par l'Orchestre et Chœur de Sciences Po

 
 

+ d'infos

 
  photo

Presidential Primaries in the United States

Débat.
25 avril 2016, 17h-19h

 
 

+ d'infos

 
  photo

Néo-libéralisme? Retour sur le virage du modèle de développement brésilien (1990-2015)

Séminaire de recherche.
28 avril 2016, 17h-19h

 
 

+ d'infos

 

PUBLICATIONS

photo

photo