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Édito
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Les sciences sociales après les attentats |
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Par Alain Dieckhoff, directeur du CERI
Les attentats qui ont endeuillé
la France, et plus récemment Bruxelles, par-delà la sidération qu’ils ont
produite, mettent la communauté scientifique
au défi : celui de comprendre avec toute la rigueur et la profondeur
nécessaires cette éruption de violence qui est à l’œuvre au cœur même de nos
sociétés démocratiques. Disposons-nous, pour effectuer cet indispensable effort
de compréhension, de ressources intellectuelles à la fois suffisantes et
adéquates ? C’est à répondre à cette question que s’est attaché Alain
Fuchs, président de l’Alliance nationale des sciences humaines et sociales
(Athena) – et par ailleurs président du CNRS – dans le récent rapport "Recherches
sur les radicalisations" remis au Secrétaire d’État chargé de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Thierry
Mandon*.
De la lecture de ce rapport on
peut tirer une série de conclusions.
La première est que la recherche
française peut aligner un bel ensemble de chercheurs qui travaillent sur les
différentes thématiques liées, à des degrés divers, aux tragiques événements
des quinze derniers mois (radicalisation violente, terrorisme, études sur
l’Islam contemporain et le Moyen-Orient, laïcité, intégration...). Pour ce qui
concerne le Moyen-Orient, les chercheurs de notre laboratoire sont d’ailleurs évoqués
en bonne place dans le rapport, preuve s’il en était besoin que la recherche
sur le terrain à laquelle le CERI a toujours accordé une place centrale est
indispensable pour développer une connaissance "située" des
réalités politiques et sociales.
La deuxième conclusion est
qu’il convient de développer une approche résolument interdisciplinaire pour
saisir dans toutes ses facettes les ressorts de cette violence djihadiste.
L’idéologie, la religion, le
contexte social et politique, la personnalité, et bien d’autres facteurs, comptent
à l’évidence dans cette dérive violente. Politistes, sociologues,
anthropologues, psychologues, voire spécialistes de la communication et autres,
offrent des éléments d’explication mais l’explication globale ne peut émaner
que d’une coopération vertueuse qui dépasse les frontières disciplinaires. Le
développement de programmes de recherche collaborative apparaît donc comme une
impérieuse nécessité.
La troisième conclusion est
qu’il est indispensable de renforcer des objets de recherche insuffisamment
abordés (propagande, sécurité, comportement, etc.), afin de développer des
approches innovantes qui empruntent des chemins moins balisés. Il serait entre
autres précieux de travailler à nouveaux frais sur l’idéologisation de la
religion – ce qu’on a appelé un temps le fondamentalisme – qui joue un rôle non
négligeable dans les phénomènes actuels. Sur cette question, les chercheurs du
CERI ont des choses à dire, individuellement comme collectivement.
Enfin, il est certainement
nécessaire d’améliorer les interactions entre le monde de la recherche et celui
des décideurs politiques, ces deux mondes fonctionnant encore trop souvent en
parallèle. Il ne s’agit évidemment pas de rendre la recherche dépendante
d’attentes politiques quelconques ; il s’agit simplement de faire en sorte
que les résultats des recherches, avec leurs capacités d’explication et d’analyse,
soient plus aisément transférés vers les décideurs (et le public de façon plus
large) afin de constituer de véritables outils d’aide à la décision et à
l’action. Dans cet esprit, le rapport Athena propose la création d’une interface
opérationnelle (Athena-transfert) ainsi que d’un conseiller référent, ayant la
responsabilité de coordonner la mise en œuvre des résultats de la recherche. J’ajouterais
que les sujets internationaux abordés par nos chercheurs ont offert au CERI une
longue habitude de dialogue avec certaines administrations publiques qu’il
serait aisé de consolider encore.
Les attentats de 2015-2016 en
France et en Belgique n’ont pas été un épiphénomène. Ils obligent les
chercheurs en sciences sociales à approfondir certaines pistes de recherche, à
en emprunter d’autres, à croiser les approches, à multiplier les coopérations internationales
avec toujours le souci de mieux comprendre ce monde en mutation et ses
turbulences.
______________________________
* http://www.allianceathena.fr/sites/default/files/Rapport_Radicalisation_ATHENA.pdf
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VIENT DE PARAÎTRE
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Jean-Luc Domenach, Les fils de princes. Une génération au pouvoir en Chine
Fayard, collection "Les grandes études internationales", 2016, 266 p.
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Luis Martinez et Rasmus Alenius Boserup (dir.), Algeria Modern. From Opacity to Complexity
Hurst, collection "Comparative Politics and International Studies", 2016, 192 p.
Interview avec les auteurs de ce 40e ouvrage paru dans la collection.
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Fariba Adelkhah, Guerre, reconstruction de l’Etat et invention de la tradition en Afghanistan
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Nadège Ragaru, La spoliation des biens juifs en Bulgarie pendant la seconde guerre mondiale : un état des lieux historiographique
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Bertand Badie, Nous ne sommes plus seuls au monde. Un autre regard sur l'« ordre international »
La Découverte, collection "Cahiers libres", 2016, 252 p.
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Hélène Combes, Sergio Tamayo, Michael Voegtli (dir.), Pensar y mirar la protesta,
México, Ediciones de la UAM, 2016.
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Charlotte Epstein, Thomas Lindemann (dir.), La reconnaissance. Lectures hégéliennes
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Jacques Semelin, Je veux croire au soleil
Editions des Arènes, 2016, 271 p.
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Mathias Delori, La réconciliation franco-allemande par la jeunesse. La généalogie, l'événement, l'histoire (1871-2015)
Peter Lang, collection "Géopolitique et résolution des conflits", 2016, 280 p.
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COUP D'ŒIL
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Succès des chercheurs du CERI dans le cadre du Programme Alliance |
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Les chercheurs du CERI se sont distingués en remportant 7 sur les 12 projets de recherche soutenus pour la période 2016-2017 par le Programme Alliance qui regroupe l'Université Columbia de New York, Sciences Po, l'Ecole Potytechnique et l'Université Paris 1 : Media as Inquiry, de Riva Kastoryano et Frances Negron-Muntaner ; Data and Methods for Modeling Migration Associated with Climate Change, de François Gemenne et Richard Seager ; Africa Global Seminar: Citizenship and Social Movement, de Richard Banégas et Mamadou Diouf ; Forms of Pluralism and Democratic Constitutionalism, d'Astrid von Busekist et Jean Cohen ; Negociating Pluralism in Shared Religious Sites: A Comparative Study of Coexistence in the Eastern Mediterranean and India, de Christophe Jaffrelot et Karen Barkey ; Citizenship and Religion in the Global South, de Richard Banégas, Etienne Smith et Mamadou Diouf ; Conservatism in India, de Christophe Jaffrelot, Sudipta Kaviraj et Malvika Maheshwari.
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Les nouveaux chercheurs associés |
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Le CERI associe à ses travaux des collègues rattachés à d'autres établissements universitaires ou de recherche, en France ou à l'étranger. Pour la période 2016-2018, viennent ainsi d'être associés David Camroux, professorial fellow à l'Université Nationale du Vietnam (Hanoi), Mathias Delori, chargé de recherche au Centre Emile Durkheim (Bordeaux), Marieke Louis, maître de conférences à Sciences Po Grenoble, Frédéric Martel, chercheur à l’Université de Zurich, Sylvie Ollitrault, directrice de recherche au CRAPE (Rennes), Antoine Pécoud, professeur à l’Université Paris 13, Georges Prévélakis, professeur à l’Université Paris 1, Boris Samuel, chercheur à l’Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat, et Sharon Weil, chercheuse au CERAH, The Graduate Institute de Genève.
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BRÈVES
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Légion d'Honneur |
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Alain Dieckhoff, directeur du CERI, directeur de recherche au CNRS, et Riva Kastoryano, directrice de recherche au CNRS, ont été nommés chevaliers dans l'ordre national de la Légion d'honneur lors de la promotion de Pâques 2016.
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Séminaire sur la gouvernance économique mondiale |
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Les 14-16 avril se tient à l'Institut Européen de Florence le séminaire "International economic governance and market regulation" organisé par Jérôme Sgard, Eric Brosseau et Jean-Michel Glachant. Il réunit les contributeurs à l'ouvrage collectif sur le même thème dont la parution est prévue chez Oxford University Press.
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ÉVÉNEMENTS
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Insurrection et transition politique au Burkina Faso : "plus rien ne sera comme avant !?"
Débat. 15 avril 2016, 11h-13h
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+ d'infos
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L’économie italienne est-elle repartie avec Matteo Renzi ?
Débat. 18 avril 2016, 17h30-19h
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L’encyclique « Laudato Si’ » : Evénement Gaïa-politique de portée universelle?
Séminaire de recherche. 19 avril 2016, 17h-19h
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Sounds and Voices on the International Stage : Understanding Musical Diplomacies
Colloque. 20-21 avril 2016. Concert de clotûre le 21 avril à 18h30 par l'Orchestre et Chœur de Sciences Po
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Presidential Primaries in the United States
Débat. 25 avril 2016, 17h-19h
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Néo-libéralisme? Retour sur le virage du modèle de développement brésilien (1990-2015)
Séminaire de recherche. 28 avril 2016, 17h-19h
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