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Édito
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Thaïlande : démocratie, légitimié et monarchie |
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Par David Camroux, maître de conférences, chercheur au CERI
Après trois mois de manifestations contre le
gouvernement et deux semaines de calme relatif à la suite des élections
anticipées du 2 février dernier, la crise en Thailande semble être entrée dans
une nouvelle phase. Vendredi 14 février, sur ordre du gouvernement, 15 000
policiers ont démantelé le camp que les manifestants avaient monté autour du
siège du gouvernement. Quatre jours plus tard, ces derniers revenaient sur ce
lieu symbolique. L’atmosphère festive du début de l’occupation (des concerts
ont été organisés dans le centre commerçant de Bangkok, de nombreuses personnes
vendaient de la nourriture, des tee-shirts, drapeaux et tout autre objet pour
soutenir la protestation), financée à raison de 100 000 dollars par jour, avait
quelque peu disparu à mesure que l’enthousiasme des manifestants de la classe
moyenne qui venaient rejoindre les protestataires après leurs heures de bureau
s’était refroidi. Pourtant, lorsque la Commission nationale anti-corruption a
mis en cause la Premier ministre Yingluck Shinawatra pour son rôle dans le
programme (de 20 milliards de dollars) de rachat de riz aux paysans à
destination de son électorat rural, les manifestants anti-gouvernementaux ont
pu enfin célébrer une victoire.
A première vue, le mouvement de protestation
de Thaïlande présente des similitudes avec celui de Kiev. Contrairement aux
Ukrainiens, les manifestants de Bangkok ne demandent pas une meilleure
représentation démocratique. En effet, le Comité de réforme démocratique du
peuple conduit par Suthep Thaugsuba, ancien Premier ministre adjoint du Parti
démocrate, ne réclame pas seulement la destitution, par le roi, du gouvernement
de Yingluck Shinawatra, élue en juillet 2012 à la tête du parti Pheu Thai (Pour
les Thaïs), il exige également la dissolution du parlement et la nomination
d’un Conseil du peuple non élu et d’une nouvelle Assemblée sans que l’on sache très
bien par qui ceux-ci seraient désignés. Ces revendications font écho à celles des
chemises jaunes (le jaune étant la couleur de la monarchie) de l’Alliance du
peuple pour la démocratie qui, en 2008, demandaient la destitution du
gouvernement Pheu Thai. Les manifestants anti-gouvernementaux ont fait appel à
l’armée pour qu’elle intervienne comme elle l’avait fait en septembre 2006 pour
renverser le gouvernement de Thaksin Shinawatra, frère aîné de l’actuel Premier
ministre, la bête noire de l’establishment
de Bangkok, actuellement en exil.
Les élections anticipées organisées le 2 février
dernier n’ont donc pas apaisé les manifestants. Le Parti democrate, principale
formation d’opposition, a boycotté le scrutin et les manifestants
anti-gouvernementaux – qui sont proches du parti – ont réussi à entraver le
vote dans 11% des circonscriptions, empêchant ainsi que soit atteint le quorum de 475 députés, indispensable
pour que le parlement puisse fonctionner. La demande du Parti démocrate
d’invalidation des élections a été rejetée et un scrutin partiel doit être
organisé en avril prochain dans les circonscriptions où le vote n’a pu avoir
lieu.
La crise en Thaïlande est loin d’être terminée car
au-delà du conflit, il n’existe pas dans le pays de consensus sur la nature de
la légitimité politique et sur l’autorité de l’Etat. Le pays a connu pas moins
de dix-neuf Constitutions depuis la fin de la monarchie absolue en 1932. A
l’exception de la Constitution du peuple de 1997, chaque Loi fondamentale a été
rédigée pour servir les intérêts d’une certaine élite politique. Lorsqu’il
n’existe pas d’accord sur la Constitution du pays et, a fortiori, sur le contrat social, la démocratie représentative
s’avère bien fragile. En outre, la confiance dans les institutions – Cour
constitutionnelle, Commission électorale et Commission nationale
anti-corruption – s’en trouve affaiblie.
La monarchie thaïlandaise, source ultime de l’autorité
dans une société bouddhiste imprégnée d’un sens du dhammaraja (roi juste et vertueux), se trouve aujourd’hui dans un
état de quasi vacuité, avec l’actuel roi Bhumpol, âgé de 86 ans et malade, et
un héritier présomptif impopulaire parmi les monarchistes eux-mêmes.
En privant la monarchie des bases constitutionnelles
qui lui permettent de jouer son rôle de gardien de l’ordre légitime, les
Thaïlandais mettent en danger la clef de voûte de leur ordre social.
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VIENT DE PARAÎTRE
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François Gemenne (dir.), Les gaz de schiste, une énergie controversée
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Renaud Egreteau, Toward a Reorganization of the Political Landscape in Burma (Myanmar)?
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Guillaume Devin, Un seul monde. L'évolution de la coopération internationale
Paris, CNRS Editions, colelction "Débats", 2014, 62 p.
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Jean-Marie Bouissou, Jonathan Siboni, Max-Jean Zins, Argent, fortunes et luxe en Asie - Japon, Chine, Inde
Paris, Philippe Picquier, 2013, 159 p.
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Serge Granger, Christophe Jaffrelot, Karine Bates, Mathieu Boisvert, L'Inde et ses avatars. Pluralité d'une puissance
Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 2013, 492 p.
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Marc Aymes, Benjamin Gourisse, Elise Massicard (dir.), L'art de l'Etat en Turquie. Arrangements de l'action publique de la fin de l'empire ottoman à nos jours
Paris, Karthala, 2014, 432 p.
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COUP D'ŒIL
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Lancement du groupe de recherche "Analyse comparée des politiques de «laïcité» ou de sécularisation" |
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Animé par Denis Lacorne et Amandine Barb, ce nouveau groupe de recherche créé au CERI s´attachera à mettre en valeur
l´actualité de la recherche en sciences sociales sur les rapports entre
religion, société et politique. Comparatiste et pluridisciplinaire, il offrira
un cadre de discussion permettant des échanges réguliers entre les chercheurs
travaillant sur ce thème, en France ou à l´étranger.
L'un de ses principaux objectifs est d´analyser
l´évolution récente des rapports institutionnels entre la religion et l´Etat
dans un contexte de (post)sécularisation et de diversification confessionnelle
croissante des sociétés contemporaines. Les contributions des chercheurs
invités interrogeront les "modèles" dominants de gestion étatique du
religieux : laïques (France, Etats-Unis, Turquie), concordataires (Italie),
structurés autour d´une Eglise établie (Royaume-Uni), etc. Les travaux
présentés dans le cadre des séminaires de recherche bimensuels examineront
également les grandes dynamiques politiques et sociales liées au religieux,
notamment dans son rapport à la démocratie. Une attention particulière sera portée
à la question de l'immigration, notamment à l'importance du religieux pour la
construction identitaire des populations immigrées et pour leurs interactions
avec l´Etat et la société environnante. Enfin, le groupe entend encourager une
réflexion épistémologique autour des principaux concepts utilisés dans la
recherche sur la religion en sciences sociales, tels ceux de
"sécularisation, "laïcité" ou "sécularisme".
Pour suivre les activités du groupe, rendez-vous sur
la page qui y est consacrée sur le site du CERI.
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BRÈVES
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Soutenances de thèses |
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- Joëlle Hecker, Les temps et les modes de la
reconnaissance politique : la RFA,
Israël et la Claims
Conference (1950-1990), sous la direction d'Astrid von Busekist (7 février 2014)
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ÉVÉNEMENTS
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Coping with conflicts in the two Sudans
Séminaire de recherche. 25 février 2014, 16h30-19h
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Nikita Khrushchev: His Legacy in Today’s Russian Politics and Historiography
Séminaire de recherche. 26 février 2014, 17h30-19h
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Les Últimos Jueves de l’OPALC
Séminaire de recherche. 27 février 2014, 17h-19h
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Séminaire doctoral Chine du CERI
Séminaire de recherche. 6 mars 2014, 17h-19h
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Régimes nationaux d’altérité. Les Indiens et la formation de l’État-Nation. Mexique-Argentine, 1810-1950
Colloque. 10 et 11 mars 2014
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Méthodes Digitales : Cartographie du Web
Séminaire de recherche. 11 mars 2014, 10h15-12h30
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Séminaire général du CERI
Séminaire de recherche. 17 mars 2014, 12h30-14h30
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Organisations Internationales et mouvements sociaux
Séminaire de recherche. 20 mars 2014, 17h-19h
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GRIDLOCK - WHY GLOBAL COOPERATION HAS FAILED WHEN IT IS MOST NEEDED?
Débat. 21 mars 2014, 9h30-17h30
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PUBLICATIONS
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