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Édito
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La surprise Matteo Renzi |
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Par Marc Lazar, professeur des Universités, directeur du Centre d'Histoire de Sciences Po, chercheur au CERI
L’une des grandes surprises des dernières élections européennes est
venue d’Italie. En effet, alors que dans de nombreux pays, les partis
populistes anti-européens, eurosceptiques ou europhobes réalisaient de bons
résultats, ils ont reculé dans la péninsule. Par ailleurs, le Parti démocrate
(PD), désormais membre du Parti socialiste européen, a obtenu 40,8% des
suffrages exprimés, près de 15 points de plus que lors du précédent scrutin de
2009, et 31 sièges, soit le deuxième meilleur résultat de la gauche européenne
après les travaillistes maltais. Ce succès dû pour l’essentiel au dirigeant du
parti, Matteo Renzi, a amplifié le phénomène de Renzimania qui déferle depuis quelques mois sur l’Italie et
commence à se répandre hors de ses frontières. Comment expliquer cette victoire
électorale ? Qui est exactement Matteo Renzi et qu’entend-il faire ?
Le facteur personnel a sans conteste contribué à la victoire du parti
de Matteo Renzi le 25 mai dernier. Depuis son arrivée à la tête du
gouvernement, l’homme jouit d’une forte popularité sur laquelle il a pu
s’appuyer dans une campagne focalisée sur sa personne et marquée par un dur
affrontement d’une part avec Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement 5 étoiles,
qui, s’il a perdu son pari de remporter le scrutin européen, a néanmoins
recueilli plus de 21% des voix, et, d’autre part mais de façon moindre, avec
Silvio Berlusconi, l’autre grand perdant de ces élections. Matteo Renzi a mené
une habile campagne en combinant plaidoyers pro-européens et critiques contre
l’Europe de l’austérité et de la bureaucratie d’autant plus crédibles qu’il
vient d’arriver aux affaires. Par ailleurs, il n’a cessé d’évoquer son programme
de réformes sollicitant ainsi, lui qui n’a jamais obtenu de mandat national, un
soutien des électeurs. Enfin, nombre des candidats du PD étaient des nouvelles
figures, 22 d’entre elles ont d’ailleurs été élues. Ce scrutin a donc renforcé
la place de Matteo Renzi dans son pays et en Europe alors que l’Italie assurera
la présidence de l’Union européenne à partir du 1er juillet
prochain.
Agé de 39 ans, l’actuel président du Conseil italien aime se présenter
comme un homme neuf en politique, désireux de renouveler la classe dirigeante
et de changer l’Italie en profondeur. La réalité est plus complexe. Membre du
Parti populaire (démocrate chrétien) dès l’âge de 21 ans, il milite au sein des
comités de soutien à Romano Prodi en
1996. En 2004, il est élu à la tête de la province de Florence et, cinq ans
plus tard, devient maire de la capitale toscane après avoir gagné la primaire
locale contre le
cacique du PD. En 2012, il échoue à la primaire convoquée pour désigner le candidat du centre gauche pour
les prochaines élections parlementaires. Mais son rival, Pierluigi Bersani, ne
parvient pas à s’imposer en février 2013 et doit démissionner de son poste de
secrétaire du PD.
En décembre dernier, Matteo Renzi gagne la primaire organisée pour
choisir le nouveau dirigeant du PD, s’empare du parti qu’il cherche
immédiatement à contrôler en éliminant toute une partie de la vieille garde. En
février 2014, après avoir dit et redit qu’il n’en ferait rien, il provoque la
chute du gouvernement d’Enrico Letta, son « camarade » de parti, et
se fait nommer président du Conseil. Ce virtuose de la communication, adepte
des phrases cinglantes et provocatrices, se montre à l’aise aussi bien à la
télévision que sur les réseaux sociaux ou dans les meetings qu’il conçoit comme
des shows à l’américaine. Matteo Renzi
joue la carte du changement générationnel contre la gérontocratie
italienne, usant et abusant du langage des jeunes, soignant son gestuel comme
son allure vestimentaire.
Avec son gouvernement resserré, au moins au niveau des ministères,
rajeuni et féminisé, il a aussitôt ouvert une série impressionnante de
chantiers. Modification du Sénat (à
défaut de son abolition dont il rêvait au départ) ; nouvelle loi
électorale au terme d’un accord avec Silvio Berlusconi ; réduction des impôts
pour les entreprises ; réformes du marché du travail, de l’administration
publique, de la fiscalité ou encore de l’école ; dispositions en faveur de
l’économie sociale et solidaire. La seule mesure d’ores et déjà entrée en
application est celle accordant 80 euros mensuels supplémentaires aux salaires
les plus faibles ; les autres rencontrent encore de multiples résistances
que Matteo Renzi espère désormais vaincre. En dépit des affirmations du gouvernement
qui compte sur la réduction des dépenses publiques, la privatisation de biens
étatiques, le plafonnement des dirigeants des entreprises publiques et la
taxation des épargnants les plus riches, nombre de questions continuent de se
poser sur le financement des mesures proposées comme sur le processus en cours
de recomposition du système politique.
Pour l’Europe, Matteo Renzi, dans la lignée de Mario Monti et d’Enrico
Letta, refuse de constituer un front des pays du Sud. Mais, arguant des efforts
faits par son pays pour l’assainissement des finances publiques et de la
multitude de réformes qu’il veut promulguer, il espère convaincre ses partenaires
de la nécessité de relancer la croissance et de définir une politique commune
en matière d’immigration, d’infrastructures et d’énergie.
L’heure de vérité de Matteo Renzi va vite sonner. Dirigeant
charismatique, pragmatique et post-idéologique parfaitement en phase avec les
transformations présentes de la démocratie du public, il devra prouver qu’il
est un véritable homme d’Etat, capable de réaliser ce qu’il a annoncé et à la
hauteur des immenses espérances qu’il a lui-même suscitées dans un pays encore
englué dans une grave crise.
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VIENT DE PARAÎTRE
COUP D'ŒIL
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Politique de la rue : citoyenneté, engagement et prise de parole dans les espaces publics d'Afrique de l'Ouest |
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“Parlementaires
debout” de Kinshasa, “People’s Parliaments” de Nairobi, “Ebimeeza” de Kampala,
“agoras” patriotiques d’Abidjan, “fada” de Niamey, “grins” ivoiriens, maliens
ou burkinabè… Les instances de débat fleurissent en Afrique au nom d’un
objectif commun : la prise de parole des citoyens “ordinaires” sur
l’actualité sociale et politique. En écho aux manifestants de la Place Tahrir ou
des “indignados” de Madrid, on observe de nouveaux modes d’investissement de
l’espace urbain au Sud du Sahara : “Y’en à marre” au Sénégal, “Balais
citoyen” au Burkina Faso, “mercredi rouge” au Bénin, Yerewoloton au Mali… Dans
de nombreux pays, les citoyens se mobilisent et prennent la rue pour
s’exprimer, protester, résister.
Comment
analyser ces mouvements civiques et ces rassemblements populaires qui se
présentent comme espaces “d’opinion publique de la plèbe” et comme “alternatifs”
à l’espace public dominant ? Faut-il y voir de simples espaces de
confrontation avec le pouvoir ou, dans certains cas, des courroies de
transmission des mots d’ordre de celui-ci ? Que nous dit ce phénomène sur
les conceptions de la souveraineté en vigueur dans telle ou telle société et
sur la manière dont on pense les formes légitimes de la participation politique
et de la prise de parole en Afrique ?
Faisant suite à un dossier spécial de la revue Politique Africaine ("Parlements de la rue", n° 127, octobre 2012), un colloque qui se tiendra
à Abidjan les 19, 20 et 21 juin 2014 tente d’éclairer ces questions par une
comparaison des expériences et un croisement des approches académiques,
artistiques et activistes. Il est organisé dans le cadre du Joint African
Studies Program (Université Paris 1, Columbia University et Sciences Po), sous
la responsabilité scientifique de Richard
Banégas (CERI) et d’Abdramane Kamaté (Institut français d’Abidjan).
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BRÈVES
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Soutenances de thèses |
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- Amina Boubia, Les nouvelles formes de
production du politique dans le monde arabe à
l'exemple des festivals de musique au Maroc :
culture et politique en contexte autoritaire, sous la direction de Jean-Pierre Filiu et de Dietmar Hüser (27 mai 2014) ;
- Sophie Lemière, Gangsters et maîtres :
militantisme de connivence en Malaisie
contemporaine, sous la direction d'Olivier Roy et de Terence Gomez (28 mai 2014) ;
- Justine Guichard, La fabrique
constitutionnelle de l’ennemi : analyse
critique de la jurisprudence de la Cour
constitutionnelle de Corée depuis 1988, sous la direction de Françoise Mengin et d'Andrew Nathan (6 juin 2014) ;
- Jacobo Grajalez Lopez, Le pouvoir des armes,
le pouvoir de la loi : groupes paramilitaires
et formation de l'Etat en Colombie, sous la direction de Jean-Louis Briquet (16 juin 2014).
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ÉVÉNEMENTS
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Hégémonie et coercition
Débat. 17 juin 2014, 9h30-18h30
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La dialectique du maître et de l'esclave chez Hegel et la lutte pour la reconnaissance dans les relations internationales
Colloque. 17 et 18 juin 2014
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"La diversità come ricchezza. Ovvero a che serve l'Europa?"
Le GREPIC (Groupe de recherches et d'études pluridisciplinaires sur l'Italie contemporaine) du CERI-Sciences Po vous invite à la présentation du livre de Michele CANONICA et Pier Carlo PADOAN:
« La ...
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Conflict(ing) views: War and post-war Ugandan studio photography
Séminaire de recherche. 20 juin 2014, 14h30-16h30
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Ten years in the EU, the Hungarian story. How is it perceived and how Hungarian views on EU membership differ from Poland's?
Séminaire de recherche. 25 juin 2014, 17h-19h
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The New Kings of Crude. China, India, and the Global Struggle for Oil in Sudan and South Sudan
Séminaire de recherche. 25 juin 2014, 17h-19h
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Film, Nation-Building and National Identity in Kazakhstan
Séminaire de recherche. 27 juin 2014, 12h-14h
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Internal equilibria and external repercussions of North Korea's military buildup
Débat. 27 juin 2014, 17h-19h
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+ d'infos
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One Nation Under God: the Ambivalence of Israeli Secularism
Séminaire de recherche. 30 juin 2014, 17h-19h
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PUBLICATIONS
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