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Par Denis Lacorne, directeur de recherche au CERI

Au-delà des élections présidentielles américaines, qui seront discutées en détail lors du colloque organisé au CERI les 25 et 26 octobre, se profile tout un débat sur la démocratie américaine, ses aspects positifs indéniables, mais aussi certains archaïsmes qui compliquent singulièrement le déroulement de ces élections.

Côté positif : la richesse et la vigueur des débats entre candidats qui mettent bien en évidence les différences idéologiques entre les deux partis démocrate et républicain. Romney est, de façon presque caricaturale, le défenseur de l’esprit d’entreprise, des créateurs d’emplois, de la prise de risque et du moins d’Etat. Peu importe si son programme défie les règles de l’arithmétique : il diminuera les impôts pour tous, tout en augmentant les dépenses militaires, en maintenant la plupart des acquis sociaux, mais en rejetant le programme d’assurance médicale, défendu par l’administration Obama. Il promet à ses partisans un avenir radieux : un emploi pour tous ceux qui le désirent et la création d’au moins 12 millions d’emplois pour les 4 années à venir.

Obama, quant à lui, a su trouver la parade à la question clé, posée aux électeurs par son adversaire : "êtes-vous plus prospère aujourd’hui qu’il y a quatre ans ?" La réponse d’Obama est "Oui, bientôt, parce que nous avons su éviter le pire : le basculement d’une grave crise économique – une récession – vers une crise plus grave encore – une dépression". Le stimulus package pour relancer l’économie, le sauvetage de l’industrie automobile, les faibles taux des emprunts garantis par la banque fédérale ont remis l’économie sur la voie d’une reprise, lente, mais néanmoins appréciable. Il faut donc donner du temps au temps : un seul mandat n’est pas suffisant pour sortir l’économie américaine d’une crise aussi grave que celle de 2008. Roosevelt, après tout, eut besoin de trois mandats (la chose était alors possible) et d’une relance économique liée à l’entrée des Etats-Unis dans la deuxième Guerre mondiale pour mettre fin à la dépression.

Le système du collège électoral, inventé au dix-huitième siècle pour satisfaire les petits Etats qui craignaient de perdre toute influence dans un nouveau système fédéral, incite les candidats à se jeter dans une course éperdue aux Etats qui apportent un nombre suffisant de grands électeurs pour emporter l’élection, soit au moins 270 électeurs. Comme les sondages et les élections passés indiquent tous les Etats "sûrs", acquis à l’un ou l’autre parti, la campagne nationale se transforme en campagne locale : tout se passe dans les Etats décisifs (battleground states) qui peuvent basculer d’un côté ou de l’autre, parce que les forces politiques des deux camps sont presque à égalité : l’Ohio, la Floride, la Virginie, le Nevada, le Colorado… Et comme il n’y a plus de limite aux dépenses engagées pour la conquête du pouvoir, l’issue probable est de plus en plus incertaine. C’est ce qu’on appelle une élection serrée, comme celles de 2000 (Bush fils contre Gore) et de 2004 (Bush fils contre Kerry). Il est possible que le gagnant l’emporte au collège électoral, alors que son adversaire disposerait d’une majorité du vote populaire.

Palgrave Macmillan, collection Sciences Po Series in International Relations and Political Economy, 208 p.

Palgrave Macmillan, collection Sciences Po Series in International Relations and Political Economy, 296 p.

Collection Questions de Recherche du CERI, n° 41, septembre 2012.

Presses de Sciences Po, collection Monde et sociétés, Paris, 2012, 464 p.

Paris, Flammarion, collection Champs, 2012, 335 p.

Fayard, Paris, 2012, 568 p.

Routledge, collection Exeter Studies in Ethno Politics, 2012, 260 p.

Institut de Recherches sur l'Asie du Sud-Est Contemporaine, collection Carnets de l'IRASEC, n° 21, 2012, 122 p.

Par Astrid von Busekist, professeur à Sciences Po, chercheur au CERI

Référendum sur l’indépendance écossaise en 2014, large victoire des nationalistes basques dimanche dernier, élections anticipées en Catalogne le 25 novembre, chute d’Anvers, la principale ville de Flandre, conquise par la NVA (Nieeuwe Vlaamse Alliantie), le parti séparatiste flamand de Bart de Wever. Les mouvements nationalistes gagnent du terrain partout en Europe, mais au-delà de ce qui les unit – la lutte pour une plus grande autonomie, un désir d’indépendance pour certains, les ressemblances sont superficielles. Social-démocrates (écossais), libéraux (flamands), centristes (catalans), alliance gauche/droite (pays basque) se retrouvent certes sous la bannière nationaliste, mais défendent des programmes économiques, sociaux et politiques différents, entretiennent des relations avec leur Etat tutelle marquées par des histoires singulières.
En Belgique, la crainte de la dissolution de l’Etat fédéral, membre fondateur de l’Union, hante les journalistes et les hommes de l’art. La menace est bien réelle, mais malgré le triomphe sur l’adversaire socialiste de la SPA à Anvers,  le vote séparatiste a en réalité reculé en Flandre : le nombre élevé de conseillers communaux chrétiens démocrates de la CD&V, (2.136 conseillers et 130 bourgmestres contre 1.634 élus communaux et 46 bourgmestres pour la N-VA) en atteste.
Le collectif d’auteurs qui a participé à Singulière Belgique (CERI-Fayard), a pris la menace de la sécession très au sérieux, mais a examiné les hypothèses d’une autonomie flamande avec circonspection. La confédération, la séparation, la sécession, enfin, ne sont pas pour demain : 18% au mieux des électeurs flamands soutiendraient l’autonomie de la Flandre ; Bruxelles, principal cran d’arrêt à la séparation, la capitale belge et européenne, enclave en territoire flamand, francophone, n’est ni flamande, ni wallonne. A moins donc d’envisager une ville autonome mais apatride au cœur de l’Union, la Belgique a encore de beaux jours devant elle.

Le site web du CERI, modernisé, mis à jour et doté de nouvelles rubriques, est désormais disponible à l'adresse :

http://www.sciencespo.fr/ceri/

Romain Bertrand a été couronné Grand Prix des Rendez-Vous de l'Histoire de Blois pour son livre "L'Histoire à parts égales. Récits d'une rencontre Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècle)" paru aux éditions du Seuil. Le prix lui a été remis le samedi 20 octobre 2012 en ouverture du débat parrainé par la revue L’Histoire.

- Marie Vannetzel, "La clandestinité ouverte : réseaux et registres de la mobilisation des Frères musulmans en Egypte (2005-2010)", sous la direction de Sarah Ben Nefissa (directeur de thèse) et Jean-Louis Briquet (directeur de recherche), le 28 septembre 2012.

- Hamza Meddeb, "Courir ou mourir : course à el khobza et domination au quotidien dans la Tunisie de Ben Ali", sous la direction de Béatrice Hibou, le 5 octobre 2012.

- Lionel Baixas, "Démocratie, (ethno)nationalisme(s) et fédéralisme en Asie du Sud : analyse historique et comparative des trajectoires politiques postcoloniales contrastées de démocratisation en Inde et au Pakistan à travers le prisme des relations centre/périphérie, 1947-2012", sous la direction de Christophe Jaffrelot, le 24 octobre 2012.

- Virginie Dutoya, "La représentation de la nation à l'épreuve de la différence de genre : quotas et représentation des femmes dans les Parlements de l'Inde et du Pakistan", sous la direction de Christophe Jaffrelot, le 12 novembre 2012.

Colloque.
25 et 26 octobre 2012, en collaboration avec le GMFUS-France

Débat.
25 octobre 2012, 17h-19h

Colloque.
29 octobre 2012, 8h45-13h, avec le concours de FASOPO, de l'AFD et du MAEE, en partenariat avec la REMMM.

Colloque du réseau CoesioNet.
16 novembre 2012, 9h-17h