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Édito
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Du bon usage des Nations unies |
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Par Guillaume Devin
Chaque année au mois de septembre, l’ouverture de la nouvelle session de l’Assemblée générale de l’ONU suscite un emballement médiatique, de courte durée : à quoi sert l’Organisation des Nations unies ? Est-elle "efficace" ? Faut-il la réformer ? Les mêmes questions sont posées, rarement approfondies, et quelques effets de tribune monopolisent les feux de l’actualité avant de retomber dans l’indifférence ou le scepticisme. Cette année, les médias français auront surtout mis en scène l’opposition entre les convictions multilatérales du nouveau Président français ("Le multilatéralisme constitue la méthode la plus efficace face aux défis globaux") et la vision bien plus souverainiste et unilatéraliste du Président des Etats-Unis ("Tout comme vous qui, en tant que leaders de vos pays, mettez toujours et toujours vos pays en premiers"). A priori, la défense des intérêts nationaux n’est pas incompatible avec la négociation multilatérale, mais l’on saisit bien qu’entre les deux présidents la conception de l’action diplomatique est différente. La cause étant entendue, il ne faudrait pas réduire la rentrée onusienne au duel Trump-Macron, qui n’a guère passionné au-delà des limites de l’Hexagone et qui ne prend pas en compte quelques idées simples sans lesquelles l’ONU ne peut prospérer.
Appliquer et respecter la Charte La Charte des Nations unies qui fête son 72e anniversaire est un texte d’une étonnante actualité. Ses objectifs n’ont pas pris une ride : "Maintenir la paix et la sécurité internationales [….] Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples [….] Réaliser la coopération internationale [….]" ( article 1 ). Ils reposent sur quelques principes fondamentaux dont le plus important est le non recours à la menace ou à l’emploi de la force dans le règlement des différends (article 2). L’ambition est immense mais le moins que l’on puisse attendre des représentants des Etats qui prétendent participer à cette œuvre commune, par la signature et la ratification de cette Charte, est de s’y conformer au plus près et non de se livrer à des diatribes bellicistes en menaçant notamment de "détruire totalement" un autre Etat membre. Au fond, il n’existe guère de différence entre la posture du président Trump et celle de Mouammar Kadhafi qui fait mine de déchirer la Charte des Nations unies à la tribune de l’Assemblée générale en 2009 : les hommes n’ont pas les mêmes raisons de s’élever contre la Charte mais la violation explicite de cette dernière est parfaitement assumée. L’autorité de l’Organisation mondiale se trouve ainsi minée par l’une des principales puissances du monde. Il faut donc rappeler une évidence : respecter la lettre, sinon l’esprit, de la Charte est la première condition du fonctionnement de l’ONU, le préalable à toutes négociations multilatérales en son sein et à l’adoption de décisions appliquées par tous. Il est illusoire de penser que le Conseil de sécurité puisse retrouver une quelconque unité lorsque l’un de ses membres permanents affiche ostensiblement un tout autre agenda.
Elargir le champ de la sécurité collective Les négociations multilatérales s’annoncent d’autant plus laborieuses que "le maintien de la paix et de la sécurité internationales" recouvre désormais de nombreux domaines d’action. Si les mesures coercitives prévues par le chapitre VII de la Charte restent pertinentes – des sanctions au recours à la force -, elles demeurent relativement exceptionnelles parce que politiquement très délicates à mettre en œuvre. Elles apparaissent surtout insuffisantes pour régler les conflits d’aujourd’hui qui se présentent le plus souvent comme des guerres civiles internationalisées. La pacification des sociétés en guerre, la reconstruction de leurs institutions et de leur économie requièrent un accompagnement politique, économique et social plus que militaire. Plus généralement, la sécurité collective se confond avec une sécurité globale parce qu’il devient de plus en plus difficile d’isoler ses différentes dimensions : militaire, politique, environnementale, personnelle, sanitaire ou alimentaire. La sécurité internationale est devenue "systémique" (B. Buzan). Le Conseil de sécurité a commencé à en prendre acte. D’abord, dans les années 1990, en estimant que les conflits intra-nationaux (et non seulement internationaux) pouvaient représenter une atteinte à la paix et à la sécurité internationales qui justifient son intervention ; ensuite, plus récemment, en s’attachant aux causes économiques et sociales des conflits, voire en qualifiant certains défis sanitaires (le virus Ebola) de menace à la paix et à la sécurité internationales. Assumer et prendre en charge cette orientation globale que l’on retrouve au cœur des Objectifs de développement durable (ODD) est une voie réaliste pour renforcer l’efficacité du maintien de la paix et de la sécurité.
Ne pas se tromper de réformes Au service d’objectifs ambitieux et de plus en plus sollicitées (le nombre de mandats confiés à l’ONU ne cesse de croître), les Nations unies (organes permanents, fonds, programmes et institutions spécialisées) n’ont certainement pas besoin d’une cure d’austérité budgétaire. C’est pourtant l’antienne qu’entonnent les Etats-Unis et certains de leurs alliés en tentant de reprendre sur le terrain du management ce qu’ils ont perdu sur celui du contrôle politique. Il est légitime que les principaux contributeurs demeurent attentifs aux dépenses et, comme dans toute organisation, il n’est pas déraisonnable d’exiger que l’organisation mondiale soit la plus efficiente possible. Mais l’ONU dépense peu : un budget de 4,6 milliards d’euros pour un exercice biennal et à peine 6 milliards d’euros pour les opérations de maintien de la paix. Des sommes sans commune mesure avec les dépenses astronomiques d’armement dans le monde (environ 1 400 milliards d’euros en 2015) ou avec l’augmentation annoncée du budget de la défense des Etats-Unis par le Président Trump.
Fortifier l’Organisation des Nations unies passe certainement par une réduction et une clarification de ses mandats mais surtout par une augmentation de ses moyens actuellement sous-dimensionnés. Il convient également de revitaliser des institutions comme l’Assemblée générale et le Comité économique et social en y faisant siéger des délégations de haut niveau et en prenant leurs compétences au sérieux. Les réformes ne se limitent ni à l’élargissement du Conseil de sécurité ni à de nouvelles techniques managériales.
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VIENT DE PARAÎTRE
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Guillaume Devin (dir.), Resources and Applied Methods in International Relations
Palgrave Macmillan, coll. "Sciences Po Series in IR and Political Economy", 2017, 187 p.
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Stéphanie Latte Abdallah et Cédric Parizot, Israël/Palestine. L'illusion de la séparation
Presses Universitaires de Provence, coll. "Sociétés contemporaines", 2017, 314 p.
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Laurence Louër, Sunnites et Chiites. Histoire politique d'une discorde
Editions du Seuil, 2017, 352 p.
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Frédéric Ramel, Benoît Durieux, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (dir.), Dictionnaire de la guerre et de la paix
Presses Universitaires de France, coll. "Quadrige", 2017, 1500 p.
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Eric Verdeil, Romain Garcier, Laurence Rocher (dir.), Circulation des matières, économies de la circularité,
Dossier thématique, revue Flux, 2017/2 (n° 108)
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Catherine Wihtol de Wenden, La question migratoire au 21ème siècle : migrants, réfugiés et relations internationales
Presses de Sciences Po, coll. "Références", 3e édition, 2017, 230 p.
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Catherine Wihtol de Wenden, Faut-il ouvrir les frontières ?
Presses de Sciences Po, coll. "Nouveaux débats", 3ème édition, 2017, 132 p.
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COUP D'ŒIL
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Exposition - Voting Matters : citoyenneté et technologies des élections en Afrique |
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Partout en Afrique, les élections font l’objet d’une attention constante. Les scrutins de ces dernières années ont été émaillés de fraudes et
de violences, mais ils ont également été marqués par des victoires
incontestées, des transitions pacifiques et des taux remarquables de
participation.
Cette exposition, créée par l’Institut français de recherche en
Afrique (IFRA) et d’abord hébergée par le Musée national de Nairobi,
présente des matériaux de campagnes électorales collectés partout en
Afrique ainsi que des photographies symboliques des moments clés de
l’histoire. Elle met en évidence à la fois l’évolution des technologies électorales et l’évolution de cultures politiques ; elle couvre un large éventail de sujets qui font l’objet de vifs débats tant à l’intérieur du continent qu’au delà.
A Sciences Po, l'exposition est proposée par la Bibliothèque et le CERI, à travers le groupe de recherche Afrique : citoyenneté, violence et politique. Elle est ouverte jusqu'au 3 novembre, à la Bibliothèque René Rémond, 27, rue Saint-Guillaume - 75007 Paris.
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BRÈVES
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Soutenances de thèse |
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- Theodorus Theuns, La légitimité de la promotion de la démocratie par l'UE, sous la direction de Justine Lacroix (4 octobre 2017)
- Anna Sterczynska-Fliflet, L'introuvable professionnalisation du conseil
politique : étude des conseillers du Premier ministre dans la Pologne
démocratique (1989‑2014), sous la direction de Georges Mink et Ewa Nalewajko (6 octobre 2018).
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In memoriam Barbara Delcourt |
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Le monde des
internationalistes
francophones est en deuil. Barbara Delcourt, professeure à
l’Université Libre
de Bruxelles et directrice du Centre REPI (Recherche et
Enseignement en
Politique Internationale) nous a quittés début septembre. Sa
disparition affecte
tous ceux, de près ou de loin, qui ont eu la chance de la
rencontrer au cours
de leur itinéraire universitaire. Barbara s’était spécialisée
dans le domaine
des conflits armés et tout particulièrement dans les Balkans et
en Afrique
sub-saharienne. Sa connaissance fine du Droit international
l’avait amenée à
observer également le rôle des normes. Plus récemment, elle
s’était engagée
dans un projet fort simulant sur le Droit international au
prisme des œuvres
cinématographiques. Elle incarnait bien la figure de
l’internationaliste
ouvert.e à la compréhension des enjeux de notre temps en
n’occultant aucun
chemin de traverse ni aucun matériau. Sa production scientifique
et ses
nombreux investissements pédagogiques ne l’empêchaient pas de
remplir des
missions à la fois délicates et prenantes au profit de son
établissement,
notamment celle de présidente du Département de Science
politique ou de
directrice du REPI. D’un caractère toujours enjoué, elle
n’hésitait pas à faire
part des difficultés auxquelles elle se heurtait dans ses
responsabilités avec
détachement et humour. Les internationalistes du CERI ne peuvent
qu’être émus
en apprenant cette nouvelle qui résonne bien tristement dans la
communauté
francophone. Barbara Delcourt a notamment contribué au Traité de relations internationales publié en 2013 aux Presses de Sciences Po.
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ÉVÉNEMENTS
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The War on Immigrants Meets the War on Crime: Race and Citizenship in Trump’s America
Séminaire de recherche. 10 octobre 2017, 10h-12h00
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Cosmopolitanism Revisited: Comparative Perspectives on Urban Diversity from the Gulf and Beyond
Colloque. 11-12 octobre 2017
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U.S. Strategic Priorities in the Trump Era: Implications for European Allies
Débat. 12 octobre 2017, 8h30-12h45
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La Russie et l'Europe à la croisée des chemins
Débat. 12 octobre 2017, 17h30-19h30
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Afrique de l'Est : surprenantes élections dans un environnement troublé
Colloque. 19 octobre 2017, 9h-17h30
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Les crises de l’intégration européenne
Séminaire de recherche. 19 octobre 2017, 17h-19h
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Histoire du régime migratoire européen
Séminaire de recherche. 26 octobre 2017, 11h-13h
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Un bilan des élections législatives en Argentine
Séminaire de recherche. 26 octobre 2017, 17h-19h
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Les négociations commerciales internationales : genèse, développements et transformations
Séminaire de recherche. 26 octobre 2017, 17h30-19h30
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Epreuves et tribulations des entreprises pétrolières publiques
Débat. 31 octobre 2017, 14h30-16h30
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PUBLICATIONS
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