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NEWSLETTER

18 avril 2017

Sciences Po | Ceri - CNRS  
     
 

Édito

  Elections présidentielles et politique étrangère  
     
 

Par Christian Lequesne

La politique étrangère ne compte guère dans une élection présidentielle française. Combien de fois aura-t-on entendu cette affirmation qui est pourtant totalement fausse ?

Fausse tout d’abord pour des raisons institutionnelles. La Constitution de la 5e République, et plus encore la pratique constitutionnelle, continuent en effet de conférer au président de la République la responsabilité des grands choix de politique étrangère et de politique de défense. Aucune autre politique publique n’est autant suivie par l’Elysée, réduisant parfois le ministère des Affaires étrangères et celui de la Défense à des rôles de supplétifs. Le développement depuis trente ans de la diplomatie au sommet, que Bertrand Badie appelle justement "la diplomatie de clubs" a eu tendance à renforcer l’idiosyncrasie française. A l’exception des périodes de cohabitation où la tâche est partagée avec le Premier ministre, c’est au Président et à son "sherpa" que revient la représentation des positions de la France au G20 et au G8. C’est à lui qu’appartient également la négociation des dossiers les plus sensibles au sein du Conseil européen réunissant les 28 (et demain les 27) chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne.

Les contacts directs entre les "sommets de l’Etat", parfois mal vécus par les diplomates, ont tendance aussi à se multiplier sur le plan bilatéral. Pour prendre le cas de la relation franco-allemande, bien des décisions sont prises par le Président français, le Chancelier allemand et leurs entourages respectifs à Paris et Berlin sans qu’il y ait besoin de la médiation des ambassades. En France, les Présidents de la République se prennent d’ailleurs souvent au jeu de la politique étrangère et de la politique de défense au point de terminer leur mandat en s’y consacrant davantage. Ces politiques leur permettent de réajuster leurs images à l’égard de l’opinion publique française lorsque les autres sujets deviennent plus clivants. Parler de politique étrangère et de défense, c’est dans la logique de ce qu’a voulu le fondateur de la 5e République, incarner symboliquement l’intérêt national au dessus des querelles partisanes. Cette symbolique n’a jamais vraiment perdu son importance.

Deuxièmement, penser que la politique étrangère ne compte pas dans une élection présidentielle, c’est avoir une conception ancienne de la séparation entre l’interne et l’externe dans un Etat moderne. Il va de soi qu’aucune politique publique nationale n’échappe, en 2017, à une dimension externe, au point que l’on ne peut parfois plus faire la distinction entre ce qui est intérieur et ce qui est extérieur. La construction européenne est certainement le facteur externe qui pousse le plus loin la logique de l’interdépendance. Il est impossible de distinguer dans un pays comme la France les choix de politique économique des positions prises à Bruxelles, non seulement parce que des traités et un droit européen contraignent les politiques nationales, mais aussi parce que Paris réalise l’essentiel de ses échanges avec ses voisins européens. Les candidats à l’élection présidentielle qui  affirment qu’ils feront retrouver aux politiques publiques françaises leur pleine souveraineté risquent de déchanter assez vite. A moins d’être adepte de l’Albanie d’Enver Hodja, aucun chef de l’Etat français ne peut échapper à la logique de l’interdépendance. Alors que le scrutin est très incertain et que les candidats susceptibles de gagner expriment des positions très clivées, on comprend pourquoi l’élection présidentielle française est suivie avec intérêt par les autres pays du monde.

A la tête d’un Etat qui reste la sixième puissance économique du monde, un membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies et Etat fondateur de l’Union européenne, le président de la République française incarne (au moins symboliquement) l’interaction entre le national et le global. De sa politique intérieure dépend inévitablement sa politique étrangère et vice-versa. Dans la campagne de 2017, certains candidats assument explicitement cette interdépendance. D’autres au contraire affirment un primat de la politique nationale qui s’imposerait comme le résultat du seul volontarisme. La deuxième posture est évidemment en décalage avec la réalité, mais les électeurs qui y souscrivent ne sont pas pour autant quantité négligeable.

 
 

 

VIENT DE PARAÎTRE

         
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Alain Dieckhoff, Le conflit israélo-palestinien

Armand Colin, coll. "Les idées claires", 2017, 144 p.

 
         
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Béatrice Hibou, The Political Anatomy of Domination

Palgrave Macmillan, coll. "International Relations and Political Economy", 2017, 351 p.

 
         
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Claire Andrieu et Michel Margairaz (dir.), Pierre Sudreau 1919-2012. Engagé, technocrate, homme d’influence

Presses Universitaires de Rennes, 2017, 224 p.

 
         
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Catherine Wihtol de Wenden, Le nuove migrazioni: Luoghi, uomini, politiche. Geografia e organizzazione dello sviluppo territoriale

Bologna, Pàtron editore, 2017, 166 p.

 
         
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Roberto Cantoni, Oil Exploration, Diplomacy, and Security in the Early Cold War: The Enemy Underground

Routledge Studies in Modern European History, 2017, 290 p.

 
         
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Olivier Roy, Jihad and Death. The Global Appeal of Islamic State

Hurst, coll. "Comparative Politics and International Studies", 2017, 120 p.

 

COUP D'ŒIL

  Les nouveaux chercheurs associés  
     
 

Le CERI associe à ses travaux, pour une durée de deux ans renouvelables une fois, des chercheurs ayant une autre affiliation institutionnelle permanente (université ou organisme de recherche, en France ou à l’étranger) ainsi que des praticiens spécialistes des questions internationales qui exercent leur métier en dehors du monde académique.  La sélection de nouveaux chercheurs et experts associés s’effectue, par le conseil d’unité, chaque année au mois de mars. Les nouveaux chercheurs associés pour la période 2017-2019 sont :

- Cuma Çicek, auparavant professeur assistant à la Mardin Artuklu University, Turquie. Spécialiste de la question kurde, ayant soutenu sa thèse au CERI, il est victime des mesures prises par le gouvernement turc contre la communauté académique.

- Hassan Elbahtiny, Teaching Fellow au War Studies Department du King’s College, Londres. Il sera plus particulièrement impliqué dans les activités de la chaire Sécurité animée par Benoit Pelopidas.

- Lucile Maertens, chercheuse postdoctorale au Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique. Jeune docteure issue du CERI, elle apportera notamment au laboratoire ses compétences dans le domaine de l’environnement et des relations internationales.

- Ricardo Soares de Oliveira, professeur associé, Department of Politics and International Relations, Oxford. Engagé de longue date dans des coopérations avec les africanistes du CERI, il contribuera aux travaux de l’équipe par sa connaissance de l’Afrique lusophone et des problématiques liées à la rente pétrolière.

- Alexandra de Hoop Scheffer, directrice du bureau parisien du German Marshall Fund, spécialiste de la politique étrangère des Etats-Unis, a été associée en tant qu’experte.

BRÈVES

  Ariel Colonomos primé par l'ISA  
     
 

A l'occasion du congrès annuel de la Internatonal Studies Association, Ariel Colonomos s'est vu décerner le ISA Ethics Book Award 2017 pour son ouvrage Selling the Future. The Perils of Predicting Global Politics (Hurst, 2016).

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21 avril 2017, 15h30-16h45

 
 

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25 avril 2017, 17h-19h

 
 

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26 avril 2017, 13h-15h

 
 

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