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Par Alain Dieckhoff, directeur du CERI

Le Brexit comme l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, ont été deux événements inattendus, que peu avaient cru possibles, que peu avaient prédits et qui pourtant ont bel et bien eu lieu. Ils sont le signe que l’on assiste, jusqu’au sein des sociétés occidentales, à un profond mouvement de renationalisation. Dans les années 1990-2000, avec l’approfondissement de l’intégration européenne, le développement du commerce international, l’émergence de questions globales (environnement, droits de l’homme…) l’heure était à la célébration du global et du post-national. Le cadre national était promis par beaucoup à un irrémédiable déclin. Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence : nous avons changé d’époque et le référent national revient en force.

Il revient d’abord sous la forme d’un souverainisme clairement assumé qui entend placer au premier rang la défense de l’intérêt national. C’est tout le sens du "America first" de Donald Trump comme du Brexit. Ce message souverainiste trouve un soutien parmi les partisans d’une droite traditionnelle, parfois matinée de religion, mais il n’est pas sans écho parmi les classes moyennes et populaires en voie de déclassement. Dans certains cas, ces dernières peuvent se tourner vers des partis souverainistes, à gauche de l’échiquier politique, comme Syriza en Grèce (d’ailleurs allié à l’Anel, un petit parti conservateur eurosceptique). Dans d’autres, les "déclassés" vont franchir le pas et voter pour la droite. C’est indéniablement la clef du succès incroyable de Donald Trump qui a gagné les élections américaines en attirant à lui certains ouvriers, habituellement démocrates, de la Rustbelt ("ceinture de rouille") désindustrialisée, en leur promettant de contrôler les frontières pour endiguer l’arrivée d’immigrants illégaux et de renégocier les accords de libre-échange (en particulier avec le Mexique).  Le "retour du national" est donc aussi à comprendre à la lumière de la question sociale, à laquelle certains chercheurs au CERI sont restés attentifs (cf. les travaux de Jean-Louis Rocca sur la classe moyenne chinoise).

Toutefois, la manifestation la plus spectaculaire de cette vigueur retrouvée du nationalisme est incontestablement l’audience croissante des courants populistes qui prétendent agir au nom du "véritable peuple", contre les élites en place, réputées corrompues et incompétentes. Ces populistes ont le vent en poupe partout en Europe, de la France aux Pays-Bas, du Royaume-Uni au Danemark. Il arrive même qu’ils parviennent au pouvoir, comme en Hongrie et en Pologne, pays dans lesquels ils tentent de mettre en place un authentique régime populiste, semi-autoritaire, "non libéral" (Jacques Rupnik) qui passe invariablement par les mêmes recettes : contrôle des médias, limitation des compétences des cours constitutionnelles, réaffirmation sans ambages de l’identité nationale... La Turquie de Recep Tayyip Erdogan, la Russie de Vladimir Poutine comme, avec des nuances, l’Inde de Narendra Modi sont aujourd’hui établis sur ces bases. Ce populisme transnational exige, pour être bien appréhendé, une véritable approche comparatiste développée, au CERI, par le groupe de recherche sur les nouveaux démagogues, co-dirigé par Christophe Jaffrelot et Elise Massicard.

Enfin, la mobilisation nationaliste prend aussi la forme de nationalismes séparatistes qui, de l’Ecosse à la Catalogne en passant par le Québec continuent d’être particulièrement actifs. Ce serait une grave erreur de considérer la globalisation comme contraire à ces nationalismes de dissociation :  elle leur donne en réalité de nouvelles ressources puisque l’accès direct au marché mondial leur permet de contourner l’Etat central et donc d’affirmer leur propre projet politique. Où que l’on porte le regard, il faut bien admettre que la fin du nationalisme est une illusion. Plus que jamais il est donc nécessaire d’en saisir les ressorts, complexes, ne serait-ce que pour combattre ses effets négatifs. C’est tout l’objet du cycle des six conférences internationales qui auront lieu, au CERI, au cours du premier semestre 2017.  Elles permettront de mieux comprendre pourquoi, en dépit de sa mort sans cesse annoncée, le nationalisme demeure une configuration centrale du monde contemporain.  

Dossier du CERI, janvier 2017, disponible en ligne.

Numéro de "varia", avec notamment deux articles en rapport avec le conflit syrien, un texte sur les migrations euro-méditerranéennes et une étude sur l'émerrgence de l'organisation Etat islamique en Afghanistan. Sommaire disposible en ligne.

Etude du CERI, n° 225 (décembre 2016), disponible en ligne.

CERI-Alternatives Economiques, Hors-série n° 110, janvier 2017

Al-Furat (Beyrouth), 2017, 440 p.

Amalion Publishing, 2017, 208 p.

Politix, coordination du numéro 2016/3 (115).

CNRS Editions, 2017, 255 p.

Archivio Antropologico Mediterraneo, coordination du numéro spécial, Anno XIX (2016), n. 18 (2), disponible en ligne

FMSH Editions, 2017, 184 p.

Le CERI et la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes de l’UQAM lancent un important cycle de conférences poursuivant ainsi une collaboration internationale inscrite dans la longue durée.

Ces dernières années, pour décrypter les turbulences du monde contemporain, l’approche par la sécurité internationale et par le religieux a mobilisé nombre de chercheurs, reléguant l’approche par le questionnement du national au second plan. Or, la persistance de mouvements indépendantistes là (Ecosse, Flandre, Catalogne...), le retour d’un nationalisme clairement assumé ici (dans quasiment toute l’Europe), montre que notre monde n’en a pas fini avec les nations.

D’où l’urgence de comprendre, avec précision, ce qui se joue sous nos yeux. C’est tout l’objet du cycle de conférences qui abordera six grands thèmes. Il s’agit en l’occurrence :
- des constructions nationales dans le nouvel ordre mondial ;
- des mouvements de contestation au sein des ensembles multinationaux ;
- des nationalismes diasporiques et de longue distance ;
- des formes réactionnaires et émancipatrices que peuvent revêtir les expressions nationalistes ;
- des formes contestées du nationalisme et de la mise en tension de narrations  rivales ;
- de la place particulière et pérenne de la religion dans la construction nationale.

Alain Dieckhoff (directeur du CERI) et Alain-G. Gagnon (professeur à l’UQAM, invité au CERI) accueilleront au 56 de la rue Jacob des professeurs reconnus pour la qualité scientifique et l’originalité de leurs travaux, nommément Uriel Abulof (Université de Tel Aviv), Carles Boix (Princeton), Gérard Bouchard (UQAC), Craig Calhoun (Institut Berggruen), Daniele Conversi (Université du Pays basque), Jan Erk (Cambridge), Jonathan Fox (Bar Ilan), Jule Goikoetxea (Université du Pays basque), Daniel Salée (Concordia) et Pierre de Senarclens (Lausanne).

Ce cycle de conférences, dont le programme complet peut-être consulté sur le site web du CERI, débouchera sur la publication d’un ouvrage à paraître dans la collection Democracy, Diversity and Citizen Engagement aux Presses universitaires de l’Université McGill.

La médaille d’honneur du CNRS vient d’être accordée à Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche émérite, Sylvie Haas, ancienne documentaliste au CERI et Jacques Semelin, directeur de recherche émérite. Cette médaille salue, au moment de leur départ en retraite, les chercheurs, ingénieurs, techniciens et membres du personnel administratif pour leur participation à l'activité de recherche pendant de nombreuses années.

- Veronica Calvo Valenzuela, Les trames de soi : régime d'autonomie et production du sujet indigène originaire paysan en Bolivie (Municipalité de Tarabuco), sous la direction d'Olivier Dabène (9 janvier 2017)

- Iman Karzabi, Le privé est politique. L’action publique et le militantisme associatif en faveur de l’égalité femmes‑hommes dans les pays post‑soviétiques : Ukraine et Bélarus (1990‑2013), sous la direction de Georges Mink (30 janvier 2017)

Débat.
24 janvier 2017, 17h-19h

Séminaire de recherche.
25 janvier 2017, 10h-12h

Séminaire de recherche.
25 janvier 2017, 17h-19h

Séminaire de recherche.
26 janvier 2017, 10h30-12h30

Débat.
26 janvier 2017, 17h-19h

Séminaire de recherche.
27 janvier 2017, 16h30-18h30

Séminaire de recherche.
30 janvier 2017, 17h-19h

Séminaire de recherche.
30 janvier 2017, 17h-19h30

Séminaire de recherche.
1 février 2017, 12h30-14h30

Séminaire de recherche.
1 février 2017, 16h30-18h30

Débat.
2 février 2017, 12h30-14h30

Débat.
9 février 2017, 17h-19h

Débat.
2 février 2017, 17h30-19h