Les dynamiques d’aide aux Juifs clandestins pendant la seconde guerre mondiale: Le cas de la famille Segal.

Date: 
6 Septembre, 2016
Auteur: 
Marten Düring

Résumé

L’analyse du réseau d’aide de la famille Segal montre que toute volonté d’apporter son soutien de la part d’un tiers était étroitement liée aux initiatives d’autres personnes impliquées et des clandestins eux-mêmes. De longues chaines d’intermédiaires associées à des visites bien ciblées à de vieilles connaissances ont permis à la famille d’être en contact avec un grand nombre d’opposants au régime nazi et de personnes susceptibles de leur venir en aide, même si la plupart d’entre eux n’a apporté son soutien que pendant une courte durée. Un petit groupe de personnes, sur qui la famille a pu toujours compter pendant la durée de sa clandestinité, fut d’une importance particulière. 

 

Cet article examine la manière dont des Juifs clandestins ont surmonté l’isolement et la marginalisation sociale dont ils étaient victimes. En établissant des liens de confiance avec des personnes étrangères à leurs relations d’avant-guerre, ils sont parvenus à se créer un réseau personnel de soutien qui a contribué à leur survie1. Dans cette entreprise d’auto-sauvetage, la fonction d’intermédiaire entre le persécuté d’une part et l’aidant potentiel de l’autre, joue un rôle important. L’intermédiaire crée le lien entre des individus étrangers l’un à l’autre. Il est en mesure de « négocier » l’aide en raison de sa relation de confiance avec les deux parties. Dans un système totalitaire, une confiance de cette nature est à la fois une denrée rare et une ressource décisive pour la survie.

La vie des Juifs en Allemagne sous le national-socialisme

Les actions des personnes apportant leur aide et celles des survivants ne peuvent être comprises que dans le contexte du contrôle social extrêmement restrictif de l’Allemagne national-socialiste. Immédiatement après sa prise de pouvoir, Hitler avait ordonné l’arrestation de nombreux opposants politiques et forcé beaucoup d’autres à émigrer. Cela signifiait un affaiblissement significatif de toute opposition politique et la destruction d’anciens réseaux de confiance qui auraient pu devenir des réseaux de soutien, comme ce fut le cas dans les pays occupés2. La plupart des protestations publiques avaient été étouffées après 1933. Ceux qui voulaient résister au national-socialisme en Allemagne se retrouvaient dans « le groupe de résistance le plus isolé d’Europe » et appartenaient à une petite minorité « sans aucune influence avant et pendant la guerre – observé et dénoncé par un grand nombre d’espions et de Blockwarten, ces fonctionnaires du NSDAP chargés de surveiller les habitants de leur quartier3».  Cette suppression brutale de l’opposition signifiait que toute résistance était obligée de s’organiser en petits groupes capables d’échapper au radar des espions et des dénonciateurs. La prise de contact avec ces groupes était essentielle pour les clandestins en recherche d’aide et, de manière générale, pour l’émergence de réseaux de soutien.
Au même moment, beaucoup d’Allemands célébraient le « retour à la maison » des territoires sudètes et le fait que le vieux rêve d’un « grand empire allemand » se soit réalisé après que l’Autriche eut été annexée en 1938. L’année suivante, beaucoup se montraient enthousiastes au sujet de la prompte victoire de la Wehrmacht sur la Pologne et de son progrès rapide en France. A partir de 1941, cette période d’exaltation de la fierté nationale s’accompagna d’une campagne de propagande antisémite qui tenait les Juifs pour responsables du déclenchement de la guerre. Ce climat général limita encore l’organisation de toute opposition aux nazis. C’est seulement vers la fin de la guerre, lorsque la peur de la défaite devint une certitude et que le régime accrut ses efforts pour propager la peur d’actes de vengeance terribles de la part des Alliés, que l’opposition contre Hitler s’intensifia.

Après 1938 et les Novemberpogrom (pogroms de novembre plus connus sous le nom de Nuit de Cristal), l’émigration fut rendue presque impossible. Avec l’éclatement de la guerre, les Juifs restés en Allemagne furent forcés de s’installer dans des maisons de Juifs (Judenhäuser), logements surpeuplés et de mauvaise qualité4. Au début des années 1940, les Juifs de Berlin et d’ailleurs dans le Reich allemand avaient été systématiquement réduits à l’impuissance sociale et économique. Ils n’avaient pas d’accès direct à la vie publique, il leur était interdit d’écouter la radio, d’aller au cinéma. Ils étaient privés d’une grande partie de leurs possessions, étaient considérablement entravés dans l’exercice de leurs droits, avaient perdu tout contact avec leurs anciens amis, voisins, collègues ou clients et étaient astreint à de longues heures de travail forcé5.  En 1941, avec l’apparition de l’étoile jaune, les Juifs d’Allemagne furent stigmatisés et discriminés en public. Entre temps, les contacts entre « aryens » et Juifs avaient été déclarés illégaux et susceptibles d’être punis par une arrestation « dans des cas graves jusqu’à trois mois dans un camp de concentration de niveau 16».  A ce moment-là, 164 000 Juifs restaient en Allemagne, « un groupe de personnes isolées, appauvries et âgées, dont une grande partie étaient des travailleurs forcés7».

Alors que les déportations dans le Reich avaient déjà débuté en octobre 1941, elles ne commencèrent à Berlin qu’un an plus tard, ce qui donna le temps aux Juifs de Berlin et aux personnes leur venant en aide de prendre connaissance du réel objet de leur déplacement. La plupart des Juifs hésitaient cependant « entre ne pas savoir, savoir et ne pas vouloir savoir8».  On estime à 12000 le nombre d’entre eux ayant choisi de se cacher en Allemagne, dont 7000 à Berlin9.

Les Juifs clandestins et les personnes leur venant en aide durent s’adapter à des mesures de persécution et à des restrictions de guerre toujours plus dures. Ils continuèrent toutefois à trouver des moyens pour ne pas être découverts. Ces communautés étaient souvent de petite taille, ne dépassant pas 12 à 30 individus, que Martin Broszat a appelé « résistants » en référence à la connotation médicale du terme, parce qu’ils restaient immunes face à l’épidémie brune. M. Broszat a souligné aussi les failles subsistant dans les procédures administratives de l’Holocauste10.  
Environ un tiers des Juifs dont l’histoire a été préservée au Mémorial de la Résistance allemande à Berlin11 sont entrés dans la clandestinité à l’automne 1942, et plus de la moitié en février 194312 seulement. Les Juifs dont le physique correspondait aux clichés antisémites de « judéité » encouraient les risques les plus élevés. Les jeunes hommes étaient, de plus, constamment suspectés d’avoir déserté la Wehrmacht et subissaient donc de fréquents contrôles par la police. Puisque les Juifs n’étaient pas recrutés dans l’armée « allemande », les jeunes hommes juifs devaient se procurer de faux documents. Une autre menace provenait des espions juifs, des clandestins qui avaient été arrêtés et contraints d’en arrêter d’autres. Menacés de mort ou de celle de leur famille, ils utilisaient leur connaissance approfondie des réseaux secrets pour trouver et dénoncer les clandestins et les personnes qui leur venaient en aide13. De toutes les personnes entrées dans la clandestinité à Berlin, seulement 1500 ont survécu.

Cartographier les actions d’aide avec des outils d’analyse de réseaux sociaux

Pour pouvoir dresser une cartographie de l’aide, nous avons établi une base de données qui comprend les dimensions de la relation entre acteurs: les formes d’aide, l’intensité des relations, les motifs de l’action, la date de l’aide, la date de la première rencontre. Le genre de chaque acteur a en outre été noté, ainsi que le statut selon les catégories raciales du national-socialisme. Nous avons aussi défini des sous-catégories pour chaque type de lien et de caractéristique. Par exemple, le type de lien « forme d’aide » contient les sous-catégories « nourriture », « hébergement », « fonction d’intermédiaire» et « argent », entre autres. Les données ont été rassemblées dans des tableaux Excel et visualisées en utilisant NodeXL14 et Gephi15.

La décision d’Erna Segal d’entrer dans la clandestinité

La famille Segal, dont l’histoire est au cœur de cet article, a réussi à survivre avec l’aide de 79 individus, qui, pour beaucoup leur étaient inconnus auparavant. En 1956, Erna Segal finissait un manuscrit de 250 pages dactylographiées qui rapporte leurs expériences avant et pendant la guerre16. Elle y décrit en détail la manière dont elle et sa famille sont entrées en contact avec les personnes leur étant venues en aide et comment elles ont établi des relations avec eux. Leurs expériences, tactiques, craintes et difficultés sont comparables, en plusieurs points, avec ceux d’autres clandestins. Les souvenirs d’Erna Segal ont été vérifiés autant que possible en les croisant avec d’autres documents, et en s’efforçant d’identifier les acteurs derrière les noms modifiés qu’elle leur donne17.

Aron et Erna Segal gagnaient leur vie en vendant des manteaux en fourrure, un commerce qui – d’après ses souvenirs d’après-guerre – leur permettait de vivre confortablement. Confrontés à des mesures de persécution toujours plus dures, le couple se retira progressivement de la vie publique. Ils vendirent leur commerce en 1934 et vécurent des revenus générés par un certain nombre d’immeubles de rapport18. Alors que sa femme, Erna, avait fréquemment émis le souhait d’émigrer, Aron Segal insista pour rester en Allemagne.

Un samedi après-midi, peu de temps avant Pâques 1942, Erna Segal fut abordée par un soldat de la Wehrmacht. Sans l’avoir jamais rencontrée auparavant, il avait remarqué l’étoile jaune qu’elle portait et lui raconta les horreurs dont il avait été le témoin sur le front de l’Est, la pressant de refuser de s’inscrire pour la déportation et, au contraire, de se cacher en se faisant aider d’amis19. On peut supposer que cet incident est à l’origine de la décision d’Erna Segal d’entrer dans la clandestinité. Erna et Aron préparèrent, peu de temps après, leurs vies dans l’illégalité.
Comme beaucoup d’autres qui ont réussi à survivre en se cachant, la famille pouvait compter sur leurs moyens financiers. Par précaution, avant de passer dans la clandestinité, Aron acheta des bijoux qu’ils projetaient d’échanger plus tard. Dans les années à venir, il allait régulièrement se rendre chez un joaillier et échanger des bijoux contre de l’argent20. Le couple gardait également quelques meubles chez un ami.

Un premier refuge et l’établissement de la confiance

La capacité à construire des liens de confiance avec des inconnus était essentielle pour la survie des Juifs clandestins. Un cas de trahison de la confiance signifiait arrestation, interrogations et, finalement, la mort.
Erna décrit sa recherche de refuges appropriés au début de sa vie dans la clandestinité :

 “Nous avons passé en revue tous les Aryens qui étaient absolument dignes de confiance. J’avais un bon tailleur qu’une amie et moi-même sollicitions régulièrement. (…) Je m’asseyais là pendant des heures, j’aidais un peu afin d’apprendre la couture dans l’idée de gagner de l’argent grâce à cela, une fois que nous émigrerions. Je décidais de faire confiance à ces gens. J’allais les voir et leur racontais mon plan. Ils étaient très bien informés et avaient même accepté de garder un certain nombre de valises contenant des objets de valeur pour l’un de nos amis qui avait dû quitter le pays. Ces gens espéraient revenir et accordaient une grande confiance au tailleur. Mr et Mme Dovsky [les tailleurs] acceptèrent immédiatement ce que je leur proposais. Ils m’hébergeraient ainsi que mon fils. Nous nous sommes mis d’accord sur un paiement hebdomadaire conséquent et sur le fait que je m’occuperais en plus de leur foyer et les aiderais avec la couture21 ». 

Le soin avec lequel Erna sélectionna les personnes susceptibles de venir en aide à sa famille est remarquable. Elle les côtoyait en tant qu’artisans et avait appris à les connaître personnellement pendant quelques jours de travail commun. Elle s’appuyait aussi sur des informations de tierces personnes qui confirmaient que le couple avait déjà prouvé son opposition au nazisme et avait aidé des amis d’Erna. La connaissance de cet acte d’aide envers un fugitif auquel les deux parties faisaient confiance servait de recommandation directe et confirmait, pour Erna, la fiabilité du couple. Ceci réduisait, pour Erna et pour les tailleurs, le risque de trahison mutuelle et leur permettait de construire une relation de confiance. La menace des espions de la Gestapo qui se prétendaient clandestins juifs était réelle pour les personnes qui apportaient leur aide et c’est pourquoi eux aussi devaient être en mesure de faire confiance à ceux qu’ils décidaient d’aider22
Le lien entre Erna et le couple de tailleurs était encore renforcé par le fait qu’elle leur payait une somme d’argent « conséquente » et qu’elle les aidait dans leur foyer et dans leur boutique. Ces conditions ont certainement rendu l’arrangement considérablement plus intéressant pour les personnes qui apportaient leur aide. En résumé, Erna avait quatre raisons d’espérer que le couple Dovsky tiendrait sa promesse :


1.     Sa  connaissance de leur opposition aux Nazis
2.     L’impression qu’elle s’était faite d’eux
3.     La recommandation de son ami
4.     Ses paiements et les autres services qu’elle offrait


Cependant, lorsqu’elle s’aperçut que la fille Dovsky sortait avec un « Nazi », la famille quitta immédiatement son refuge, craignant de ne plus y être désormais en sécurité. Néanmoins, chaque fois que cela était possible, Erna s’appuyait sur ces quatre facteurs lorsqu’elle développait des liens de confiance avec des inconnus.
Une constellation simple et triangulaire, entre deux inconnus (le clandestin et l’aidant) et une tierce personne (l’intermédiaire) à qui les deux parties accordent leur confiance, permet à des inconnus de développer des liens de confiance. Elle est présente dans tous les cas de soutien à des Juifs clandestins et forme la base des chaînes d’intermédiation qui seront discutées plus loin.

Créer des liens de confiance sous de faux prétextes

A partir de l’été 1943, après qu’elle eut trouvé un certain nombre de personnes pour lui venir en aide grâce à des recommandations, Erna Segal fut forcée d’aborder des inconnus. Dans chaque cas, elle déguisait sa véritable identité :

« Je n’arrivais à trouver d’hébergement auprès d’aucune de nos connaissances. Je me demandais alors comment nous pourrions mobiliser des inconnus dans nos plans sans leur dévoiler notre secret. Le jour suivant, je me rendais aux jardins ouvriers. C’était une magnifique journée d’automne. Quelques uns des propriétaires étaient assis dehors et étaient disposés à parler avec moi. Chaque fois que des personnes m’apparaissaient comme sympathiques et que j’avais le sentiment qu’elles ne constitueraient pas de menace, j’entamais une conversation avec eux. De cette manière, je finis par discuter avec une très gentille femme. Elle me dit que  son mari était soldat en Russie. Elle avait une fille de 8 ans avec qui elle passait les nuits dans un bunker. Elle devait malheureusement laisser son fils de 14 ans dans sa petite maison située dans les jardins ouvriers, il n’avait droit de la rejoindre que pendant les alarmes. J’essayais ensuite d’en savoir davantage sur ses opinions politiques et commençais à l’interroger subtilement. A ma plus grande joie, elle me raconta que son mari et elle étaient tous deux antinazis mais qu’ils devaient, comme elle le disait, hurler avec les loups. Elle me raconta qu’elle n’exprimait d’habitude pas ses opinions lors de discussions avec les voisins parce qu’il fallait être prudent. Je commençais ensuite ma propre campagne. Je lui racontais que je logeais chez Wanda, que mon mari était lui aussi soldat, que mon fils le plus âgé avait disparu et que je vivais à présent avec mon plus jeune fils, Jerry. Je lui racontais également que j’étais très malade et que je n’arrivais pas à trouver un bunker sécurisé puisque je ne pouvais pas marcher à cause de mon asthme, mais que subir des alarmes à répétition dans une simple cave était une terrible expérience pour moi. Je suggérais de passer les nuits avec son fils afin qu’il ne soit pas seul et que, dans le cas où il y aurait des alarmes, nous pourrions venir la rejoindre dans la cave. J’étais bien entendu prête à lui payer un loyer. Elle fut enchantée par l’idée et je passai d’emblée la nuit suivante dans sa maison23

Encore une fois, Erna agit de manière très rationnelle pour trouver une nouvelle personne susceptible de lui venir en aide. Par un entrelacement de vérités, de demi-vérités et de mensonges, elle se présentait comme une personne faisant face à des malheurs semblables et répondait directement aux besoins de la femme à qui elle s’adressait. Comme précédemment, elle utilisait sa relation avec Wanda, elle-même bien connue dans le secteur des jardins ouvriers, pour acquérir une plus grande crédibilité. Les paiements pour son logement ajoutaient, de surcroît, une sécurité supplémentaire à son nouvel accord. Et il semble avoir fonctionné. Frau Held, la femme avait qui elle avait discuté, la présenta à Frau Moos :

« Je gagnais très rapidement la confiance de cette femme [Frau Moos], ramenais Wanda qui confirma que Jerry et moi séjournions avec elle. Frau Moos était déjà au courant que je logeais chez Frau Held24».

Cela signifiait qu’Erna avait pu confirmer deux fois sa fausse identité: une première fois avec l’aide de Wanda qui était connue dans le secteur et à travers Frau Held, qui croyait son récit. Erna avait ainsi réussi à trouver une nouvelle personne pour lui venir en aide grâce au soutien d’une autre personne : elle avait dû cacher son identité à toutes les deux. Elle avait, encore une fois, conçu un arrangement convenant aux besoins de tous les acteurs concernés.
Cette chaîne de personnes ignorant sa véritable identité s’allongea encore lorsque Frau Moos l’introduisit à Frau Ross, qui accepta d’héberger Manfred Segal, là aussi en échange de paiements.

A une autre occasion, Erna avait abordé un vieil homme dans un parc. Après qu’elle lui eut raconté une histoire partiellement vraie, il offrit l’aide de ses amis :

« J’étais très surprise lorsqu’il me dit que, près de Berlin, à Motzen-Mühle, un endroit merveilleux, il avait des amis qu’il allait voir tous les étés. Tout le monde le connaissait là-bas. Il me présenta à ses amis, qui avaient cependant déjà loué toutes leurs chambres. Il m’emmena alors à la famille Holz, leur dit qu’il me connaissait depuis longtemps et leur raconta mon histoire. J’eus beaucoup de chance car il leur restait encore une chambre de libre qu’ils me louèrent25».

A cette occasion, une personne ignorant la véritable histoire d’Erna avait non seulement cru Erna, mais avait aussi menti afin de l’aider. Erna donne davantage d’exemples de ce type dans son rapport26.

Il est aujourd’hui impossible de déterminer si ces personnes connaissaient la véritable identité d’Erna ou bien s’ils se doutaient de quelque chose. Dans son rapport, elle est convaincue qu’ils ne soupçonnaient absolument rien. Cependant, même si cela avait été le cas et qu’ils avaient décidé de ne pas poser de questions, les exemples cités ci-dessus montrent qu’une négociation effective de contacts était possible, même si elle se fondait sur des mensonges partiels et sur des soupçons non dévoilés. Ce type d’arrangement, qui se fonde sur le fait que les personnes concernées ne cherchent pas forcément à connaître toute la vérité, a certainement eu lieu dans de nombreux cas.

Cependant, pour chacun des contacts mentionnés jusqu’ici, il était nécessaire de s’assurer que la confiance était établie : Erna avait pris l’identité d’une « aryenne » qui souffrait des bombardements, utilisait des relations de confiance déjà établies pour en construire d’autres et offrait des rétributions et d’autres services en retour. Que les individus approchés connaissent ou non sa véritable identité, son besoin d’aide clairement signalé et les services qu’elle offrait en contrepartie l’aidaient à gagner la confiance d’inconnus.
Le rapport d’Erna Segal mentionne 79 personnes lui étant venues en aide. Quinze d’entre eux, selon elle, n’avaient pas connaissance de sa véritable identité, et parmi eux, neuf personnes n’avaient pas conscience d’aider des Juifs ; trois de ces cas ont été initié par Erna et sa fille Gerda, six par d’autres personnes leur venant en aide.

L’émergence de chaînes d’intermédiaires

Dans de nombreux cas, Erna Segal et sa famille étaient obligées de se fier au jugement d’autres personnes qui faisaient, pour eux, l’intermédiaire avec de nouveaux contacts. Une personne qui leur était venue en aide les recommandait à une autre. De ce fait, de longues chaînes d’intermédiaires émergèrent, permettant à la famille d’être en contact avec un grand nombre de personnes, provenant de milieux sociaux variés.
Dans le schéma présenté ici, un lien entre deux points représente un intermédiaire contacté. Par exemple : un couple connu d’Erna Segal, que nous n’avons pas pu identifier, avait accepté d’aider la famille. Ce couple approcha alors M. et Mme Scholz et leur demanda s’ils voulaient bien aider la famille. Quand les Scholz acquiescèrent, les Segal eurent une raison de leur faire confiance, sur la base de cette recommandation personnelle. Le couple connu joua le rôle d’un intermédiaire. Ce procédé de recommandation fut reproduit quand M. et Mme Scholz devinrent à leur tour intermédiaires et approchèrent leur relation Mme Weil, qui accepta également d’aider. Ces accords successifs d’intermédiation finissent par former de longues chaînes et offrirent aux Segal de nouveaux viviers d’aides potentiels disposant des ressources dont ils avaient fortement besoin. L’implication globale de ces aides diffère cependant grandement. Certains offrirent le gîte et le couvert, d’autres ont simplement donné un nouveau contact27.

Graphique : Chaînes reliant jusqu’à huit aides, et offrant la possibilité de nouer des liens de confiance entre fugitifs et inconnus


 

Du point de vue de la personne qui venait en aide, cette forme de soutien par simple intermédiation impliquait relativement peu de risques et d’efforts – à condition que tous les acteurs impliqués soient dignes de confiance. La fonction d’intermédiaire occupée par et pour les Juifs clandestins est une forme de soutien qui reste encore largement ignorée par la recherche alors qu’elle a permis l’accès à la ressource la plus rare : des personnes ayant la volonté et la capacité à fournir de la nourriture, un logement et des faux papiers.

Contrairement à l’impression que peut donner la vue d’ensemble du graphique, les personnes qui aident dans une chaîne d’intermédiaires n’entraient souvent en contact qu’une seule fois. La plupart des personnes ne connaissaient que le lien précédent et le lien suivant dans la chaîne28. Ainsi, elles ne pouvaient pas prévoir les conséquences à moyen terme de leurs actions. Tout ce dont elles avaient conscience était d’être venu ponctuellement en aide à un clandestin, en recommandant la personne qu’ils jugeaient la plus susceptible d’apporter son soutien29

Malgré le risque considérable pour les Juifs clandestins, ces actes d’intermédiation augmentaient grandement la probabilité de rencontrer des personnes en mesure de les aider. Le cas de la famille Segal en fournit un exemple : après cinq actes d’intermédiation, ils furent présentés au Dr. Fritz Aub. Aub avait lui-même, au fil des ans, servi de nombreuses fois d’intermédiaire pour fournir des contacts. Il devint leur médecin, apportant un soutien psychologique et devenant une des personnes vers qui la famille pouvait toujours se tourner30
La famille Segal devait constamment changer de refuge et trouver de nouvelles personnes pour lui venir en aide. Au sein du réseau de soutien que la famille avait constitué, Erna était l’actrice centrale, et celle dont les contacts étaient les plus nombreux. La plupart des contacts établis avec des personnes susceptibles d’aider et qui avaient été mis en place autrement que par des chaînes d’intermédiation, étaient le fruit des recherches d’Erna. Le rapport d’Erna Segal fournit 23 exemples de la manière dont la famille entrait en contact avec des inconnus. Dans 18 cas, Erna avait directement abordé des personnes, leur demandant de lui venir en aide. Sa fille Gerda, et Aron avaient chacun demandé une fois. Trois fois seulement, des personnes avaient spontanément offert leur soutien.
Ces nombres ne peuvent bien entendu que suggérer une tendance, puisque le rapport d’Erna ne retrace pas chacun de ces évènements et puisque l’on peut supposer que tout récit écrit, comme celui-ci, à la première personne du singulier donnera la priorité à des descriptions d’actions personnelles et représentera par conséquent l’implication des autres de façon biaisée.

Une attention particulière portée à l’intensité des relations entre la famille et les personnes leur venant en aide révèle que la plupart des liens avaient en effet été constitués après l’entrée de la famille dans la clandestinité31. La famille était cependant en contact avec un petit nombre de ces personnes avant 1938. Erna n’en définit aucun comme ami proche mais comme vague connaissance. Dans son rapport, elle raconte plusieurs occasions où – cherchant désespérément de nouvelles personnes pour leur venir en aide – elle passait en revue la liste des connaissances dont elle se souvenait et finissait par en contacter quelques-uns32. Il est surprenant qu’à l’exception de trois cas, aucune de ces connaissances n’ait voulu ou n’ait pu les loger plus d’une nuit. Ces connaissances agissaient plutôt comme des intermédiaires pour trouver d’autres personnes qui seraient bien plus désireuses d’aider ou davantage en mesure de fournir un logement pour une durée plus longue. Sur 12 contacts ayant abouti à des actions durables d’aide, six ont été fournis par de vieilles connaissances, quatre par Aub et Eva, rencontrés récemment, et à deux occasions, les intermédiaires n’avaient pas conscience qu’ils aidaient des Juifs. Contrairement à ce que l’on observe pour le logement, la nourriture ou les papiers, il n’existe pas de cas où la fonction d’intermédiaire ait été rémunérée. L’argent ne permettait pas d’acheter des liens avec des personnes susceptibles d’aider.
Si l’on observe la durée de l’aide dans le cas de la famille Segal, on remarque un grand nombre de refuges de courte durée, utilisés de manière irrégulière sur une période de plusieurs mois. L’aide de certaines personnes très impliquées était cruciale pour les clandestins, qui pouvaient se tourner vers eux. La famille Segal les a presque tous rencontrés après son entrée dans la clandestinité. Le Dr. Aub, mentionné plus haut, était l’un d’entre eux. A partir de 1943, la famille trouva ces personnes par ses propres moyens et par des chaines d’intermédiaires. Cela confirme, encore une fois, leur grande capacité à établir de nouveaux contacts. Cela montre également à quel point la famille, tout comme le reste des Juifs clandestins, était responsable de sa propre survie. C’est entre autres pour cette raison que j’ai préféré le terme d’« aide » à celui de « secours », car ce dernier sous-entend la passivité de celui qui est secouru.

L’éventail des raisons ayant convaincu ces personnes à apporter leur aide à la famille Segal était large : la moitié était motivée par la récompense matérielle promise, un quart par un engagement humanitaire et seulement un sixième parce qu’ils entretenaient un lien personnel étroit avec la famille. Ces catégories ne s’excluent évidemment pas l’une l’autre, et chacune de ces classifications dépend avant tout de la description qu’Erna en fait dans son rapport. Cependant, malgré ces difficultés et la complexité de la question de ce qui pousse l’humain à agir, il me semble que le rapport d’Erna peut être utilisé pour déduire les raisons premières de l’implication des différentes personnes venues en aide à la famille.

Des soutiens sur le long terme

Les personnes qui ont le plus aidé la famille étaient Wanda Feuerherm, M. et Mme Grimm et deux autres aides que l’on connaît uniquement sous le nom de « Hilda » et « Marie ». L

a manière dont Erna avait rencontré Wanda reste floue mais il est clair qu’elles ne se côtoyaient pas avant que la famille n’entre dans la clandestinité. Wanda a agi en tant qu’intermédiaire, a hébergé Gerda Segal et a offert un refuge à Erna lorsqu’elle n’arrivait pas à trouver d’autres personnes susceptibles de lui venir en aide33.
Hilda et Marie jouaient également un rôle très important. Erna les avait rencontrées par le biais de M. et Mme Schell, qui étaient trop effrayés pour lui venir en aide eux-mêmes:

« Ils se souvenaient tous les deux de deux femmes qu’ils avaient rencontrées dans une épicerie gérée par d’autres antinazis. Elles se rencontraient là et parlaient du progrès de la guerre et partageaient leur joie concernant la défaite d’Hitler. (…) Le jour suivant, elle [Mme Schell]  m’emmena voir les deux femmes dont elle avait parlé. Ce fut le moment le plus chanceux de toute notre vie dans l’illégalité. Hilda et Marie m’accueillirent et me traitèrent immédiatement comme une vielle amie. (…) Nous pouvions aller et venir comme bon nous semblait et plus tard, lorsqu’il nous fallait de toute urgence un endroit où passer la nuit, il y avait toujours de la place pour nous chez elles34

Tout comme Wanda, elles aidèrent pendant longtemps et offraient aussi un soutien émotionnel précieux :

« Les deux femmes étaient simplement merveilleusement altruistes [uneigennützig] et bonnes, comme ne peuvent l’être que peu de gens ! Hilda était grande et forte, serviable et courageuse. Quand je me souviens d’elle, je pense toujours à la colonne de la Victoire [de Berlin]. Elle avançait, imperturbable et sûre de la victoire35.» 

A la différence de la plupart des autres personnes venues en aide à la famille, Hilda et Marie n’avaient pas mis en place d’accord spécifique avec Erna concernant les conditions de leur soutien. Elles refusaient toute compensation et partageaient leurs rations de nourriture avec la famille. Même si Erna essayait de n’abuser de la bonne volonté d’aucune des personnes venant en aide à la famille, elle et ses enfants comptaient souvent sur l’aide de Hilda et Marie.

M. et Mme Grimm, connaissances de longue date de la famille, proposaient aussi régulièrement de les héberger, cependant sous des conditions très différentes. Après avoir rencontré Gerda Segal par hasard, ils invitèrent Erna chez eux, à la fin de l’automne 1944. Même une fois qu’Erna, suivant sa stratégie habituelle, leur avait proposé une compensation, M. Grimm resta d’abord perplexe, se demandant s’ils devaient s’impliquer. Cependant, il accepta finalement de le faire :

« En tant que membre du parti, il craignait qu’on ne l’envoie en Sibérie et réfléchissait à la manière dont il pourrait échapper à ce sort. (…) Je leur demandai s’ils seraient d’accord pour héberger [mon fils] Manfred en échange d’une compensation appropriée. Là, ils acceptèrent36. »

A partir de ce moment-là, le couple faisait partie du « réseau » d’aide. Lors de l’arrivée de l’Armée Rouge en 1945, ils tentèrent aussitôt de faire de leur engagement un avantage, comme le remarqua Erna lors de l’arrivée de l’Armée Rouge en 1945. Erna et sa famille en furent témoins depuis chez les Grimm:

« M. et Mme Grimm racontèrent immédiatement à tous les locataires que nous étions Juifs et qu’ils nous avaient aidés ! Tout le monde était stupéfié et j’étais choquée qu’ils annoncent cela dès ce moment ! Les locataires restèrent sans voix puisque les Grimm étaient connus pour être de bons Nazis, ils n’arrêtaient pas de s’interroger !37 »

Cet épisode souligne la complexité et les ambiguïtés morales qui déterminent les motivations de l’aide. Dans de nombreux cas, l’acte d’aide doit être replacé dans le contexte de la satisfaction d’intérêts personnels, qu’ils soient financiers, émotionnels ou, comme dans le cas présenté ici, directement en lien avec les prévisions concernant la période suivant la défaite de l’Allemagne.

Bibliographie

Broszat und Fröhlich, Alltag und Widerstand. Bayern im Nationalsozialismus, München: Piper 1987.

Dieckmann, Christoph (Hg.): Die Deportation der Judenaus Deutschland. Pläne - Praxis - Reaktionen; 1938-1945, Göttingen: Wallstein-Verl. 2004.

Ebbinghaus, Angelika/Linne, Karsten (Hg.): Kein abgeschlossenes Kapitel. Hamburg im "Dritten Reich", Hamburg: EuropäischeVerlagsanstalt 1997.

Gruner, Wolf: Judenverfolgung in Berlin 1933-1945. Eine Chronologie der Behördenmaßnahmen in der Reichshauptstadt, Berlin: Topographie des Terrors 2009.

Kosmala, Beate: »Zwischen Ahnen und Wissen«, in: ChristophDieckmann (Hg.), Die Deportation der Judenaus Deutschland. Pläne - Praxis - Reaktionen ; 1938-1945, Göttingen: Wallstein-Verl. 2004, p. 135–159.

—: »Stille Helden«, in: Aus Politik und Zeitgeschichte. Beilage zur Wochenzeitung „Das Parlament“ 14-15 (2007).

Lustiger, Arno (Hg.): Rettungswiderstand. Das Buch von den Judenrettern im Nationalsozialismus, Berlin: Suhrkamp 2011.

—: »Einführung«, in: Arno Lustiger (Hg.), Rettungswiderstand. Das Buch von den Judenrettern im Nationalsozialismus, Berlin: Suhrkamp 2011, p. 17–32.

Rudolph, Katrin: Hilfe beim Sprung ins Nichts. Franz Kaufmann und die Rettung von Juden und "nichtarischen" Christen (= ReiheDokumente, Texte, Materialien, Band 58), Berlin: Metropol-Verlag 2005.

Schieb, Barbara: Interview mit Konrad Latte, Berlin 1989.

Schoppmann, Claudia: »Die ‚Fabrikaktion‘ in Berlin. Hilfe für untergetauchte Juden als Form des humanitären Widerstandes«, in: Zeitschrift für Geschichtswissenschaft 53 (2005), p. 138–148.

Schwarz, Angelika: »Von den Wohnstiftenzu den „Judenhäusern“«, in: Angelika Ebbinghaus/KarstenLinne (Hg.), Kein abgeschlossenes Kapitel. Hamburg im "Dritten Reich", Hamburg: Europäische Verlagsanstalt 1997.

Schwersenz, Jizchak: Die versteckteGruppe. Ein jüdischer Lehrer erinnert sich an Deutschland, Berlin: Wichern-Verl. 2000.

Segal, Erna: Autobiographischer Bericht von Erna Segal. Manuskript 1956.

Tausendfreund, Doris: ErzwungenerVerrat. Jüdische "Greifer" imDienst der Gestapo 1943 - 1945 (= Reihe Dokumente, Texte, Materialien, Band 62), Berlin: Metropol Verl. 2006.

Willems, Susanne: Der entsiedelte Jude. Albert Speers Wohnungsmarktpolitik für den Berliner Hauptstadtbau, Berlin: Edition Hentrich 2002.

  • 1. Les recherches sur lesquelles se fonde cet article ont été financées par la Fondation Gerda Henkel. Cet article paraîtra également dans Gamper, Markus, Reschke, Linda et Düring, Marten (ed): Knoten und Kanten III. Netzwerke in Politik- und Geschichtswissenschaften, Bielefeld [2014] avec l’aimable permission de la maison d’édition Transcript. Le terme allemand de « Verflogte », littéralement « poursuivi » est traduit ici par « clandestin » car le témoignage étudié porte sur les Juifs clandestins.
  • 2. De nombreux cas sont discutés dans: Moore, Bob, Survivors: Jewish Self-help and Rescue in Nazi-occupied Western Europe. Oxford, New York : Oxford University Press, 2010.
  • 3. Lustiger 2011 – Einführung, p. 17 [je souligne].
  • 4. Sur l’histoire des « Maisons de Juifs » voir : Willems, Susanne: Der entsiedelte Jude. Albert Speers Wohnungsmarktpolitik für den Berliner Hauptstadtbau, Berlin: Edition Hentrich 2002, c2000 et Schwarz, Angelika: « Von den Wohnstiften zu den „Judenhäusern“ », in : Angelika Ebbinghaus/Karsten Linne (Hg.), Kein abgeschlossenes Kapitel. Hamburg im "Dritten Reich", Hamburg: Europäische Verlagsanstalt 1997.
  • 5. Pour un rapport détaillé des lois anti-juives à Berlin voir : Gruner, Wolf: Judenverfolgung in Berlin 1933-1945. Eine Chronologie der Behördenmaßnahmen in der Reichshauptstadt, Berlin: Topographie des Terrors 2009 et Schoppmann, Claudia: « Die ‚Fabrikaktion‘ in Berlin. Hilfe für untergetauchte Juden als Form des humanitären Widerstandes », in : Zeitschrift für Geschichtswissenschaft 53 (2005), p. 138–148.
  • 6. Cité dans : Lustiger, Arno : « Einführung », in : Arno Lustiger (Hg.), Rettungswiderstand. Das Buch von den Judenrettern im Nationalsozialismus, Berlin: Suhrkamp 2011, p. 17–32, p.21.
  • 7. Kosmala, Beate: « Stille Helden », in : Aus Politik und Zeitgeschichte. Beilage zur Wochenzeitung „Das Parlament“ 14-15 (2007), p. 34.
  • 8. Karl-Heinz Reuband, cité dans : Kosmala, Beate: « Zwischen Ahnen und Wissen », in : Christoph Dieckmann (Hg.), Die Deportation der Juden aus Deutschland. Pläne - Praxis - Reaktionen ; 1938-1945, Göttingen : Wallstein-Verl. 2004, p. 135–159, p. 136.
  • 9. Kosmala 2011 – Stille Helden, p. 34.
  • 10. Broszat und Fröhlich, Alltag und Widerstand. Bayern im Nationalsozialismus, München: Piper 1987.
  • 11. http://www.gdw-berlin.de/ (30.9.2013)
  • 12. Kosmala 2004 – Zwischen Ahnen und Wissen, p. 140.
  • 13. Sur l’histoire des espions juifs à Berlin voir : Tausendfreund, Doris: Erzwungener Verrat. Jüdische "Greifer" im Dienst der Gestapo 1943 - 1945 (= Reihe Dokumente, Texte, Materialien, Band 62), Berlin: Metropol Verl. 2006.
  • 14. https://nodexl.codeplex.com/
  • 15. http://gephi.org/
  • 16. Erna Segal, Rapport autobiographique, Gedenkstätte Deutscher Widerstand, Berlin, 250 ff.
  • 17. Erna Segal a choisi de changer les noms de ses enfants Gerda et Manfred, quelques unes des personnes qui lui sont venues en aide sont seulement désignées par leur prénom ou par des termes génériques comme « comtesse » ou « prêtre ». Jusqu’ici, seulement trois personnes ayant apporté leur aide ont été formellement identifiées, le nom de deux autres apparaît dans l’annuaire actuel, on manque cependant d’informations à ce stade. Wanda Feuerherm et Dr. Aub, qui sont venus en aide à la famille Segal, ont été honorés du titre de Juste parmi les Nations par le mémorial israélien YadVashem.
  • 18. Rapport d’Erna Segal, p. 39.
  • 19. Rapport d’Erna Segal, p. 90f.
  • 20. Rapport d’Erna Segal, p. 75.
  • 21. Rapport d’Erna Segal, p. 94,95.
  • 22. Tausendfreund 2006 – ErzwungenerVerrat. Le clandestin Konrad Latte décrit dans un entretien la manière dont une personne qui était susceptible de l’aider prit peur en entendant parler de lui et refusa de l’aider parce qu’il craignait un piège de la Gestapo. Schieb, Barbara : Entretien avec Konrad Latte, Berlin 1989.
  • 23. Report Erna Segal, p. 143.
  • 24. Rapport Erna Segal, p. 143.
  • 25. Rapport Erna Segal, p. 114-115.
  • 26. Rapport Erna Segal, p. 156; 159.
  • 27. Une analyse approfondie de ces structures sociales est néanmoins difficile. Erna Segal fournit généralement peu d’informations sur les relations entre ses aides. Elle les décrit souvent comme des « connaissances » ou des « amis » sans plus de précision. Une analyse fine de ces autres liens est à ce stade impossible.
  • 28. Nous manquons d’informations sur les relations entre les intermédiaires et les nouveaux aides potentiels à l’intérieur des chaînes d’intermédiation. Cependant, dans 13 cas sur 37, ces liens entre intermédiaires et nouveaux aides étaient forts et fondés sur la confiance.
  • 29. Cela ne signifiait évidemment pas que cette personne était, objectivement, la plus à même d’aider.
  • 30. Rapport d’Erna Segal, p. 132, 139, 140, 151, 173, 193, 196.
  • 31. A cette fin, j’ai analysé les relations entre la famille Segal et 54 des personnes leur étant venues en aide et pour lesquelles il était possible de bénéficier de suffisamment d’informations concernant les particularités de leur relation. Ce type d’informations n’était pas disponible pour les 25 personnes restantes.
  • 32. Ont été compté toutes les relations que les quatre membres de la famille entretenaient avec d’autres personnes qui leur venaient en aide, j’ai trouvé 9 connaissances et quatre relations décrites comme des « amitiés ». Les relations ont été interprétées sur la base du rapport d’Erna Segal, toute caractérisation ambiguë a été ignorée. Les liens entre les membres de la famille (8) et les liens entre les personnes venant en aide (25) ont également été ignorés. Dans 14 cas, les informations disponibles étaient insuffisantes.
  • 33. L’aide apportée par Wanda pour l’hébergement, la nourriture et le soutien émotionnel est mentionnée à plus de 20 reprises dans le rapport.
  • 34. Rapport d’Erna Segal, p. 145f.
  • 35. Rapport d’Erna Segal, p. 169.
  • 36. Rapport d’Erna Segal, p. 176.
  • 37. Rapport d’Erna Segal, p. 211.

Citer cet article

Marten Düring, Les dynamiques d’aide aux Juifs clandestins pendant la seconde guerre mondiale: Le cas de la famille Segal. , Mass Violence & Résistance, [en ligne], publié le : 6 Septembre, 2016, accéder le 17/05/2021, http://bo-k2s.sciences-po.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/les-dynamiques-d-aide-aux-juifs-clandestins-pendant-la-seconde-guerre-mondiale-le-cas-de-la, ISSN 1961-9898
Retour en haut de page