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15.12.2017

Executive Master General Counsel : s'adapter à un monde du droit en pleine mutation

Elle est avocate en cabinet, il est responsable juridique au sein d'un groupe du CAC 40. Deborah Vaussy et Stéphane Alaphilippe ont intégré la première promotion de l'Executive Master General Counsel de Sciences Po Executive Education. Deux profils distincts qui retrouvent dans la formation un même objectif, essentiel à leurs yeux : s'adapter à un monde du droit en pleine mutation.

Qu'est-ce qui a incité des professionnels expérimentés comme vous à reprendre le chemin de l’école ?

Deborah Vaussy (D.V.) : Je voulais prendre de la hauteur par rapport à l'exercice quotidien de mon métier. J'exerce la profession d'avocat depuis 11 ans, et il me paraît essentiel de regarder autour de nous : comment travaillent d'autres professionnels du droit, et comment s'adapter aux nouveaux enjeux qui touchent nos professions. Stéphane Alaphilippe (S.A.) : Je souhaitais pour ma part surtout pouvoir réfléchir sur le rôle évolutif confié aux directeurs juridiques. C'est un exercice très enrichissant, d'autant plus dans un contexte qui change rapidement !

Parlez-nous de ce contexte. En quoi a-t-il changé ?

D. V. : Les métiers du droit sont en train de muter. De nombreuses raisons l'expliquent : l'évolution technologique, l'accès à l'information, l'arrivée de nouveaux acteurs sur le marché du droit, la métadonnée et l'utilisation qui en est faite ou qui peut en être faite, le développement de l'intelligence artificielle, etc. Ces changements sont très rapides. Ils nous imposent de réfléchir à l'exercice du droit et de travailler au redéploiement de notre valeur ajoutée. S. A. : La question de notre valeur ajoutée est en effet centrale. Être là pour seulement dire le droit, c'est l'assurance d'avoir une valeur ajoutée faible. Le juriste et l'avocat doivent donc aussi faire le droit et être dans l'anticipation. On ne nous demande plus seulement de dire si telle clause est bien rédigée mais de travailler au déploiement d’outils permettant de mieux maîtriser les risques juridiques. Règles internes, cartographies des risques, automatisation de contrats, etc., sont autant d’outils qui nous permettent de devenir pleinement acteurs de la stratégie de l'entreprise.

Et pour accompagner cette évolution de la profession, vous devez donc aller au-delà des seules connaissances théoriques en droit...

D. V. : La formation théorique initiale ne suffit pas pour nous confronter aux enjeux de nos clients. L'Executive Master General Counsel nous apporte cette ouverture d'esprit nécessaire : on casse les silos, on prend de la hauteur, cela débouche sur une véritable réflexion. C’est essentiel pour l'évolution de nos métiers. S. A. : Exactement, et cela est parfaitement illustré dans certains modules qui correspondent à un véritable « couteau suisse » pour directeur juridique. Il est un spécialiste du droit mais aussi quelqu'un qui doit être capable de lire un bilan, de savoir analyser des chiffres, d'avoir une stratégie sur des actifs incorporels, de comprendre l’humain, etc. De ce point de vue, la formation proposée ici est extrêmement enrichissante.

La formation vous a amené à vous pencher sur la question de l'intelligence artificielle, qui pourrait modifier en profondeur les missions de votre profession...

D. V. : L'intelligence artificielle est un sujet essentiel pour nous, mais pas seulement : il est donc important de l'étudier pour tenter d'en déterminer les implications et les enjeux. Elle peut représenter aujourd'hui un appui formidable pour le juriste, prenant en charge les tâches répétitives et chronophages. Mais nous constatons aussi que, à mesure que ces machines apprennent, notre valeur ajoutée se déplace et doit tendre à se concentrer sur des tâches à haute technicité. Cela nous conduira également à mettre en avant nos compétences humaines telles l'empathie, la créativité, l'imagination etc. S. A. : C'est une évolution qui nous concerne tous. Et comme le dit Deborah, les soft skills (les compétences comportementales) sont, pour nous, un atout face aux machines. Le sujet n'en impose pas moins aux juristes de sortir aujourd'hui de leur zone de confort, et d’avoir un regard attentif sur ces évolutions. De ce point de vue, notre promotion nous permet d'avoir une intéressante vision d'ensemble, secteur par secteur, profession par profession, tant les participants viennent d'horizons divers.

Justement, parlez-nous de vos condisciples. Avez-vous retrouvé ici le même « esprit de promo » que vous avez pu connaître lors de votre formation initiale ?

S. A. : Il existe la rue Saint-Guillaume (adresse de Sciences Po formation initiale, ndlr)... mais c'est très bien aussi rue des Saints-Pères (adresse de Sciences Po Executive Education, ndlr) ! (rires) D. V. : C'est une promotion que je trouve particulièrement prompte à l'échange, ça fonctionne bien entre nous ! Il y a une grande diversité des parcours, les échanges sont intéressants et cela renforce la richesse de notre groupe. S. A. : C'est là un point essentiel : si notre promo est riche, c'est en effet parce qu'elle est très variée. C'est une mosaïque des professionnels du droit : on trouve des avocats exerçant à titre individuel ou dans des structures, des juristes d'entreprise pratiquant dans des entités en région ou dans des entreprises du CAC 40... Et cela dans une grande variété de spécialités (pénal, fusions/acquisitions, conformité,...) et de secteurs d'activités (économie sociale et solidaire, énergie, informatique, luxe, etc.).

Un environnement propice à l'enrichissement mutuel, mais aussi au développement de son réseau...

S. A. : Cela fait également partie des atouts d'une telle formation. Et le fait que le Cercle Montesquieu ait participé activement à la préparation du programme est un gage de qualité, mais évidemment aussi un plus pour développer les échanges comme nos réseaux.

Au-delà, qu'attendez-vous comme bénéfice d'une telle formation ?

S. A. : C'est d'abord l'occasion de détecter des bonnes pratiques. Lorsque j'assiste à une présentation et que je repars ne serait-ce qu’avec une bonne idée, je me dis que l'objectif est atteint ! Il est d’ailleurs le plus souvent dépassé. D. V. : Les échanges que nous avons ici peuvent déboucher sur des mises en application concrètes et nous offrir une nouvelle façon d'exercer. Nous avons par exemple assisté à une présentation sur les indicateurs de performance. Ils permettent de quantifier et de qualifier la valeur ajoutée des juristes. La mise en pratique d'un tel outil constitue un vecteur important de communication sur les métiers de droit, qui doit être utilisée.

Et à plus long terme ?

S. A. : J'encadre une équipe d'une quinzaine de personnes. La partie de l'enseignement dédiée au management est donc, pour moi, passionnante. Cela doit aider à la gestion des équipes au quotidien, mais aussi à mieux comprendre comment les pouvoirs s'organisent dans un groupe, d'où viennent les blocages éventuels et donner des clés pour améliorer les relations professionnelles. Dans un monde de l'entreprise où la direction juridique s'ouvre de plus en plus et est associée à tous les projets stratégiques, c'est précieux. D. V. : La formation me sera indubitablement utile sur le long terme en ce qu'elle enrichit ma réflexion sur mon parcours professionnel . Elle m'a, par exemple, convaincue de m'intéresser aux innovations et à l'ensemble des questions juridiques que celles-ci soulèvent.

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