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15.10.2014

Made in Sciences Po : 5 start-ups au destin international

Alors que 39% des diplômés 2012 ont trouvé un travail hors de France, nous sommes partis à la rencontre de cinq start-ups issues de l'incubateur de Sciences Po : Weblib, Price Match, Selectra, Spideo, et Contract Live. Cinq entreprises du digital dont les défis et les perspectives se jouent aujourd'hui en grande partie à l'étranger.

Partir pour chercher l'innovation

Une bonne raison de quitter la France est d'aller chercher l'innovation là où elle se trouve. Spécialisée dans le yield management (optimisation du rendement) hôtelier, Price Match a choisi de se lancer directement aux Etats-Unis. Arthur Waller, cofondateur, raconte : "C'est le marché le plus important et qui compte les concurrents les plus en pointe, ce qui nous a permis d'apprendre en accéléré les aspects techniques du métier. Et c'était aussi un peu par esprit de défi !" Le temps de perfectionner ses algorithmes et de rôder ses techniques de vente, la start-up s'est maintenant lancée dans l'hexagone et prépare l'ouverture de six autres bureaux dans le monde.

Même son de cloche chez Spideo, une start-up dont les algorithmes de recommandation de VOD (vidéo à la demande) équipent notamment l'offre de Canal Play. "Le marché de la VoD étant restreint en France, nous nous sommes très rapidement intéressés à l'international pour notre développement, et notamment au marché américain," juge Thibault d'Orso, cofondateur de Spideo. Les Etats-Unis, terre promise des business models du digital ? Une version des faits que corrobore Mathieu Lhoumeau, cofondateur de Contract Live, une start-up spécialisée dans la gestion de contrats en ligne. "Pour les sociétés de software et de cloud, la Silicon Valley reste l’endroit le plus pertinent."

Exporter un business model bien rôdé

Alors que certaines partent bille en tête, d'autres prennent le temps de consolider leur business model en France. Le bon moment dépend du secteur d'activité.

Spécialisée dans la comparaison des offres des fournisseurs d'énergie, la start-up Selectra a attendu six ans avant d'initier sa conquête du marché espagnol. Une durée nécessaire pour pouvoir construire une expertise dans ses deux domaines d'activité : l'apport d'affaires aux fournisseurs d'énergie via un centre d'appels, et la gestion d'un vaste réseau de sites web d'information. Aujourd'hui, Selectra prépare son lancement dans une vingtaine de pays, avec pour perspective un cycle de développement bien plus court. Un an après son lancement en septembre 2013, l'antenne espagnole compte déjà 35 collaborateurs.

D'après Xavier Pinon, cofondateur : "Les marchés de l'énergie sont en voie d'ouverture à la concurrence dans de nombreux pays du monde. Nous suivons le calendrier pour profiter de la ruée vers l'or dans chacun de ces pays." 

Un siège à Paris, des clients partout

Pour se lancer sur plusieurs marchés à la fois, Selectra a choisi de se transformer à son tour en incubateur d'autant de start-ups que l'entreprise compte de pays cibles, et donc de futures filiales. Ce modèle fait figure d'exception dans l'univers des start-ups du web.

Pour nombre d'entre elles, il est en effet plus pratique de conserver ses activités sur le sol français. C'est le cas pour Weblib, une société spécialisée dans la digitalisation des points de vente. Arthur Philbé, cofondateur, explique : "Nous installons des solutions wifi et tablettes dans 22 pays en Europe et dans le monde. Mais le développement et la R&D, le cœur de notre savoir-faire, sont réalisés exclusivement dans nos bureaux de Boulogne-Billancourt".

Mais sur les marchés stratégiques, le développement commercial passe généralement par une présence pérenne sur place. Chez Price Match, toutes les activités sont restées en France, hormis la partie développement aux Etats-Unis. Chez Contract Live, on a délocalisé l'ensemble des activités de vente dans la Silicon Valley à la rentrée dernière, les équipes de R&D restant à Paris.

L'incubateur de Sciences Po, un tremplin en France

Avant de se lancer à l'international, toutes les start-ups que nous avons rencontrées ont fait un séjour à l'incubateur qui s'est avéré déterminant. Certaines ont puisé dans le réseau de prestataires, de fonds de capital-risque et de clients potentiels, quand d'autres se sont contentées de profiter de l'espace de travail gratuit. Pour Mathieu Loumeau, "au-delà de la méthode que j’ai pu apprendre à Sciences Po, l’incubateur de Sciences Po que nous avons rejoint lors de la création de la société a été d’une immense aide : accès gratuit à des avocats et experts comptables, ateliers sur des sujets variés, contacts privilégiés avec des investisseurs, etc."  Des compétences et des réseaux qui sont, à ce stade, concentrés sur le territoire français..

L'international, une affaire de rencontres

L’expansion à l'international, à l'instar de la création d'entreprise, est d'abord une affaire de rencontres. Pour le cofondateur de Spideo, "se faire connaître dans un nouveau pays, quand on est une jeune start-up, nécessite de réussir à convaincre personnellement les décisionnaires clés." Pour cela, Spideo a notamment pu compter sur le réseau de ses actionnaires.

Une règle que ne démentirait pas Weblib, dont le premier client a été la multinationale McDonald's. Dans ce cadre-là, le gap culturel, et en particulier les différences de cultures d'entreprise, deviennent une problématique majeure - mais jamais un facteur bloquant, selon Weblib. "De manière générale les règles de bon sens marchent partout : communiquer souvent et sans ambiguïté, reconnaître les problèmes quand il y en a, et proposer des solutions sans attendre ! "

L'international est-il la clé du succès pour les entrepreneurs ? La réponse à cette question tient peut-être dans cette phrase du cofondateur de Weblib : "L’international est sans aucun doute le défi le plus excitant à relever pour tout créateur d’entreprise, alors foncez !" 

Nicolaï d’Ornano, École de la Communication, promotion 2011

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