Le CSO, d'hier à aujourd'hui

Au début des années 60, Michel Crozier rassemble autour de lui les jeunes chercheurs qui forment le noyau de son équipe. Ils sont logés dès 1962 rue Geoffroy Saint Hilaire, à Paris, dans l’immeuble du Club Jean Moulin dont Michel Crozier est un membre très actif. Les enquêtes sur l’administration française, dont le coup d’envoi est donné en 1964 avec un financement de la DGRST*, vont souder le groupe qui est reconnu par le CNRS dès 1967, prend le nom de « Centre de sociologie des organisations », le CSO, en 1970, et devient une équipe autonome du CNRS en 1975.

Michel Crozier gère son équipe comme « un patron de PME », accueille les étudiants qui apprennent le travail du sociologue en participant à des enquêtes sur le terrain dirigées par des chercheurs de l’équipe.  La formation originale dispensée au CSO s’appuie sur l’Association pour le Développement des Sciences Sociales Appliquées (Adssa), une association loi 1901 créée par M. Crozier, H. Mendras et JD. Reynaud. A partir de 1975, le diplôme du Cycle supérieur de sociologie délivré par l’Adssa est homologué et devient le  DEA de sociologie de Sciences Po. Les enquêtes du CSO  portent sur la réforme de l’Etat et la décentralisation, sur l’organisation dans l’industrie ou les services administratifs, et elles sont financées par la Direction générale de la recherche scientifique et technique (DGRST), mais aussi par la MSH, le Comité d’organisation des recherches appliquées sur le développement économique et social (CORDES), ou par les ordonnateurs eux-mêmes (EDF, SNCF, CAF, St Gobain). Les rapports d’enquête se transforment en ouvrages publiés. En même temps, sont soutenues les premières thèses d’étudiants formés au CSO (1 en 1977, 3 en 1979).

En 1979, l’équipe se reforme – plusieurs chercheurs quittent le CSO tandis que cinq chercheurs sont accueillis au cours de la décennie suivante – et déménage pour s’installer dans les locaux du 19 rue Amélie. En même temps que se multiplient les thèses, de nouveaux sujets d’étude apparaissent : les services, l’innovation.
Au cours des années 80 et 90, la collaboration avec les cabinets de conseil se développe et se traduit par des contrats de recherche et des débouchés pour les étudiants. En 1990, un grand colloque à Cerisy consacré à l’œuvre de Michel Crozier propose un bilan de la sociologie des organisations. Le CSO, ouvert à l’international dès sa naissance, participe à de nombreux réseaux scientifiques et accueille le secrétariat d’EGOS pendant quatre ans (1992-96) tout comme il héberge aujourd’hui la SASE.

Au cours des années 2000, le CSO va connaître une évolution majeure. En 2001, au terme d’une collaboration de plus en plus étroite, notamment en matière d’enseignement, le CSO devient officiellement un laboratoire de Sciences Po, et une unité mixte de recherche du CNRS. En 2005, le DEA de sociologie se transforme en Master et le CSO est appelé à jouer un rôle de plus en plus actif dans l’enseignement à Sciences Po. La double tutelle apporte à l’équipe une meilleure assise financière et une structure administrative renforcée.  Les contrats de recherche sont financés principalement  par des organismes publics ou des agences de l’Etat.  Mais c’est dans sa composition que l’équipe s’est le plus modifiée : à partir de 2000 elle s’accroît chaque année d’un ou plusieurs chercheurs qui viennent d’horizons différents. Formés ailleurs qu’au CSO, ils intègrent l’apport d’autres champs de la sociologie (sociologie politique, sociologie économique) et du croisement des disciplines (histoire, science politique); ils renouvellent les anciens champs de recherche (territoires, santé, politiques publiques…) ou en développent de nouveaux (marchés, professions..) ; en fin si l’enquête  par entretien reste la méthode privilégiée, elle est complétée par d’autres approches qualitatives ou quantitatives.


Martine Gillet
Décembre 2014

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