Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

Aucun résumé

 

Contre-jour
Le Yémen après le 11 septembre 2001 : entre construction de l’État et rétrécissement du champ politique
François Burgat
9-21

Considéré un temps comme une cible potentielle de la « guerre contre la terreur », le Yémen a très vite été désigné comme le partenaire des États-Unis dans l’ambitieuse offensive sécuritaire déclenchée au lendemain du 11 septembre 2001. S’il a su un temps gérer cette alliance impopulaire avec habilité et réalisme, le président Ali Abdallah Saleh n’a pu empêcher que ses concessions à l’égard de Washington ne génèrent des protestations populaires. Les excès de la répression mise en œuvre contre le radicalisme des partisans du dissident Hussein al-Hûthî ont causé la plus grave crise que le pays ait traversée depuis la guerre civile de 1994.

Contre-jour
Après le Patriot Act : la seconde vague de l’antiterrorisme aux États-Unis
Mark Sidel
23-37

Cet article traite de la « seconde vague » de mesures antiterroristes mises en place aux Etats-Unis par l’administration Bush et qui vont au-delà du fameux « Patriot Act ». Après l’examen de certaines de ces initiatives, dont le Total Information Awareness, le Matrix Program, le programme de sécurité aérienne CAPPS II, etc., l’article présente l’impact de ces initiatives sur le milieu universitaire et les associations caritatives aux Etats-Unis, ainsi que la large coalition libéraux-conservateurs qui est apparue à certains moments pour contrecarrer tant les initiatives de cette « seconde vague » que le renouvellement du Patriot Act. Si cette coalition est parvenue à ralentir ou limiter les effets d’un certain nombre de mesures antiterroristes, elle s’est montrée moins efficace du point de vue du Patriot Act.

Contre-jour
Le renouvellement des perspectives transnationales de la Chine
Carine Pina-Guerassimoff
39-52

Loi sur la nationalité de la République populaire de Chine va-t-elle être modifiée dans les prochaines années afin de permettre aux ressortissants chinois établis à l’étranger d’obtenir la double nationalité ? Si la question est loin d’être résolue, elle est symptomatique de l’intérêt grandissant des autorités de Pékin pour les nouveaux émigrés (les Xin Yimin), tant sur le plan économique que politique. Les actions en faveur de la pérennisation des relations semblent aujourd’hui se multiplier. Progressivement, les trois piliers traditionnels de l’action des autorités chinoises en faveur du maintien des liens avec les émigrés (les associations, l’information et l’éducation) ont retrouvé leur pleine légitimité. Il semblerait finalement que le désir des autorités de Pékin d’entretenir le transnationalisme économique et politique des Xin Yimin ait finalement plus de perspectives de succès avec cette génération de nouveaux migrants qu’avec les précédentes.

Champ libre
Une nation sur mesure : la politique d’immigration dans la formation des États-Unis
Aristide R. Zolberg
55-77

Qu’elle relève du gouvernement fédéral – comme aujourd’hui – ou pour partie des États fédérés – comme durant la période antérieure à la guerre de Sécession –, la politique d’immigration des États-Unis apparaît comme l’un des principaux instruments de la construction de la nation. Depuis la fin du XIXe siècle, elle a donné lieu à la formation de deux coalitions hétérogènes au regard du clivage gauche-droite et situées dans un espace formé par deux axes perpendiculaires, l’un correspondant au domaine de l’économie politique, l’autre, à celui de la culture politique, envisagée dans sa dimension identitaire. La première est composée principalement des gros utilisateurs de main-d’œuvre et des communautés immigrées de fraîche date, tandis que la seconde réunissait jusqu’à récemment les syndicats ouvriers et les défenseurs du statu quo culturel. En dépit du virage sécuritaire de l’après-11 septembre 2001, le courant restrictionniste a pour l’heure échoué à imposer une rupture analogue à ce qu’avait pu représenter la législation des années 1920, et il est peu probable qu’il y parvienne.

Champ libre
Les mobilisations eurosceptiques au Royaume-Uni : une continuité historique ?
Julian Mischi
79-101

La mise en perspective historique des mobilisations tournées contre l’intégration communautaire au Royaume-Uni permet de souligner la singularité de la période contemporaine où l’on observe un développement des groupes de pression eurosceptiques hors de la sphère parlementaire et des deux partis dominants. Les enjeux européens ont non seulement fragilisé le système bipartisan britannique en déclenchant des scissions et la création de nouveaux partis, mais ils ont également modifié les manières de faire de la politique et politisé certains segments de la population. L’opposition britannique à la construction européenne se structure autour de trois principaux axes rhétoriques d’ordre socio-économique, politique et géopolitique. Ces trois thématiques renvoient à trois types de discours portés sur l’Europe : utilitariste (quel intérêt le Royaume-Uni a-t-il à participer au processus d’intégration communautaire ?), souverainiste (la présence dans les structures communautaires remet-elle en cause la souveraineté parlementaire britannique ?) et (inter)nationaliste (la place et le rôle singuliers du Royaume-Uni dans le monde sont-ils compatibles avec le projet européen ?).

Champ libre
La révolution de velours » dans les sciences sociales tchèques - introduction
Muriel Blaive
103-106

S’appuyant sur des entretiens biographiques avec les protagonistes de la recherche qualitative en sciences sociales en République tchèque, cet article retrace l’évolution de l’approche qualitative avant et après 1989 et présente plus en détail six projets de recherche importants, menés au cours de la période postcommuniste. Il s’intéresse en particulier à la lecture que les acteurs font de leur propre travail et propose une réflexion sur la confrontation de ces travaux avec la « science occidentale ». À différents niveaux, il se penche sur les liens qui existent entre la recherche qualitative et le terrain examiné, souligne l’interconnexion entre la position des chercheurs et l’agenda des thèmes de recherche, ainsi que la forme de loyauté qui se construit envers le terrain au fil de la recherche, puis les choix qui se dégagent lors du traitement des résultats qu’elle produit.

Champ libre
« La révolution de velours » dans les sciences sociales tchèques
Barbora Spalová
107-131

S’appuyant sur des entretiens biographiques avec les protagonistes de la recherche qualitative en sciences sociales en République tchèque, cet article retrace l’évolution de l’approche qualitative avant et après 1989 et présente plus en détail six projets de recherche importants, menés au cours de la période postcommuniste. Il s’intéresse en particulier à la lecture que les acteurs font de leur propre travail et propose une réflexion sur la confrontation de ces travaux avec la « science occidentale ». À différents niveaux, il se penche sur les liens qui existent entre la recherche qualitative et le terrain examiné, souligne l’interconnexion entre la position des chercheurs et l’agenda des thèmes de recherche, ainsi que la forme de loyauté qui se construit envers le terrain au fil de la recherche, puis les choix qui se dégagent lors du traitement des résultats qu’elle produit.

Variations
Variations - Économies politiques des privatisations
Sous la responsabilité de François Bafoil
135-136

 

Aucun résumé

 

Variations
Privatisations et formation des États est-européens
137-152

L’analyse des politiques de privatisation en Europe centrale et orientale met en valeur le passage du processus de transition du capitalisme prédateur des premiers moments de la transition hors du communisme, au capitalisme davantage régulé sur une base légale. Ce dernier a été l’indicateur de la rationalisation croissante des aires de jeu, économiques, politiques et administratives. L’Union européenne a joué, à cet égard, un rôle important par la consolidation des agences de régulation. Cette transition n’a pas répondu à une nécessité interne, qui aurait conduit à l’évolution irréversible d’une forme de capitalisme à une autre, elle n’a pas davantage produit une identité des formes adoptées qui autoriserait à parler d’un type de capitalisme de marché « est-européen ».

Variations
Idéologie néolibérale et entreprenariat politique au Japon
Yves Tiberghien
153-171

Le Japon a connu deux grandes périodes de privatisation : celle des chemins de fer et des télécommunications sous le Premier ministre Nakasone (1982-1986) et celle de la Poste sous le Premier ministre Koizumi (2001-2006). Entre ces deux épisodes, le Japon a également poursuivi un programme de dérégulation et de libéralisation de son économie (1996-2006). L’article analyse les processus politiques expliquant ces événements successifs. Il démontre que l’idéologie néolibérale n’a pas été un facteur déterminant en soi et qu’elle a souvent été minoritaire au Japon. En fait, les grandes réformes de privatisation ont eu lieu lorsque des entrepreneurs politiques dotés d’une grande autonomie politique ont réussi à instrumentaliser cette idéologie pour la mettre au service de gains politiques directs et ont utilisé la privatisation comme outil de restructuration politique

Variations
Quelle restructuration des PME d’État en Chine ?
Jean-François Huchet
173-187

En Chine, sur le plan politique, la privatisation n’a jamais été pleinement reconnue comme en Europe de l’Est ou dans les pays de l’ex-URSS. Pourtant, elle a constitué l’axe majeur du processus de restructuration des entreprises d’État chinoises depuis 1994. Les résultats sont très contrastés et dépendent majoritairement des environnements concurrentiels et institutionnels dans lesquels ces privatisations se sont déroulées. La privatisation a débouché sur des résultats médiocres (a fortiori dans les cas de vente des actifs aux employés des entreprises où les compétences et les contrôles internes ont peu évolué) lorsqu’elle a été menée dans un environnement peu concurrentiel où les institutions (juridiques, bureaucratiques, fiscales, bancaires) supportant une économie de marché étaient défaillantes. De ce fait, dans les provinces de l’Ouest, du Nord-Est et de l’intérieur, où le secteur public est encore dominant, l’État central doit désormais intervenir plus lourdement pour accélérer les réformes de la protection sociale, des banques commerciales et de l’environnement juridique afin d’améliorer l’efficacité des programmes de restructurations des PME d’État. En revanche, dans les provinces côtières, le degré important de privatisation de type « greenfield » de l’économie a été un élément déterminant dans la rapidité et l’efficacité des processus de privatisation des PME d’État.

Variations
Réformes et nouvelle économie politique en Inde
Joël Ruet
189-207

Quand l’Inde a amorcé sa réforme libérale en 1991, la privatisation devait faire partie de l’éventail des politiques publiques. Force est de reconnaître, quinze ans plus tard, que cette dernière a fait long feu. Son absence permet de comprendre ce qu’ont été les réformes libérales, et de caractériser la forme qu’a prise en Inde « la libéralisation ». L’économie politique de l’Inde se transforme, mais la fonction de l’État demeure celle d’une construction nationale par les voies de la redistribution. Dès lors, si au tournant des années 1990 les blocages accumulés du système plaidaient indéniablement pour sa réforme, la priorité pour l’État durant ces quinze dernières années a plutôt été d’accompagner l’industrie privée dans sa dynamique de modernisation et de croissance et de ménager la petite industrie. L’Inde a rétrospectivement adopté la voie chinoise du renforcement préalable d’une sphère privée dynamique en dehors du secteur public, stratégie avisée qui a lui permis de dégager les ressources macroéconomiques propres à financer le coût de la transition politique aussi bien qu’économique. L’économie politique de l’Inde s’est ainsi refondée sur des enjeux plus immédiats que ceux de la privatisation, simple outil parmi d’autres. Cette négociation politique et sociale du dépassement de l’idée de privatisation a sans doute marqué l’entrée de l’Inde dans une « deuxième modernité économique »

Lectures
Lecture
Emmanuelle Saada
211-216

Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser, exterminer : sur la guerre et l’État colonial, Paris, Fayard, 2005, 365 pages

Lectures
Lecture
Philippe Norel
217-221

Atul Kohli, State-directed Development : Political Power and Industrialization in the Global Periphery, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, XII-466 pages.

Lectures
Lecture
Laurence Louër
223-227

Daryl Champion, The Paradoxical Kingdom : Saudi Arabia and the Momentum of Reform, Londres, Hurst, 2003, XXII-392 pages.

Retour en haut de page