Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

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Contre-jour
Les fondamentalistes à la Cour suprême des États-Unis
Cass R. Sunstein
9-24

 

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Contre-jour
La Turquie et l’Europe : incarnation de l’État et représentation de la société au XX e siècle
Olivier Bouquet
25-39

 

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Contre-jour
Un parti nationaliste radical en Bulgarie : Ataka ou le mal-être du postcommunisme
41-56

Aux élections législatives de juin 2005, le succès d’Ataka - une coalition nationaliste dont le discours emprunte à l’extrême droite (sentiments anti-turcs, anti-roms) et à l’extrême gauche (anti-américanisme, nostalgie d’un État social et autoritaire) tout en cultivant un certain antisémitisme - a surpris. Deux mois plus tôt, la Bulgarie avait signé le Traité d’adhésion à l’Union européenne. Avec une croissance soutenue, des investissements étrangers en hausse et un progressif rattrapage des revenus des nouvelles classes moyennes, le pays semblait en passe de clore sa « transition » postcommuniste. Comment comprendre l’apparition d’une formation radicale aussi tardivement dans le cours des changements ? Les résultats du parti de Volen Siderov expriment, au premier chef, le désaveu d’une classe politique accusée de défendre des intérêts particuliers au détriment du bien commun. Ils reflètent également les tensions provoquées par les brutales transformations postcommunistes et la perte de sens qui les a accompagnées. Ils désignent enfin les frustrations par rapport à une communauté internationale (le FMI, les États-Unis, l’Union européenne) qui a imposé l’adoption de politiques impopulaires au nom de standards qu’elle ne s’applique souvent pas à elle-même. Il serait peu avisé de rester sourd aux questions soulevées par Ataka. Indépendamment des fortunes électorales de Siderov, ces enjeux resteront désormais dans l’espace public.

Champ libre
Globalisation démocratique et exception autoritaire arabe
Michel Camau
59-81

Le monde arabe constituerait une exception autoritaire par rapport à l’ensemble de la planète. Cette assertion avalisée par la littérature savante participe directement de l’avènement d’un ordre mondial unipolaire identifié à une globalisation démocratique. Elle soulève trois séries de questions. Que signifie et qu’implique « faire exception » ? Le discours de la règle démocratique ne stigmatise pleinement l’exception et ne promeut sa disparition que depuis le 11 septembre 2001. La dénonciation relativement récente d’une exception arabe se fonde principalement sur le constat d’un « déficit électoral » et proclame qu’à l’instar de toutes les autres, les sociétés arabes voudraient, pourraient et devraient devenir démocratiques. Dans quelle mesure est-il pertinent de considérer la catégorie « monde arabe » comme unité d’analyse de l’autoritarisme ? Au-delà des interprétations privilégiant la capacité répressive ou postulant un autoritarisme intrinsèquement arabe, les régimes considérés semblent relever effectivement d’une trame commune. Cette échelle arabe se caractérise par une polarisation des conflits sur les normes et non sur la représentation des intérêts. Elle donne ainsi prise à des formules de gouvernement par des gardiens autoproclamés des normes. Pour autant, l’argument de l’exception est-il fondé ? Les régimes arabes connaissent un processus de transformation susceptible de déboucher sur une consolidation autoritaire. L’autoritarisme consolidé témoigne d’une congruence avec des tendances inhérentes à la globalisation démocratique. Dans ces conditions, la science politique gagnerait à se départir des fausses évidences du nouvel ordre international : l’univocité démocratique de la globalisation et la notion même d’exception arabe.

Champ libre
L’internationalisation de la justice transitionnelle : l’affaire Hissène Habré
Julien Seroussi
83-101

La littérature consacrée aux déterminants et aux issues de la transition démocratique a souvent réduit la mobilisation du droit à la légitimation a posteriori d’un rapport de force conquis par d’autres moyens. À travers l’analyse des différentes tentatives menées dans le but de juger l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré, tentatives lancées soit par le gouvernement tchadien, soit par l’association des victimes ou encore par les ONG nationales et internationales, il apparaît que l’issue de toute transition démocratique dépend des choix juridiques opérés par les acteurs concernés.

Champ libre
Le statut de la victime dans la lutte contre la traite des femmes
Mathilde Darley
103-122

Si la traite des êtres humains figure régulièrement, depuis le début des années 1990, sur l’agenda des gouvernements occidentaux, des institutions européennes et des organisations internationales, les travaux de recherche qui lui sont consacrés restent rares. Cherchant à pallier la relative désaffection de la sociologie politique envers la question de la traite, cet article s’attache à montrer comment celle-ci s’est progressivement constituée, au cours des dix dernières années, en enjeu de politique publique européenne et internationale. L’étude des influences de la dialectique discursive sécuritaire / humanitaire sur l’élaboration de politiques de lutte contre la traite conduit alors à poser l’hypothèse d’une marginalisation de la victime dans les représentations et les pratiques développées au niveau tant européen qu’international. Dans quelle mesure l’émergence d’une politique commune de lutte contre la traite peut-elle faire contrepoids aux compétitions d’intérêts et à l’insuffisante prise en considération d’une sociologie de la victime, en conférant à l’UE un rôle de médiateur et de catalyseur de l’action publique ?

Variations
Variations - Partis politiques et changement de régime
sous la responsabilité de Myriam Aït-Aoudia et Jérôme Heurtaux
125-127

 

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Variations
La naissance du Front islamique du salut : une politisation conflictuelle (1988-1989)
Myriam Aït-Aoudia
129-144

Cet article propose de saisir la genèse d’un parti politique, le FIS, en croisant une approche configurationnelle et une analyse en termes de construction sociale des organisations. Il s’agit d’abord de reconstituer les réseaux qui président à la structuration partisane, en insistant notamment sur les trajectoires de ses fondateurs et sur leurs expériences socialisatrices communes dans le champ religieux militant. Ensuite, l’étude de leurs perceptions positives d’une conjoncture politique nationale inédite et la concurrence interne de la sphère religieuse permet de comprendre les intérêts pratiques et symboliques à se structurer en parti à un moment particulier. Enfin, l’enquête sur les discours et les pratiques des fondateurs établit l’indétermination initiale de la nature de l’organisation ainsi créée. Cette perspective illustre l’intrication complexe entre les sphères religieuses et politiques dans le contexte de changement de régime en Algérie.

Variations
Des militants par intermittence ? Le Parti de la révolution démocratique au Mexique (1989-2000)
Hélène Combes
145-160

Le PRD est né avec « la transition » mexicaine en 1989. Face à la nécessité de construire rapidement une structure partisane et de faire face à la répression dans certaines régions, les dirigeants de mouvements sociaux et d’organisations sociales ont composé une part essentielle des cadres du PRD. Ils ont entraîné dans leur sillage leurs militants qui, à l’échelle locale et régionale, individuellement ou collectivement, ont contribué à bâtir le PRD à travers un vaste milieu partisan. L’accès des organisations sociales à des financements publics et d’ONG a garanti aux militants des rétributions matérielles. Les organisations sociales ont ainsi constitué une armée de réserve mobilisable par la machine partisane. Il s’agit cependant d’une structure partisane aléatoire et fragile, dépendante des dirigeants sociaux qui peuvent prendre des positions de retrait vis-à-vis du PRD.

Variations
Démocratisation en Pologne : la première loi sur les partis (1989-1990)
Jérôme Heurtaux
161-175

Loin de s’imposer naturellement, l’emprise des partis sur la compétition politique en Pologne postcommuniste est le produit d’un processus long et controversé. L’étude des conditions dans lesquelles a été votée la première loi sur les partis politiques en 1990 permet de restituer les luttes symboliques qui ont marqué la genèse de la démocratie de partis, et mis aux prises des personnels politiques aux intérêts différents qui s’affrontent pour imposer une vision légitime du combat politique. Cette concurrence trouve plus sa raison d’être dans l’état du jeu politique que dans une nécessité juridique. C’est la raison pour laquelle, d’abord proposée par les élus communistes, la loi s’est heurtée à l’hostilité des élites de Solidarité, qui ont cependant fini par s’y rallier. L’étude de la codification de la politique au cours d’un changement de régime révèle l’importance des enjeux de définition des acteurs habilités à participer à la représentation démocratique et du découpages des frontières de la politique.

Variations
L’emprise partisane au Kenya : regard sur deux campagnes électorales locales (novembre 2001 et décembre 2002)
Mathieu Mérino
177-189

En tant qu’objets de recherche, les partis politiques africains suscitent peu la curiosité des scientifiques. En effet, le passage au multipartisme au début des années 1990 n’a pas apporté les changements de régime escomptés en Afrique subsaharienne. Ce désintérêt provient également du sentiment que peut provoquer une observation non avisée du système de partis : celui d’un dysfonctionnement eu égard à une norme présupposée, celle des partis politiques occidentaux. Cette impression naît le plus souvent d’une méconnaissance des dynamiques locales. Dans le cas du Kenya, les pratiques des partis au niveau local témoignent en effet de leur réussite, au prix d’un travail parfois paradoxal, à opérer une clôture progressive des champs politique et électoral. Plus particulièrement, l’analyse de leurs pratiques lors des élections législatives de 2001 et 2002 dans la Province de l’Est montre comment les partis ont réussi à transformer des tendances potentiellement déstructurantes en instruments fondamentaux dans la construction de leur emprise monopolisatrice sur le champ électoral. Ils ont fait de l’appartenance partisane, outre un réquisit pour l’accès à la compétition électorale, une ressource de plus en plus déterminante pour la victoire électorale.

Lectures
Lecture
Tyler E. Stovall
193-196

Patrick Weil et Stéphane Dufoix (dir.), L’esclavage, la colonisation, et après… France, États-Unis, Grande-Bretagne, Paris, PUF, 2005, 640 pages.

Lectures
Lecture
Dirk Jacobs
197-201

Gallya Lahav, Immigration and Politics in the New Europe : Reinventing Borders, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, 316 pages.

Lectures
Lecture
203-206

Frédéric Bozo, Mitterrand, la fin de la guerre froide et l’unification allemande. De Yalta à Maastricht, Paris, Odile Jacob, 2005, 518 pages.

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