Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

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Contre-jour
Les migrations et l’effritement du modèle ivoirien : chronique d’une guerre annoncée ?
Cris Beauchemin
9-20

Les migrations, tant internes qu’internationales, sont au fondement des systèmes économique, territorial, social et politique de la Côte d’Ivoire. En retracer l’évolution permet de comprendre les conditions dans lesquelles s’est déclenché le conflit civil qui bouleverse le pays depuis 1999. Mais les transformations des tendances et des pratiques migratoires ne peuvent être tenues pour la cause directe de la guerre. Il s’avère qu’elles reflètent avant tout l’effritement de ce que l’on a appelé pendant des années le modèle ivoirien.

Contre-jour
La coopération transatlantique après le 11 septembre : l’enjeu de la sécurité intérieure
Virginie Guiraudon
21-35

La coopération transatlantique en matière de sécurité intérieure s’est intensifiée depuis le 11 septembre. Cet article examine comment l’Union européenne et ses Etats membres ont répondu aux demandes américaines dans ce domaine. Trois volets des négociations transatlantiques sont analysés : la communication des données passagers (PNR) aux autorités américaines, la sécurité des cargos (Container Security Initiative) et les passeports lisibles en machine, comportant des éléments biométriques. Dans la plupart des domaines, les Etats-Unis ont profité des divisions institutionnelles intra européennes. Mais il y a également une véritable convergence transatlantique, comme le montre l’examen comparatif des méthodes utilisées pour lutter contre le terrorisme et l’immigration clandestine.

Contre-jour
La Biélorussie : stratégies présidentielles de domination personnelle
Ioulia Shukan
37-45

Les dynamiques d’accumulation et d’allocation particulariste des ressources politiques et économiques qui fondent la stratégie de domination personnelle du président Alexandre Loukachenko expliquent la relative stabilité du régime biélorussien. En effet, outre le fait de permettre l’accroissement de la rente présidentielle en reproduisant la logique clientélaire à tous les niveaux de l’appareil d’État, ces procédés exacerbent les affrontements entre factions rivales dans l’entourage du Président. Dès lors, tous les moyens sont bons, y compris la dénonciation de la corruption, pour obtenir de celui-ci de nouvelles ressources tant symboliques que matérielles.

Contre-jour
Les enjeux politiques de la forêt tropicale : le Liberia et sa région
Pascal Tozzi
47-58

Au Liberia, et plus particulièrement dans la région du fleuve Mano, zone à forte couverture tropicale, les dynamiques géopolitiques et les stratégies d'acteurs se révèlent inséparables du facteur forestier. Offrant un milieu tactique et des profondeurs transfrontalières sur lesquels s'appuient les tentatives de contrôle territorial des factions en présence, la sylve est porteuse d'identités et de représentations instrumentalisées dans les processus locaux de légitimation. Mais le commerce du bois est également inscrit dans des flux financiers transnationaux et a donné lieu à une régulation internationale qui révèle certains aspects de la concurrence des puissances étrangères dans l'Ouest africain.

Champ libre
La défense par la culture en droit américain
Sarah Song
61-85

Des juristes et des spécialistes de théorie politique féministes dénoncent le recours à la « défense culturelle » par des accusés d’origine étrangère, au motif que cela prive les femmes immigrées de l’égale protection des lois. Mais ils négligent un autre problème peut-être plus important : à savoir que les doctrines classiques invoquées par ces accusés sont elles-mêmes formulées et appliquées d’une façon qui conforte l’inégalité des sexes. La défense culturelle en cas de violence exercée contre des femmes semble être particulièrement efficace quand elle entre en résonance avec les normes patriarcales de la société dans son ensemble. Alors que, dans des affaires de « mariage par capture » ou d’« exécution de la femme adultère », la défense culturelle souligne les différences entre immigrants et majorité des Américains, il y a en réalité une convergence frappante entre les normes des cultures majoritaire et minoritaires dans le domaine des relations intimes entre les sexes : lorsqu’une femme dit « non », ce n’est pas « non » qu’elle veut dire, et c’est une réaction « raisonnable » chez un homme que de châtier par la violence son épouse infidèle. Dans ce type d’affaires, les pratiques minoritaires trouvent parfois un appui dans certaines normes conservatrices qui sous-tendent la doctrine et la pratique judiciaires. C’est pourquoi, si l’on vise à plus d’égalité devant la loi à la fois entre les sexes et entre les cultures, on ne peut se contenter d’accepter ou de rejeter en bloc la défense culturelle ; il faut plutôt repenser les moyens de défense classiques en même temps que les pratiques minoritaires, et cela pas seulement pour lutter contre l’hypocrisie de la « différence culturelle » mais pour viser une justice égale pour tous.

Champ libre
Le consensus de Paris : la France et les règles de la finance mondiale
Rawi Abdelal
87-115

Cet article traite des bases institutionnelles de la mondialisation financière, qui sont à la fois formelles et informelles. Jusque dans les années 1980, les règles de l’architecture financière internationale – notamment au sein de l’Union européenne, de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et du Fonds monétaire international (FMI) – admettaient et même privilégiaient le contrôle du capital. L’Union européenne et l’OCDE ont adopté, à la fin des années 1980, de nouvelles règles obligeant leurs membres à libéraliser les mouvements de capitaux. Au milieu des années 1990, le FMI a lui aussi discuté d’une proposition en ce sens, qui n’a pas abouti. Trois hommes, Jacques Delors (UE), Henri Chavranski (OCDE) et Michel Camdessus (FMI), tous français, ont joué un rôle décisif dans ces débats et ces changements, ce qui est paradoxal : en effet, la France, plus que tout autre pays, avait multiplié les obstacles à toute modification des textes en faveur de la mobilité du capital pendant plus de trente ans. Cet article propose trois récits de la construction du socle institutionnel de la liberté de mouvement des capitaux, qui illustrent ce paradoxe français. Trois idées peuvent être avancées pour l’expliquer : la différence entre la mondialisation maîtrisée à la française et la mondialisation au coup par coup à l’américaine ; les impératifs de construction institutionnelle des Français dans chacun des trois épisodes, surtout celui de l’UE ; et l’acceptation des lois du marché par la gauche française afin d’atténuer les conséquences inégalitaires du contournement des contrôles qu’elle avait instaurés en arrivant au pouvoir.

Variations
Variations - State building et sécurité internationale
sous la responsabilité de Béatrice Pouligny
119-121

 

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Variations
Histoire et contradictions du state building
par Richard Caplan et Béatrice Pouligny
123-138

Ces dix dernières années ont vu un regain d’intérêt pour le state building et les « protectorats internationaux ». Les précédents historiques comportent des leçons importantes pour la pratique contemporaine mais celles-ci sont bien souvent mal connues par les ingénieurs de la construction étatique d’aujourd’hui. En outre, ces derniers ne sont guère attentifs aux contradictions fondamentales qui gênent les initiatives de state building. Le projet politique de la reconstruction d’Etats en faillite, cela devient évident, non seulement est idéologiquement marqué, mais en outre ne tient pas compte de ce que la sociologie historique nous a appris sur la complexité des processus qui président à la construction des Etats et des nations

Variations
Construire l’État : légitimité internationale contre légitimité nationale ?
Susan L. Woodward
139-152

Comme l’illustre l’exemple de la Bosnie-Herzégovine, la relation décisive sur laquelle repose la légitimité nationale de l’Etat – celle qui s’établit entre les responsables politiques, les fonctionnaires et les citoyens – n’est pas prise en compte dans les stratégies élaborées par les donateurs et les organisations internationales pour soutenir le processus de state building. En pratique, cette relation n’est sérieusement prise en compte que dans la mesure où elle peut contribuer à l’établissement de la légitimité internationale. La légitimité intérieure reste ainsi secondaire par rapport au but premier qu’est la construction d’un Etat internationalement acceptable. Il est en conséquence probable que de tels Etats resteront instables.

Variations
Les risques du nation building « sous influence » : les cas de l’Irak et du Liban
Marie-Joëlle Zahar
153-168

La littérature sur le nation building est restée jusqu’ici centrée sur l’ONU. Or il arrive de plus en plus souvent que des puissances régionales ou mondiales interviennent unilatéralement ou dans le cadre d’une coalition pour écarter un dirigeant autoritaire ou mettre fin à une guerre civile prolongée. Ce sont ces puissances « intéressées » qui deviennent alors le fer de lance du nation building dans la période transitoire qui suit. A l’heure où l’ONU est critiquée pour sa méthode de nation building, plusieurs différences se font jour entre son style et celui des puissances intéressées : ainsi celles-ci accordent plus d’importance au rétablissement de l’ordre et de la sécurité et sont plus disposées à utiliser la force au lieu d’incitations. Mais ce style musclé a-t-il plus de chances de réussir ? Est-il plus capable de permettre aux sociétés locales de s’assumer et de prendre en mains le processus de nation building ? Ce travail apporte des réponses préliminaires en comparant l’intervention syrienne au Liban à la fin de la guerre civile et les efforts des Etats-Unis en Irak après la chute de Saddam Hussein.

Variations
Afghanistan : la souveraineté comme condition de la sécurité
Barnett R. Rubin
169-183

Les opérations appelées « consolidation de la paix » ou « reconstruction après conflit » par les Nations unies doivent s’interpréter comme des opérations d’aide internationale à la « construction de l’Etat ». Elles s’intègrent ainsi dans le processus historique de formation d’un système international constitué d’Etats souverains mais très inégaux. Les problèmes rencontrés dans le rétablissement de l’Afghanistan montrent que les divisions, les rivalités et la fragmentation de l’autorité de la « communauté internationale » peuvent miner l’objectif de construction de l’Etat. La stabilité et la paix durables, pour ne pas parler de la démocratie, exigent des acteurs internationaux qu’ils délèguent certaines fonctions de souveraineté à une entité multilatérale capable de renforcer plutôt que de saper les institutions du pays en reconstruction. Les leçons de l’Afghanistan démontrent la nécessité des mécanismes de construction de la paix proposés par le Groupe de haut niveau du Secrétaire général : un organe de décision unique comme interlocuteur de l’Etat bénéficiaire, capable de mettre de l’ordre dans l’anarchie qui découle souvent de la multiplicité des agendas, des doctrines et des budgets d’aide.

Lectures
Lecture
Mireille Delmas-Marty
187-189

Julie Allard et Antoine Garapon, Les juges dans la mondialisation : la nouvelle révolution du droit, Paris, Le Seuil, 2005, 94 pages.

Lectures
Lecture
Jean-Philippe Dedieu
191-193

Tarik Dahou, Entre parenté et politique : développement et clientélisme dans le delta du Sénégal, Paris, Karthala / Dakar, Enda Graf Sahel, 2004, 364 pages.

Lectures
Lecture
195-199

 

Cécile Leconte, L’Europe face au défi populiste, Paris, PUF, 2005, 250 pages.

 

Lectures
Lecture
Pap Ndiaye
201-205

Olivier Pétré-Grenouilleau, Les traites négrières : essai d’histoire globale, Paris, Gallimard, 2004, 468 pages.

 

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