Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

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Contre-jour
L’Espagne et la guerre en Irak
Isaías Barreñada, Iván Martín, José Antonio Sanahuja
9-21

Après les événements du 11 septembre, l’alignement du gouvernement espagnol sur la politique des États-Unis en Irak et l’envoi de troupes intégrées à la coalition internationale a provoqué une rupture radicale avec les consensus traditionnels qui définissaient la politique extérieure espagnole depuis la période de la Transition. L’analyse des étapes les plus importantes de ce changement de cap permettent de conclure que les raisons idéologiques d’un tel bouleversement s’inspirent du projet néoconservateur de reconfiguration de l’ordre mondial. Mais le gouvernement de José Maria Aznar a commis plusieurs erreurs de calcul en sous-estimant, d’une part, les coûts politiques que pourrait avoir ce repositionnement pour les relations de l’Espagne avec ses partenaires de l’Union européenne et, d’autre part, le réveil de l’opposition de la majorité de l’opinion publique espagnole. La défaite du Partido Popular aux élections de 2004 s’est traduite par le rétablissement des lignes maîtresses de la politique extérieure espagnole d’avant Aznar.

Contre-jour
L’Iran de l’après-Khomeyni au postréformisme
Farhad Khosrokhavar
23-31

La révolution islamique menée par l'ayatollah Khomeyni jusqu'en 1989 a été à l'origine de la constitution d'une nouvelle élite et d'un système politique dont la clé de voûte a été le Velayat Faqih (la souveraineté du docteur de la loi islamique). Les deux périodes qui ont suivi se sont respectivement déroulées sous le signe de la Realpolitik de l'hojatol eslam Rafsandjâni jusqu'en 1997, et du réformisme impulsé par le président Khatami jusqu'en 2004. Cette deuxième période a notamment été marquée par l'ouverture conflictuelle et pourtant restreinte du système politique et par les revendications démocratiques de la nouvelle génération. L’échec des réformateurs aux élections parlementaires de 2004 a permis aux néoconservateurs de prendre le contrôle du législatif. Leur maintien au pouvoir dépendra de leur capacité à traiter les problèmes économiques et culturels de la société iranienne.

Contre-jour
Turquie : un désir d’Europe qui dérange
Nilüfer Göle
34-41

La Turquie ne cesse de donner la preuve de sa détermination à faire partie de l’Union européenne. Pourtant, alors qu’elle s’est engagée à adopter et à faire appliquer une série de réformes qui témoignent de son désir d’Europe, elle devient un sujet de controverse dans les débats sur l’ouverture des négociations. Si la Turquie a connu par le passé un processus d’occidentalisation sans être colonisée par les pays occidentaux, elle connaît aujourd’hui une dynamique d’européanisation sans être membre de l’Union européenne. Cette empreinte de la perspective européenne dans une société musulmane est loin d’être appréciée, toutefois, comme la réussite universelle du projet européen. Elle suscite au contraire le soupçon et la peur d’érosion identitaire d’une Europe qui n’aurait plus de limites. En révélant les tensions qui existent dans les rapports entre l’islam et l’Europe, entre les deux Occidents, mais également entre plusieurs islams, la Turquie dérange, et devient finalement une affaire interne aux pays européens.

Contre-jour
Les désarrois de la lutte contre la prolifération nucléaire
Thérèse Delpech
43-52

On pourrait présenter les deux dernières années sous un jour faste pour la lutte contre la prolifération nucléaire. En effet, l'Iran a accepté une suspension de ses activités d'enrichissement et de retraitement, la Libye a renoncé à ses programmes non conventionnels, le Pakistan a dû démanteler un réseau clandestin de prolifération très actif, et la Corée du Nord est placée sous haute surveillance. C'est pourtant à une lecture très différente des événements qu'invite cet article, en montrant que le risque nucléaire revient en force, et que la cohésion internationale est insuffisante pour le contenir.

Champ libre
La réconciliation des druzes et des chrétiens du Mont Liban ou le retour à un code coutumier
Aïda Kanafani-Zahar
55-75

Pourquoi, dans une société bouleversée par quinze ans de guerre civile et où sévit encore la menace de la loi du talion, la réconciliation, forme traditionnelle de résolution des conflits, a-t-elle été retenue par un État qui se veut moderne et réformateur ? Quel est le mécanisme de ce processus de pacification ? Qui sont les acteurs impliqués et quels problèmes son application pose-t-elle au cas par cas ? Effectuée dans le cadre de la politique du retour des chrétiens dans les villages dévastés, la réconciliation des druzes et des chrétiens du Mont Liban s’inscrit dans le contexte plus général de la restauration de l’autorité de l’État et de la reconstitution du tissu social dans le respect des traditions multiconfessionnelles.

Variations
Variations - Vers un monde postnational ?
Sous la responsabilité d’Alain Dieckhoff et Christophe Jaffrelot
78-79

 

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Variations
Face à la question européenne, quelle intégration postnationale ?
Jean-Marc Ferry
81-96

Les nations républicaines modernes sont le résultat d’une politique d’unification de la langue et de promotion d’un système pédagogique centralisé. Les Etats-nations qui se sont construits sur ce modèle au 19ème siècle sont confrontés aujourd’hui à l’émergence de mouvements nationalistes à caractère ethnique. Toutefois, parallèlement au développement de tels mouvements spontanés, le cosmopolitisme prend également de l’ampleur, comme en témoigne l’engagement d’un nombre croissant de citoyens pour des causes transnationales (telles que l’environnement, les questions humanitaires, etc.). L’Union européenne s’oriente dans cette même direction, sur la base d’un patriotisme constitutionnel, doctrine permettant à la communauté politique de se développer indépendamment des allégeances ethniques, sur la base de valeurs universelles et d’un engagement profond en faveur de l’Etat de droit. Si certains critiquent le patriotisme constitutionnel, qui serait à leurs yeux trop abstrait, an-historique et insaisissable pour tenir lieu d’identité, il reste pourtant la meilleure voie pour la construction d’une Union européenne incarnant une alternative à l’hégémonie américaine.

Variations
Le mythe de la citoyenneté transnational
Will Kymlicka
97-111

Même si des spécialistes de sciences sociales considèrent les phénomènes transnationaux tels que les migrations, le développement des ONG et les mobilisations en faveur des droits de l’homme comme une remise en question de l’Etat-nation, y compris dans sa version libérale-démocratique, ce système politique demeure le cadre le plus pertinent pour la citoyenneté, comme en témoigne le manque de confiance des sociétés européennes dans le Parlement européen, qui est pourtant la tentative la plus évoluée de promotion des institutions démocratiques au niveau international. Il s’avère en fait que les citoyens des démocraties libérales pourront faire face à la mondialisation en ayant recours non aux outils transnationaux mais à ceux de leurs propres institutions nationales, qui sont partie prenante dans les organisations internationales.

Variations
Nationalisme et multiculturalisme
113-124

Pour évaluer les arguments stratégiquement avancés par certains acteurs en vue de concilier nationalisme et multiculturalisme, cet article examine successivement les deux possibilités suivantes : prendre pour point de départ l’opposition entre nationalisme civique et nationalisme ethnique et trancher en faveur de la variété civique/politique, que sont censés incarner les modèles américain et français de citoyenneté avec leurs méthodes de gestion de l’hétérogénéité culturelle pourtant très différentes ; ou procéder au démontage de la notion de « multiculturalisme » en montrant qu’en réalité les revendications politiques généralement avancées sous cette appellation soit visent à promouvoir l’intégration des minorités ethno-culturelles au sein des institutions nationales du pays englobant, soit s’interprètent comme des revendications concurrentes, nationalistes. Il en conclut que, aussi longtemps que l’identité nationale est la seule à pouvoir fournir un sentiment d’appartenance commune sur laquelle repose en définitive le projet antidiscriminatoire comme, plus généralement, la promotion de la justice sociale, le partisans du "multiculturalisme" feraient sans doute mieux de s’abstenir de dénoncer le caractère uniformisateur et oppresseur du nationalisme, ne serait-ce que pour des raisons stratégiques.

Variations
La résilience du nationalisme face aux régionalismes et à la mondialisation
Alain Dieckhoff, Christophe Jaffrelot
125-139

Alors que l’Etat-nation subit les assauts de la globalisation, de son régionalisme croissant et des flux transnationaux, le nationalisme fait preuve d’une puissante capacité de résistance. Du fait de l’indigénisation des modèles étrangers par les sociétés locales, la diffusion des modes de vie occidentaux ne remet pas vraiment en question les identités nationales. Parallèlement, le développement des diasporas n’entraîne pas la création de communautés déterritorialisées, et ce surtout parce que les migrants restent fortement attachés à leur mère-patrie, attachement qui se mue même parfois en « nationalisme à distance ». En ce qui concerne les régionalismes, ni les différents « pan-ismes » ni les zones régionales de coopération n’ont érodé jusqu’ici les identités nationales. La construction de l’Union européenne elle-même, bien qu’elle soit le cas le plus abouti de transfert de souveraineté au niveau supranational, n’est pas parvenue à donner naissance à une nouvelle identité européenne qui aurait pu affaiblir les identités nationales.

Lectures
Lecture
Stéphane Dufoix
143-147

Gabriel Sheffer, Diaspora Politics. At Home Abroad, New York, Cambridge University Press, 2003,290 pages

Lectures
Lecture
Laure Bereni
149-153

Abigail C. Saguy, What Is Sexual Harassment ? From Capitol Hill to the Sorbonne, Berkeley, University of California Press, 2003,252 pages

Lectures
Lecture
155-159

Thierry Pech, Marc-Olivier Padis, Les multinationales du cœur : les ONG, la politique et le marché, Paris, Le Seuil, coll. « La République des idées », 2004, 96 pages

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