Le rapprochement stratégique sino-russe dans le contexte de la crise en Ukraine

Morgane Farghen*, chargée de cours à l’INALCO

Les crises apportent avec elles leurs lots de bouleversements et de mauvaises nouvelles mais elles présentent aussi une vertu, elles obligent les principaux acteurs à se positionner, et ce faisant, elles opèrent des clarifications stratégiques. La crise en Ukraine, comme les autres, répond à cette règle empirique. Les réactions occidentales après le coup de force russe en Crimée ont été fortes, les chancelleries ayant condamné la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et du Mémorandum de Budapest, deux fondements au maintien de la sécurité et de la stabilité sur lesquels reposent les grands équilibres, mais au-delà de cette réprobation, la crise a mis en lumière un alignement stratégique qui se faisait jusqu’alors plus discret, celui de la Chine et de la Russie.

L’alignement stratégique sino-russe et le rapprochement qui en découle ne font pas de doute, Pékin ayant marqué sa solidarité diplomatique auprès de Moscou même si elle a cherché ensuite à s’en démarquer. Ce qui est moins consensuel, c’est la portée à donner à ce mouvement car tous les observateurs ne lui reconnaissent pas la même profondeur. Aux antipodes, certains voient déjà dans ce mouvement diplomatique, l’émergence d’un nouveau co-dominium, tandis que d’autres s’attachent à le minimiser, quand les derniers, plus mesurés, préfèrent en rappeler la profondeur historique mais aussi les limites. Fu Ying, le président du comité des affaires étrangères de l’Assemblée Nationale Populaire de Chine, est de ceux là. Dans un article publié récemment dans Foreign Affairs, et intitulé « How China sees Russia – Bejing and Moscow are closed but not allies », il évoque une relation « complexe, solide et profondément ancrée ».

Ce panorama soulève une question simple. Quelle portée donner à ce rapprochement ? Quelle ampleur lui accorder ? Quelle en est la profondeur stratégique ? Et derrière, en découle une autre, plus essentielle : comment l’alignement stratégique sino-russe affecte –t’il la manière dont nous percevons ces deux pays, et la relation que nous entretenons avec eux ? En somme, faut-il s’accommoder de ce rapprochement, ou au contraire, doit-on le redouter ? Une mise en perspective historique, et l’étude comparative entre les comportements de la Russie et la Chine en situation de crise montrent que ce mouvement est logique, comme ses limites, on aurait tort néanmoins de le sous-estimer. La dimension opérationnelle de ce rapprochement en est l’aspect le plus sensible, et au moment où la dissuasion se redéfinit en Occident pour s’adapter à la nouvelle conjoncture sécuritaire, l’alignement sino-russe soulève d’importants défis.

1. L’alignement sino-russe sur fond de crise ukrainienne

Une convergence de vues en dépit de leurs trajectoires opposées

Ancienne puissance dominante, placée au cœur de l’histoire du XXème par la bipolarité, l’URSS a propulsé la Russie au centre du jeu international, une position favorable que Moscou essaie de conserver en dépit d’une crise intérieure profonde et d’une perte d’influence1 . La Russie est sur le déclin, tandis que la Chine est placée sur une trajectoire ascensionnelle. Ancienne puissance secondaire, minée par la guerre civile et le conflit sino-japonais, au XXème siècle, elle entre dans le XXIème siècle avec les attributs d’une grande puissance grâce à une insertion internationale tardive, et des réformes économiques profondes. Son PIB est le premier au monde devant celui des Etats-Unis.

Et dépit de ces trajectoires historiques opposées, Moscou et Pékin se rejoignent encore aujourd’hui dans une convergence de vues qui les conduit à adopter des positions communes qui, il faut bien le reconnaitre, ne nous sont pas toujours favorables. Il est commun en effet de remarquer que ces deux pays aux trajectoires histoires opposées et aux expériences internationales si différentes, se retrouvent fréquemment dans des positions communes sur les questions d’actualité là où on pourrait justement supposer au contraire, que leurs singularités les éloignent l’une de l’autre. La crise Ukrainienne, mais aussi celles au Moyen Orient, en Libye, puis en Syrie, sont venues le rappeler.

- en particulier sur le dossier des frontières et celui de la non ingérence

L’alignement sino-russe s’est manifesté dans un premier temps par une solidarité diplomatique sur le dossier sensible des crises aux frontières, face au reste de la communauté internationale. A la différence des chancelleries occidentales la Chine ne s’est pas indignée de la violation du Mémorandum de Budapest en dépit de ses conséquences pour la sécurité internationale et n’a pas condamné le coup de force russe en Crimée. Et plus récemment, les chefs de la diplomatie russe et chinois, Serguei Lavrov et Wang yi, ont clarifié leurs positions en soulignant la « large concordance de vues sur la situation en Ukraine et autour »2 . Il y a donc bien là, plus qu’une convergence de vue, il y a une solidarité diplomatique entre les deux capitales. Une solidarité qui a poussé la Chine à une action contre nature, puisqu’elle a soutenu le référendum d’autodétermination en Crimée.

Cet alignement s’est également manifesté par une convergence des positions diplomatiques entre Moscou et Pékin sur les autres dossiers de crise – notamment, sur le dossier syrien. Avant que la Russie ne décide d’intervenir aux côtés de la coalition internationale, les deux capitales ont soutenu le régime de Bachar El Assad, et ceci, dès les premières heures de la crise. Toutes les deux protègent le régime syrien même s’il est contesté par sa population et font valoir pour cela un autre principe dont découle leur opposition au droit humanitaire, celui de la souveraineté et de l’intégrité territoriale. En cela, il est permis de dire que les positions russes et chinoises ne nous sont pas toujours favorables, et même plus, que parfois, elles brouillent le jeu des Occidentaux3. Pékin et Moscou se sont retrouvées toutes les deux dans une opposition commune aux projets de résolutions portés par les occidentaux au nom du droit humanitaire, qu’il s’agisse d’une intervention au titre de la responsabilité de protéger, ou de créer une zone d’exclusion aérienne, pour protéger les populations civiles ou acheminer de l’aide humanitaire.

L’alignement russo-chinois se reflète par des positions originales à l’ONU, comme sur la crise en Syrie, mais aussi par des positions plus dures à l’égard des Américains et de leurs alliés sur les questions frontalières en Europe et au-delà, en Asie du Nord est. Comme la Russie, la Chine est en délicatesse avec son voisinage et la concomitance avec les tensions autour des Senkaku-Diaoyu en mer de Chine de l’Est, invite au parallèle. La crise ukrainienne est survenue dans un contexte asiatique marqué par les tensions maritimes à la périphérie chinoise, le Japon était en première ligne, et au moment où la crise ukrainienne éclate, la situation sur les territoires disputés entre la Chine et l’archipel est dégradée. Les Américains sont présents en Asie Pacifique, ils ont des accords de sécurité avec plusieurs pays de la région, et notamment avec le Japon.

- l’affichage de la bonne relation et des coopérations stratégiques

Sur fond de tensions diplomatico-militaires avec les Etats-Unis et leurs alliés dans un contexte poly-crises, Pékin et Moscou ont affiché leur alignement et même, elles l’ont exhibé. Les échanges au sommet se sont multipliés au cours des derniers semestres, et les agences de presse officielles respectives Novorossia et Xinhua se sont chargé d’en faire la publicité. La photographie des deux chefs d’Etat lors des sommets de l’APEC – le Forum de coopération Asie Pacifique, ou encore lors de la commémoration du 70ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale à Moscou, puis de sa réplique à Pékin quelques mois plus tard, ont fait le tour de la toile. Au-delà des photographies, les déclarations conjointes et les communiqués à l’issue ont projeté l’image de l’alignement. Celui-ci est d’autant plus flagrant, qu’il est assumé au plus haut niveau par chaque partie.

Au cours des derniers mois, les deux pays ont également signé une série d’accords de coopération dans plusieurs domaines, l’énergie, le spatial et l’armement, consolidant ainsi un rapprochement stratégique déjà avancé entre les deux capitales.

Dans le secteur énergétique, l’on retiendra par exemple, cette déclaration d’intention du vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli et de son homologue russe Arkadi Dvorkovitch, en vue d'améliorer la coopération énergétique entre les deux pays4. Plusieurs aspects sont concernés, le projet de gazoduc sino-russe5 notamment. La Russie s’est par ailleurs engagée à augmenter les exportations de pétrole vers la Chine et le rapprochement doit conduire à de nouveaux projets dans le domaine des technologies.

Dans le secteur spatial, un renforcement de la coopération dans le domaine de la navigation par satellite a été annoncé6. Les deux parties ont organisé la première réunion du Comité sino-russe pour les programmes de coopération sur la navigation par satellite. Le comité avait été établi en octobre 2014, un mémorandum avait alors été signé entre le Comité de la navigation par satellite de Chine et l'Agence spatiale russe.

Enfin dans le secteur de l’armement, la Chine a confirmé le 26 novembre 2015, l'achat d'avions de combat Su-35 à la Russie. Une transaction qui devrait s’élever à 2 milliards de dollars, selon les déclarations officielles. Les deux pays ont également annoncé leur volonté de renforcer la coopération dans les technologies militaires et une coopération dans le domaine de la défense anti-aérienne - les systèmes S-400.

- Après la solidarité, les premières lignes de démarcation

L’alignement sino-russe est ostensible et de ce fait, il est difficilement contestable, puisqu’il se noue lors de visites au sommet, avec les déclarations favorables, au travers des accords de coopération, et se mesure par la convergence des politiques régionales ; et pourtant, il a ses limites. Celles-ci se logent dans un certain nombre de détails et de nuances qu’il convient de remarquer si l’on observe les déclarations un peu plus attentivement et que l’on revient sur le déroulé des événements aux frontières. La première d’entres elles, réside dans la manière de présenter l’alignement sino-russe.

Pékin et Moscou ne présentent pas ce rapprochement de la même manière et il s’agit là du premier point sur lequel la capitale chinoise se démarque de sa voisine. En Russie, on recourt aux superlatifs alors qu’à Pékin on est plus nuancé. Vladimir Poutine déclarait ainsi en mars 2014, à l’issue du Forum de l’APEC, que « la relation bilatérale n’a jamais été au mieux de toute son histoire pluriséculaire »7, et la presse relaie cette approche, puisqu’elle évoque une « alliance » même si elle ne rattache pas cette dernière à la défense et qu’elle prend soin de ne pas lui octroyer une portée militaire. La formule est forte alors qu’en Chine on se montre plus modéré. Au terme « alliance », les chinois préfèrent ainsi celui de « partenariat stratégique ». Le ministre de la défense, Chang Wanquan s’y référait lors d’une intervention publique récente8, et preuve qu’à Pékin on reste réservé sur la question des alliances, la littérature stratégique chinoise publiée par la revue très officielle CIR9 répète ces réserves.

Les deux pays affichent leur rapprochement, ils l’exhibent par médias interposés, mais ils n’ont pas annoncé non plus la création d’un co-dominium10. Et s’ils affichent une entente cordiale sur la plupart des questions internationales, Pékin s’attache depuis un certain temps à placer des limites à ce rapprochement. Pendant toute l’escalade des tensions, les deux capitales ont recouru à des pratiques comparables, notamment, le langage de la puissance et la menace de coercition, mais elles l’ont fait chacune dans des proportions différentes et avec des limites qu’elles ont chacune établies. Alors que Moscou s’est exposée à des sanctions internationales, les leaders à Pékin ont su les éviter. Le langage de la force et la menace de la coercition russes ont été critiquées, elles ont été sanctionnées par la communauté internationale ; alors que de son côté, la Chine a provoqué, elle a testé, puis elle a renoncé à surenchérir11, elle n’a pas été sanctionnée.

Enfin, sur la Syrie, les politiques extérieures russes et chinoises se démarquent aussi après avoir convergé dans une opposition commune aux projets de résolutions occidentales. La Russie a été impliquée très tôt dans la gestion de la crise Syrienne, elle participe au processus de Genève, aux négociations en vue d’une sortie de crise et sur le désarmement chimique, et elle a fait le choix de l’intervention militaire après l’attentat contre un avion civil russe en Egypte. De son côté là encore, la Chine a préféré suivre sa voie, restant campée sur ses positions traditionnelles de non ingérence. Le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, déclarait ainsi à l’ONU au sujet de la Syrie : « Le monde ne peut pas se permettre de regarder et de rester les bras croisés, mais ne doit pas non plus interférer, c’est une injustice ». Et quand des rumeurs ont circulé sur la présence militaire chinoise au large de la Syrie, les responsables ont démenti l’information, preuve qu’ils assument ce rapprochement, mais dans certaines limites.

Après avoir apporté un soutien spontané à la Russie, Pékin semble ainsi déjà chercher à s’en démarquer. Elle soutient Moscou sans donner à ce rapprochement toute l’ampleur que les russes en attendent et qu’elle pourrait leur apporter si elle en décidait ainsi. Cette position ambivalente soulève une double question. Pour quelles raisons la Chine s’est-elle rapprochée aussi spontanément de la Russie, et pour quelles raisons est –elle amenée à présent à s’en démarquer ? Pour répondre simplement, Pékin et Moscou ont des objectifs convergents, mais elles n’ont pas les mêmes stratégies pour les atteindre, ni les mêmes contraintes et leur agenda de politique extérieur en est différent.

2. Les ressorts d’un partenariat stratégique fort mais ambivalent

- la Russie et la Chine poursuivent des objectifs communs

L’alignement sino-russe est flagrant et c’est là qu’il est difficilement discutable, mais il est maitrisé, et les limites à lui donner reflètent une relation ambivalente qui s’est construite dans le temps autour d’objectifs stratégiques communs mais aussi de stratégies différentes. Pour mieux comprendre cet alignement russo-chinois et en mesurer les limites, il convient de revenir sur ses origines. On l’oublie souvent, mais si la Chine et la Russie ont des trajectoires historiques différentes, elles se sont pourtant construites toutes les deux dans une forme d’opposition commune à l’Occident et aux valeurs qu’il défend, et leur perception du monde en reste profondément modifiée.

La Chine et la Russie ont toutes les deux vécu des traumatismes territoriaux, que ni l’une ni l’autre n’a digérés. Pour la Russie, le principal traumatisme territorial date de la chute de l’URSS en 1991 (avec la création de la CEI et l’indépendance des pays Baltes, d’Asie centrale etc.) ; pour la Chine il est de deux ordres : il remonte aux traités inégaux au XIXème siècle qu’elle rappelle régulièrement, et à la création de la République de Chine, Taïwan, en 1949. Ces traumatismes refont surface épisodiquement.

Dans la seconde moitié du XXème siècle, la bipolarité les a plus rapprochées qu’elle ne les a éloignés, même si le XXème congrès du PCUS en 1956 les a désolidarisées. L’URSS s’est imposée comme modèle idéologique dominant face aux Etats-Unis (cf. doctrine Truman vs Pacte de Varsovie), et la Chine a été affiliée à l’Internationale Communiste de Moscou (Kominform), dans un premier temps au moins.

La Russie et la Chine ont en héritage des legs différents de cette période, mais toutes les deux ont gardé des modes de gouvernance forts issus dans les deux cas de ce passé proche : après l’effondrement de l’URSS, une nouvelle nomenklatura s’est installée à Moscou, alors que le Parti Communiste Chinois a survécu à la fin de la guerre froide, mais aucune n’a réussi à imposer une transition démocratique crédible et durable. En Chine, l’effort d’ouverture politique, et les réformes économiques profondes n’ont pas permis de transformer le modèle de gouvernance en profondeur ; et en Russie, des logiques de prédations économique et de corruption ont prévalu sur les perspectives de développement. Les régimes politiques en Russie et en Chine restent forts, et leurs sociétés sont contrôlées. Absence de réels contre pouvoirs, liberté d’expression réduite, justice arbitraire, pouvoirs policiers forts, dérives autoritaires, tout ce qui caractérise un régime fort, a survécu aux efforts de transition dans un cas comme dans l’autre.

Replacé dans ce contexte, le rapprochement entre Pékin et Moscou, sur fond de crise ukrainienne est moins surprenant, il s’inscrit dans une relation qui s’est construite dans le temps en opposition à l’Occident et en réaction à des traumatismes territoriaux mal digérés que les crises internationales viennent régulièrement rappeler. Avec ses limites, l’alignement sino russe du moment consolide une relation de partenariat stratégique qui s’est construite dans le temps avec des périodes plus ou moins fastes, par delà les rivalités et même les conflits, et s’est renforcée à partir de 1991. Il se reflète sur de nombreux dossiers de politique internationale, et notamment celui sensible des frontières et des questions intérieures délicates. En Europe, avant l’Ukraine, il y a eu la Géorgie ; et en Asie, avant les Senkaku-Diaoyu, il y a eu le Tibet, le Xinjiang et Taïwan. La Russie et la Chine considèrent ces questions comme relevant de leurs affaires intérieures et s’opposent à toute forme d’ingérence. Et l’une comme l’autre, transposent ces contraintes intérieures dans des politiques extérieures qu’elles mettent en cohérence avec leurs objectifs stratégiques, même si cela va à l’encontre de la sécurité internationale.

- mais elles ont des stratégies différentes

Pékin et Moscou ont une convergence d’intérêts mais elles n’ont pas la même stratégie pour atteindre leurs objectifs, ni le même agenda de politique régionale. Ce sont là deux différences qui amènent la capitale chinoise à placer les limites à son rapprochement et même, à se démarquer de Moscou lorsque cette dernière va trop loin.

La Chine est sur une trajectoire ascensionnelle mais elle l’a forgé à la force du poignet depuis une quarantaine d’années, et de manière indépendante. Elle en connaît donc toute la valeur et n’est pas prête à la sacrifier même au prix de sa relation avec Moscou fut-t-elle placée au service d’intérêts objectifs convergents. Elle soutient Moscou parce qu’elle est redevable à la Russie, à qui elle doit l’essentiel du renouvellement des équipements de l’APL et sans laquelle elle n’aurait pu moderniser ses forces armées12, elle soutient Moscou parce qu’elle partage les mêmes vues sur les dossiers aux frontières pour défendre ses intérêts politiques intérieurs, elle soutient Moscou parce que cela sert ses objectifs si elle parvient à dépasser la concurrence et à la transformer en coopération sur les domaines qui l’intéressent, notamment l’espace et l’énergie et l’armement, mais elle ne soutient pas Moscou si cela remet en question sa trajectoire ascensionnelle.

Ensuite, contrairement à la Russie qui a une longue pratique de la diplomatie internationale, la Chine en a fait l’expérience plus tardivement, dans les années 70’s, quand Pékin a obtenu un siège de membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU, et la reconnaissance diplomatique de la plupart des chancelleries occidentales. A la différence de la Chine, la Russie a une longue pratique de la diplomatie internationale. Acteur séculaire de la vie internationale, elle a participé à la création de la SDN en 1919, de l’ONU en 1945, et elle a participé aux grandes conférences qui ont façonné l’ordre international post-seconde guerre mondiale (conférence de Yalta et de Potsdam).Contrairement à la Russie qui en tire une certaine assurance, et peut pousser loin la provocation dans son rapport de force, la Chine est plus prudente, et peut même être plus retenue. Dans les situations critiques, Pékin affirme ses intérêts avec plus de fermeté sur les contentieux, mais elle ne s’expose encore pas au risque de confrontation militaire.

Contrairement à la Russie qui n’avait jamais été mise au ban de la communauté internationale depuis la fin de la guerre froide, la Chine a déjà été sanctionnée, en 1989, après la répression militaire du mouvement estudiantin sur la place Tiananmen. Elle connaît le prix des sanctions, elle en a tiré les leçons, et par conséquent, elle évite de s’exposer à de nouvelles contre-mesures économiques, pour garder son agenda politique extérieur. Il y a donc une convergence de vue entre Pékin et Moscou sur les contentieux, mais à chacun ses conflits, et à chacun sa politique de gestion de sortie de crise.

D’ailleurs, la Chine et la Russie ont opté pour des modèles économiques différents qui là encore se lisent dans leur posture différente. La Russie a opté pour un modèle centré sur quelques secteurs, l’énergie fossile, le nucléaire, l’armement notamment, alors que la Chine a fait le choix d’un développement plurisectoriel au travers du développement des hautes technologies, qui tire l’ensemble des secteurs vers le haut et garantit une croissance économique durable moyennant une politique de réajustement permanente. Alors que la Chine a encore besoin de ses relations avec le reste du monde et avec son étranger proche, et privilégie l’économie dans son agenda de politique extérieure, la Russie dépend moins de ses exportations. L’effet de contraste en pleine crise ukrainienne entre l’image d’un Vladimir Poutine exclu du G8, isolé et sanctionné, et de l’autre côté, celle de Xi Jinping accueilli les bras ouverts en Europe, était d’ailleurs saisissante. Au moment où Vladimir Poutine est critiqué après le coup de force en Crimée, au moment où la Russie est sanctionnée, Xi Jinping lui, part en tournée diplomatique en Europe, pour signer un ensemble de contrats et d’accords.

Les comportements de la Russie et de la Chine en situation dégradée reflètent aussi leurs héritages stratégiques différents. Contrairement à la Russie qui a une longue pratique des rapports de force avec l’Occident, y compris militaires et même nucléaires qu’elle tient de la période bipolaire, la Chine n’a pas forgé de tels relations stratégiques avec les Etats-Unis, au cours de son histoire passée et le dialogue nucléaire avec Washington en est à ses balbutiements. La capitale fédérale en est encore à chercher à instaurer un dialogue nucléaire, ce qui nous tient encore loin d’une relation de dissuasion bien comprise et éprouvée. Et en situation critique, ce déficit stratégique invite plus à la prudence qu’à l’entêtement d’autant que pékin n’est pas sûre de prendre l’ascendant dans le rapport de force même avec des méthode asymétriques, et en pariant sur la retenue américaine. Une prudence qui peut donc se lire comme une intelligence de situation.

3. Ce rapprochement : faut il le redouter ou au contraire, s’en accommoder ?

- les zones de compétition stratégique plus profondes

Ce rapprochement n’est pas récent, il n’est donc pas surprenant et de ce point de vue, il convient de le relativiser. Il y a maintes raisons en effet d’en relativiser la portée, plusieurs ont été évoquées précédemment, et l’on pourrait en trouver d’autres, plus profondes encore dont on peut penser qu’elles gêneront ce rapprochement dans la durée.

Moscou se rapproche de Pékin pour sortir de son isolement, mais elle garde aussi sûrement en mémoire les aspects plus sensibles de cette relation. La Chine et la Russie prennent toutes les deux part à l’ensemble des négociations sur les grands enjeux de demain, à commencer par la lutte contre le réchauffement climatique, et elles ont toutes les deux une intense activité diplomatique à l’international, mais l’influence croissante de la Chine et l’attractivité de son marché projettent une ombre sur la Russie et ses intérêts à l’étranger. La montée en puissance chinoise éclipse la Russie qui se voit reléguée à l’arrière plan et enfermée dans l’image d’une ancienne grande puissance sur le déclin. La relation qui prévalait entre la Chine et la Russie au XXème siècle s’est inversée. Alors que la Russie était un modèle politique, pour la Chine, et un soutien important à Pékin, aujourd’hui Moscou sollicite Pékin. Pékin aide Moscou, et ce nouveau rapport entre les deux états s’incarne dans l’image d’un Vladimir Poutine allant vers Xi Jinping qui l’attend, souriant, mais passif. Et les crises en Ukraine et sur les Senkaku-Diaoyu, par leurs démêlés et leur issue différente, creusent l’écart. Alors que la Chine n’a pas été sanctionnée et a échappé à l’opprobre internationale, elle peut continuer de capitaliser sur ses acquis, développer peu à peu l’image d’une grande puissance et se consacrer à la gestion des soubresauts de son économie intérieure, tandis que la Russie, isolée depuis l’exclusion du G8, affectée par les sanctions économiques, est encore plus affaiblie.

L’influence chinoise croissante dans le monde à l’inverse de la perte d’influence russe, représente une source de compétition stratégique potentielle à plus d’un titres. Quand elle crée une banque d’investissement asiatique, développe ses projets de nouvelle route de la soie, ouvre des instituts Confucius à l’étranger pour faire rayonner ses valeurs, son influence se déploie dans son étranger proche et même au-delà, et rencontre sur son passage, les intérêts de Moscou, en particulier lorsqu’il s’agit de son ancienne sphère d’influence. Moscou a créé une union douanière avec la Biélorussie et le Kazakhstan en janvier 1995, puis avec le Kirghizistan, en 1996, et le Tadjikistan en 2000, pour finalement créer la Communauté Economique Eurasiatique en 2000, laquelle a fusionné avec l’organisation de coopération d’Asie centrale et s’est élargie. L’effort d’intégration régionale a été poussé jusqu’à la création, en mai 2014, de l’Union Economique Eurasiatique. Il serait intéressant à tous ces égards, de savoir ce que Moscou et Pékin pensent de leurs initiatives respectives13. Le projet de route de la soie traverse toute l’Asie centrale, et va jusqu’en Bulgarie14. Et sur le plan démographique, l’expansion chinoise empiète jusqu’à physiquement sur le territoire russe, dans sa partie extrême orientale15. Les pratiques de la Chine dans le domaine des technologies sensibles, aussi, où elle se livre à des captations qui gênent ses relations avec les pays occidentaux, ce dont Washington fait régulièrement état16, sont aussi une source d’inquiétude à Moscou.

- un rapprochement qui pourrait devenir gênant

Mille et une raisons on le voit, invitent à relativiser l’alignement sino-russe et portent à croire que la convergence de vue sur les questions sensibles devra s’accommoder de plusieurs défis importants, mais on aurait bien tort malgré tout, d’en sous-estimer la profondeur stratégique et la portée au moment où l’Occident est lui aussi confronté à ses propres défis. Le rapprochement sino-russe confirme les positions plus dures de la Russie et de la Chine dans leur rapport à l’Occident, en général, et sur le dossier des frontières en particulier, avec les Américains et leurs alliés, en tête. Si la Russie a toujours défendu ses intérêts au travers de pratiques plus brutales, alors que la Chine privilégiait jusque là, le soft power, les deux pays se montrent plus décomplexé dans leur rapport à la force et la menace d’emploi de la coercition même face à l’Occident.

Il est décevant de voir la Russie qui a façonné l’ordre international, qui en connaît bien à la fois les arcanes et les règles, s’engager dans un rapport de force alors qu’elle sait toute l’aversion que l’on a en Occident pour le rapport à la force. Il y a en effet dans cette stratégie de la menace quelque chose de déraisonnable surtout s’il est placé au service de la reconnaissance internationale alors que de nombreuses autres méthodes que celle-ci permettraient d’y arriver. Le recours à la force ne saurait ramener la paix en Ukraine, et rien ne permet d’ailleurs que c’est là ce que la Russie recherche, ni même qu’il ne saurait compenser les faiblesses intérieures du pays, mais le sort de l’Ukraine en dépend et il appartient aux dirigeants russes de revenir à des rapports plus acceptables.

De l’autre côté, si le calme est revenu sur les Senkaku-Diaoyu et qu’une trêve s’est instaurée, elle ne saurait en rien annoncer la fin du litige et tout porte à croire que tôt ou tard les tensions ressurgiront et poseront à nouveau un défi de sécurité majeur en Asie du Nord Est. Les disputes en mer de Chine de l’Est entre la Chine et son voisinage, ont été l’occasion pour Pékin d’affirmer son discours de puissance et d’afficher des positions fermes17. Sur fond de montée en puissance chinoise, mais aussi d’affirmation de puissance, ces inflexions ont attiré l’attention. L’exercice de la dissuasion sur ce théâtre entre la Chine et le Japon, a été l’occasion de l’observer. D’autre part, les tensions n’ont pas cessé, elles se sont déplacées de la mer de Chine de l’Est, à la mer de Chine méridionales18, et sur le premier théâtre de crise, la trêve n’est que provisoire. Après un jeu d’actions et de réponses dans l’escalade de la tension, Pékin a fait preuve de retenue, mais ce geste répondait moins à un renoncement de ses objectifs stratégiques qu’à la réaction diplomatique américaine forte, et aux contre-mesures nippo-américaines qui ont suivi les provocations. Face à la perte de crédibilité de la dissuasion élargie et des garanties de sécurité offertes à l’archipel, Washington a rehaussé ses réassurances dans le cadre notamment de la révision des guidelines qui définissent la relation de défense bilatérale et l’archipel a pris des mesures unilatérales complémentaires. La législation nationale renvoyant à l’emploi de la force a été réinterprétée, et il semblerait que désormais, si Pékin peut parier sur la retenue américaine en cas d’escalade, il est moins certain qu’à Tokyo fasse preuve de la même patience stratégique et de la même retenue.

Le rapprochement sino-russe n’est pas seulement inquiétant parce qu’il reflète des positions plus dures de ces deux pays dans la défense de leurs intérêts à leurs frontières, mais aussi parce que l’escalade des tensions sur le théâtre européen comme en Asie du Nord-Est, s’est exercée dans les deux cas, sous le plafond nucléaire, et que les stratégies respectives ont révélé des convergences de doctrines propices au renforcement de la coopération opérationnelle. A la différence de la Chine la Russie n’adhère pas au non emploi en premier, mais les deux pays prévoient toutes les deux le recours à un ensemble de moyens conventionnels et nucléaires dans un continuum. Les armes cyber, ASAT, et les systèmes sous-stratégiques sont en première ligne de cette approche asymétrique. Provocations verbales, gesticulations militaires, tentatives d’intimidation, menaces de coercition ; quand la Russie démontrait sa puissance, la Chine l’affirmait. Ce rapport de force sous le seuil nucléaire a aussi été testé par les forces de l’Armée populaire de libération en mer de Chine de l’Est à quelques nuances près du fait des terrains différents : harcèlement naval, création d’une ADIZ, brouillage des radars des bâtiments de surface…Comme en Europe, ces actions ont dégradé la stabilité régionale.

Au moment où les Américains réduisent leurs arsenaux, au moment où se posent à Washington des dilemmes importants en matière de choix de programmes, de définition de la stratégie militaire et au moment où ils ont le plus grand mal à réassurer leurs alliés, cet alignement se surajoute aux défis stratégiques contemporains et pose une question concrète : au-delà des coopérations sensibles dans le domaine de l’armement, au-delà des exercices militaires conjoints, quelle en est la valeur opérationnelle ? Il est vrai qu’à ce stade les deux pays n’ont pas encore annoncé une Alliance militaire et cela ne semble pas encore être à l’agenda, mais dans le contexte de l’élection présidentielle américaine et de débat sur l’avenir de la dissuasion, cette question devrait faire l’objet de la plus grande attention. La Chine et la Russie sont toutes les deux membres d’une organisation collective de défense l’OCS19, concurrente à l’OTAN. Et elles conduisent des exercices militaires conjoints de grande envergure à leurs frontières. Pour aller plus loin, les projets de coopération entre Moscou et Pékin, comme celui de la navigation autonome par satellite, de par leur forte dimension stratégique, invitent à suivre de près les ventes d’armes et les transferts de technologies entre Pékin et Moscou, et leurs implications.

Ces questions ne se posent pas tant dans la perspective où la Russie ou la Chine rejoindraient une coalition internationale pour lutter contre un objectif commun et partagé avec les pays occidentaux, comme dans la lutte contre le terrorisme en Syrie. Elle se pose à la fois pour le maintien des grands équilibres en Europe et en Asie, en général ; et en particulier, dans l’éventualité d’une nouvelle crise sur ces théâtres sensibles, dans laquelle les Etats-Unis et leurs alliés seraient des adversaires. Dans l’hypothèse d’une escalade en conflit, entre la Chine et les Etats-Unis et leurs alliés, est-ce que Moscou serait prêt à endosser un rôle militaire auprès de la Chine ? Et même en temps de paix, les scenarii de coopération opérationnelle ne manquent pas. Si Pékin entrait dans un nouveau bras de fer avec Tokyo sur les Senkaku-Diaoyu pour ne prendre que cet exemple, Moscou pourrait être tentée de se livrer à d’autres provocations en parallèle, pour faire diversion. Ce scénario n’est d’ailleurs plus une fiction, puisque Tokyo a été confronté à des provocations chinoises et russes à intervalles rapprochés, respectivement sur les Senkaku-Diaoyu et les Kouriles20, ouvrant ainsi deux fronts de crises pour Tokyo.

On aimerait bien avoir l’assurance également que l’alignement sino-russe s’arrête à la relation bilatérale, et ne s’étende pas à d’autres pays qui entretiennent eux aussi des relations difficiles avec les pays occidentaux, rejettent la présence militaire américaine à leurs confins, et développent des stratégies anti-accès, une perspective que Nadia Alexandrova Arbatova21 redoute et nous a fait partager. Exclu du G8, le Kremlin a courtisé la Chine, les BRICS, les républiques d’Asie centrale, la Turkey et la Corée du Nord22, pour sortir de son isolement diplomatique. Cet élan semble également rejoindre les aspirations d’autres pays sensibles. L’Iran s’est ainsi montré enclin à développer une coopération stratégique avec Pékin et Moscou en dépit de la perspective de la levée des sanctions après l’accord sur le nucléaire après un long bras de fer avec l’Occident, et la possibilité de recouvrer une influence régionale. Le ministre iranien de la défense23, en appelait ainsi courant 2015, à une coopération militaire multilatérale notamment avec la Chine, la Russie et l'Inde, pour contrer l'élargissement rampant de l'Otan à l'Est et le déploiement du bouclier antimissile en Europe, était sans ambivalence »24. Cette déclaration n’est pas de bon augure, et appelle à la vigilance, même si depuis l’entrée en vigueur de l’accord, le président iranien est désormais reçu à Rome et Paris.

Enfin, le rapprochement sino-russe s’inscrit dans la relation triangulaire avec les Etats-Unis, et Washington ne manquera pas de tirer les enseignements de sa politique d’ouverture à l’égard de ces deux capitales depuis la reset avec la Russie et la proposition de créer un G2 avec la Chine au début du premier mandat du président Barack Obama. La dégradation des relations entre Washington et ces deux capitales en dépit d’une politique extérieure américaine plutôt favorable à ces deux capitales, en tout cas à ses débuts, en appelle désormais à plus de réalisme et devrait annoncer un durcissement. La relation avec ces deux pays doit se réinventer dans un environnement international plus critique, en évitant de tomber dans la caricature des blocs mais à partir d’une lecture lucide des jeux alliances qui se redessinent dans le contexte poly-crises qui caractérise le monde. L’alignement russo-chinois, et ses extensions en Asie et au Moyen Orient, constitue un paramètre important de la vie internationale actuelle, et doit peser de tout son poids dans les débats sur les prochaines orientations de la politique extérieure américaine, mais aussi de la politique nucléaire. A ce titre, qu’elle se fasse dans le cadre renouvelé ou non d’un rééquilibrage en Asie-Pacifique, la recherche d’une « stabilité stratégique » avec Pékin et Moscou, devra se réinventer à partir des enseignements de la crise ukrainienne, mais aussi au-delà, des crises au Moyen-Orient et en Asie Pacifique.

*Avec tous mes remerciements à Ambroise Audouin Rouzeau pour l’aide qu’il m’a apportée

  • 1. Nadia Arbatova explique dans l’un de ses derniers articles, toute la difficulté pour la Russie à recouvrer ce statut de grande puissance.
  • 2. Selon un communiqué officiel datant de mars 2014.
  • 3. Cf. Chinese Attitudes to International Law : China, the Security Council, Sovereignty, and Intervention by Christopher Holland. New York University of International Law and Politics Online Forum.
  • 4. Cette déclaration faisait suite à la 12e réunion annuelle du Comité de coopération énergétique sino-russe au cours de laquelle les deux parties ont convenu d'établir un plan à long terme pour assurer un développement durable de la coopération énergétique.
  • 5. (construction de la section orientale de ce dernier, et avancement du programme de la section occidentale)
  • 6. Annonce de l’Agence Xinhua remontant à février 2015
  • 7. the “best in all their many centuries of history”.
  • 8. La formule Alliance ne figure pas dans les déclarations officielles. La formule consacrée, c’est le partenariat stratégique. Et la littérature officielle chinoise, celle qui est publiée dans les revues officielles, dénie toujours toute volonté de créer des alliances, dirigées contre une partie tierce. Il n’y a donc pas d’inflexion majeure dans la politique chinoise à ce niveau.
  • 9. Contemporary International Relations
  • 10. La formule a été utilisée comme métaphore par la presse pour souligner la profondeur stratégique de ce rapprochement, étant entendu qu’un co-dominium peut en théorie aller jusqu’à la création d’un territoire partagé. La formule renvoie aussi à la relation américano-britannique des années 50. Churchill en appelait alors à la création d’un co-dominium. Un épisode sur lequel revient Richard Little dans son ouvrage « The Balance of Power in International Relations : metaphors, myths and models », 2007, Cambridge University Press
  • 11. La création d’une ADIZ incluant une partie des Senkaku, a suscité une opposition virulente du Japon, et a amené les Américains à rappeler que ces iles contestées étaient couvertes par leurs engagements de défense envers l’archipel. Dès lors, les tensions en Mer de Chine de l’Est ont décru.
  • 12. La Russie est le principal fournisseur d’armements à la Chine depuis 1989. L’Armée populaire de libération est essentiellement équipée de systèmes russes. Voir sur ce point, l’ouvrage collectif « Chinese Military Modernization and Force Development: A Western Perspective » par Anthony H. Cordesman,Ashley Hess,Nicholas S. Yarosh.
  • 13. Wang Haibin, Henan University, The Eurasian Economic Union and its World Influence, CIR Volume 25 N°5 septembre Octobre 2015
  • 14. Cf. Xiao Yang, Member of the Center for International Studies , beijing International Studies University : « China-Europe Sea-Land Express Passages and the Balkans as the Pivot of the Belt and Road Transportation Network », CIR Volume 25, N°5 September/october 2015.
  • 15. L’évolution de la courbe démographique en Extrême Orient russe nourrit les analyses alarmistes et parfois même un sentiment xénophobe chez la population russe, bien expliqué dans cet article intitulé « Perceptions of China Threat in Russia and Russian-Chinese Relations » d’Alexander Lukin (senior lecture rat the Department of Political Science at Moscou State Institute of International relations of the Russian Foreign Ministry, and Director of Institute for Political and Legal Studies in Moscow.
  • 16. Cf. Les différents rapports au Congrès de l’US-China Economic and Security Review Commission ».
  • 17. An empirical analysis of claimant tactics in the South China Sea By Christopher D. Yung and Patrick McNulty. Ce rapport décrit les méthodes usuelles, et l’évolution du rapport à la force, ainsi que sa banalisation, du fait du recours croissant à la coercition y compris armée.
  • 18. Les chinois ont probablement compris que l’intervention russe avait ses ambiguïtés, des ambiguïtés bien comprises à Washington et à Paris, et qu’il ne s’agissait pas de surajouter à ces ambiguïtés. Une intervention militaire chinoise n’aurait pas manqué de brouiller encore davantage le jeu occidental en Syrie, d’autant que la Chine est favorable au régime de Bassar El Assad, elle s’est d’ailleurs opposée à plusieurs projets de résolutions (R2P).
  • 19. L’Organisation de Coopération de Shanghai a été créé à l’initiative de la Chine pour lutter contre le terrorisme, il s’agissait en fait surtout de sécuriser ses régions séparatistes par l’extérieure avec la coopération des pays d’Asie Centrale. De plus en plus, l’OCS revêt un caractère militaire et prend une dimension plus stratégique et opérationnelle. En témoignent les sollicitations chinoises auprès d’Ankara pour utiliser son
  • 20. En août 2014, la Russie réalisait ainsi des exercices militaires sur deux des îles disputées par les deux pays, les îles Itouroup et Kunashir
  • 21. « Security relations in the Black Sea region : Russia and the West after the Ukraine crisis » ; Southeast European and Black sea Studies. 2015.
  • 22. Voir l’article de Van Jackson intitulé « Putin and the Hermit Kingdom- Why Sanctions Bring Moscow and Pyongyang Closer Together » publié dans Foreign Affairs (22 février 2015).
  • 23. Cette convergence de vue diplomatique elle rejoindre les intérêts d’autres pays sensibles. Il est difficile de savoir jusqu’où elle va.
  • 24. En avril 2015, le ministre iranien de la défense, Hossein Dehghan, en visite à Moscou appelait l'Inde, la Russie et la Chine à coopérer pour contrecarrer les projets de l'Otan visant à déployer son bouclier antimissile (ABM), et se déclarait prêt à des consultations sur cette question.
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